ImprimerPour débrider la créativité, les imprimeurs proposent de reléguer les mentions obligatoires sur la contre-étiquette. Celle ci devient la véritable étiquette légale.
Les imprimeurs sont unanimes : la contre-étiquette est la solution pour offrir le maximum d'informations sans polluer l'esthétisme de la bouteille. Son succès devrait même se renforcer avec les nouvelles règles d'étiquetage. La réglementation ne fait pas la distinction entre étiquette principale et contre-étiquette.
En revanche, elle précise que certaines mentions obligatoires (dénomination du type de vin, titre alcoométrique, volume nominal et identification de l'embouteilleur) doivent être regroupées dans un même champ visuel. La pratique est donc courante de reléguer les mentions obligatoires, y compris le numéro de lot et, bientôt, la mention des allergènes, sur la contre-étiquette. ' Celle-ci devient l'étiquette légale ', note Olivier Léguistin, directeur de création de l'imprimerie Le Clos, à Belleville (Rhône), et de préciser : ' Nos nouveaux projets intègrent de plus en plus ce tour de passe-passe. '
' Les dossiers avec une contre-étiquette représentent, aujourd'hui, la moitié des créations ', assure Bernard Broquet, à la tête de Creap, à Aubagne (Bouches-du-Rhône). Le constat est identique pour l'entreprise Monroe, basée à Montagny (Loire). Chez Bel Etiquettes, à Gradignan (Gironde), Stéphane Vandevoorde, responsable du développement commercial, observe : ' Dans le Bordelais, cette tendance se généralise. Même des crus classés, comme le château Lafon-Rocher, à Saint-Estèphe, s'y mettent . '
' C'est la grande distribution qui a fait naître la contre-étiquette ', explique Jean-Paul Burguet, commercial de l'imprimerie Laulan, située à Pineuilh (Gironde). ' Elle permettait de présenter le vin et surtout de faire figurer le code barre obligatoire. Aujourd'hui, elle est en plein développement, quel que soit le circuit de distribution, car c'est un moyen d'épurer l'étiquette '. Elle permet de céder au minimalisme, cette tendance à la mode.
Pour les imprimeurs, c'est sûr : la contre-étiquette va s'envoler dans les mois à venir, au fur et à mesure que les metteurs en marché vont décider de faire figurer la mention ' contient des sulfites ', obligatoire à compter du 25 novembre 2005. ' En majorité, nos clients envisagent d'y passer. Ils attendent juste le dernier moment ', confirme Alain Courbière, directeur commercial du groupe Autajon, basé à Orange (Vaucluse). ' Quitte à revoir leur étiquetage, ils préfèrent disposer d'informations définitives. Or, pour l'instant, tout le monde est dans le flou, surtout en matière d'avertissement pour les femmes enceintes ', explique-t-il.
Pour Stanislas Monroe, de l'entreprise du même nom, la contre-étiquette est, à terme, un ' passage obligé '. ' Certes, cela a un coût. Mais indiquer la mention 'contient des sulfites' sur l'étiquette principale, ce n'est vraiment pas commercial... Mieux vaut faire d'une pierre deux coups et utiliser la contre-étiquette comme un véritable atout marketing. '
' En principe, les vignerons ont une idée assez précise des informations qu'ils veulent y faire figurer ', note Jean-Paul Burget. Toutefois, certains conseils méritent d'être rappelés : tout ce qui permet de localiser l'exploitation est bien venu. Un bon dessin valant mieux que de longs discours, on peut penser à une petite carte de France ou de la région, si elle est bien connue.
Autre bon point : les conseils de dégustation. Bref, il s'agit de livrer le mode d'emploi de la bouteille à un consommateur qui n'est pas expert en la matière. De l'avis des imprimeurs interrogés, mieux vaut avoir la plume légère sur l'histoire du domaine ou les détails techniques de la production. Dernière idée : certains opérateurs mentionnent leurs coordonnées téléphoniques ou leur site internet sur la contre-étiquette. A priori, c'est une bonne initiative puisqu'ils constatent une augmentation des contacts. Comme quoi, c'est lu une contre-étiquette !
