Le premier salon Winmat s'est contenté de débuts timides, à Strasbourg (Bas-Rhin), du 6 au 8 mars. Exposants et visiteurs étaient peu nombreux. Mais ces derniers ont découvert de nouveaux plants de vigne, un procédé électrique de traitement de la vendange qui favorise l'extraction, et bien d'autres choses encore...
Une centaine d'exposants français et allemands, des conférences techniques et un caractère transfrontalier : voilà le cocktail de Winmat. Il n'a attiré que 3 000 visiteurs. ' Il manquait des 'locomotives', comme les tracteurs ou les groupes d'embouteillage ', analyse un exposant. Le hall d'exposition n'était pas plein. Les stands occupaient peu de surface. Le prix du mètre carré (110 euros HT) n'y serait pas étranger. A l'heure du bilan, les exposants sont partagés : certains sont déçus, d'autres satisfaits de la qualité des contacts noués. Ces derniers se montrent indulgents envers cette manifestation qui démarre, et qui offre à l'Alsace un rendez-vous plus professionnel que la Foire aux vins de Colmar.
Michael Paetzold, à Cadaujac (Gironde), et Densiline, à Troyes (Aube), ont remporté le grand prix de l'innovation. Le premier a été primé pour son Phytopur, un procédé de traitement des fonds de cuves et des eaux de lavage des pulvérisateurs. Le second a été distingué pour son densimètre électronique mobile Densimax.
Le jury du salon a aussi accordé une mention spéciale à ITT Flygt, à Nanterre (Hauts-de-Seine), pour sa pompe à lobes, et aux pépinières Jenny, à Sigolsheim (Haut-Rhin).
ITT Flygt a réduit les fuites internes au sein de la pompe pour mieux respecter le vin. Un nouveau montage diminue les risques de grippage du mécanisme. Les pépinières Jenny ont présenté des plants Qualiplant certifiés par Qualité France. Avec Gergaud (Charente) et Chabroullet (Champagne), elles sont les seules à les commercialiser pour l'instant. Leurs plants répondent à un cahier des charges plus sévère que celui de la certification classique gérée par l'Onivins.
La certification de Qualité France impose une traçabilité sans faille des lots dont le numéro permet de remonter à l'origine parcellaire du greffon et du porte-greffe. Elle exige de tester les plants contre le court-noué et l'enroulement. Ces examens doivent être réalisés par un laboratoire agréé. Les plants sont aussi triés plus sévèrement sur leurs qualités physiques. Il faut quatre (ou plus) racines bien étalées par plant. ' La certification Onivins donne 95 à 96 % de plants sains. Avec Qualité France, nous approchons les 100 % ', explique Gilbert Jenny. Le pépiniériste vend ses nouveaux plants 0,08 euros plus cher que les certifiés classiques. Cette différence correspond au coût supplémentaire de production.
Dans un registre voisin, Alsa plants, à Wettolsheim (Haut-Rhin), propose ses premiers plants mycorhizés. Les racines sont pralinées avec un compost additionné d'endomycorhizes et d'eau. Selon les essais réalisés par l'entreprise, ces plants ont une meilleure reprise en sol lourd et tassé. Elle affirme aussi que la mycorhization leur confère un effet ' bouclier ', qui protège les radicelles des piqûres de nématodes. On peut faire l'impasse sur la désinfection du sol. Le surcoût s'élève à 0,20 euros/plant.
Un troisième pépiniériste s'est distingué : Hebinger, à Eguisheim (Haut-Rhin). Avec son Réfractocam, il perfectionne la sélection massale, dans laquelle il s'est spécialisé. Cet appareil associe une webcam et un réfractomètre. Il lit et enregistre les taux de sucre mesurés dans les parcelles. Ces données sont conservées dans une base. Le pépiniériste peut facilement retrouver les plants fournissant les raisins les plus sucrés et prélever leurs bois.
Pour sa part, CQFD, à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), a mis l'accent sur Winéis, son bouchon synthétique monoextrudé en polyéthylène. Lors de la fabrication, l'injection de CO 2 liquide permet de se passer d'agent gonflant, et donc d'éliminer une source potentielle de résidus. Winéis est conseillé sur les vins à rotation rapide. Un développement en cours prévoit un traitement de surface pour prolonger son potentiel de bouchage à dix ans. Ce bouchon est proposé à un prix indicatif de 89 euros les mille.
L'institut de recherches de Karlsruhe (Allemagne) présentait une nouvelle technique de traitement de la vendange. Les raisins égrappés et macérés passent pendant quelques millisecondes entre deux électrodes qui produisent un champ électrique. Cela entraîne l'éclatement des cellules de la peau. Ce procédé physique ne provoque aucun échauffement. L'institut du vin de Fribourg (Moselle) vinifie, depuis 2001, des raisins ainsi traités. Sur le pinot noir, il note une extraction de couleur et de tanins comparable à celle obtenue avec une vendange chauffée. Sur le riesling, le processus libère davantage d'arômes précurseurs et primaires. Il évite le goût de vieillissement atypique. L'intensité du champ électrique étant réglable, cela ouvre la perspective d'extractions sélectives. Ce procédé convient très bien à la vendange mécanique. Il n'est pas agréé en Allemagne.
Selon la règle de l'alternance, le prochain Winmat aura lieu à Offenburg en 2006.