A la fin des années 80, huit agriculteurs redécouvrent le terroir des Mille pierres qui vivotait depuis le phylloxéra. Ils ont fondé une coopérative qui produit deux cent mille bouteilles.
Pierre Perrinet, viticulteur de Branceilles (Corrèze), se félicite du succès d'une démarche lancée à la fin des années 80. Avec sept autres agriculteurs, il a fait ressurgir du passé le vin des Mille pierres. A l'époque, ce n'était qu'une piquette communale. Ce breuvage était l'héritage d'une époque où les paysans du bassin de Brive alimentaient la consommation locale et celle des contreforts de l'Auvergne. Le phylloxéra a ravagé leurs vignes. Elles ont fait place aux prairies, à la polyculture et aux chênes truffiers.
' Seuls quelques-uns continuaient à faire du vin pour leur propre consommation ', raconte Pierre Perrinet. Pour relancer l'activité, les huit agriculteurs sélectionnent des parcelles bien exposées, sur des sols argilo-calcaires. Souvent, ce sont d'anciens emplacements de vignes. Ils y plantent une trentaine d'hectares. Ils essaient différents cépages pour arriver à 50 % de cabernet franc, 25 % de merlot et 25 % de gamay. Ils dénomment leur vin le mille-et-une-pierres, s'inspirant de l'histoire, car les vignobles reposaient sur des terrains très caillouteux. L'opération se monte avec les autorités de tutelle : l'Onivins, la chambre d'agriculture, le département et la Région. Peu à peu surgit un vignoble en ' clairières ', intégré au milieu d'autres cultures : tabac, noix...
Pierre Perrinet et ses partenaires se regroupent en coopérative. Ils bénéficient de multiples aides. Pour limiter leur mise de fonds, le syndicat intercommunal, auquel appartient Branceilles, fait construire le bâtiment qui abrite le chai, le local de vente et le bureau. Ils le prennent en location-vente. Le bail étant arrivé à terme, ils viennent d'acheter l'édifice, dont la construction et la viabilisation ont coûté 450 000 euros. Les investissements (plantations et chai) réalisés depuis 1990 se montent à 1,2 Meuros, dont 50 % d'aides à l'investissement.
Aujourd'hui, la coopérative emploie trois salariés, dont un maître de chai. Elle propose trois vins d'assemblage : un rosé, un rouge élevé en cuves, et un autre vieilli en barriques. ' Elle nous a permis d'encadrer notre activité et de lui assurer une certaine rentabilité, précise Pierre Perrinet, devenu président. Nous commercialisons tout en bouteilles : 200 000, contre 20 000 en 1990. Nous ne souhaitons pas nous agrandir. Notre objectif est de monter en qualité, pas en quantité. '
Le produit phare, le rouge élevé en fûts, est apprécié sur de nombreuses tables de restaurants locaux et dans des épiceries fines. L'autre vin rouge et le rosé se trouvent dans les grandes surfaces régionales. Les connaisseurs jugent leur attaque franche et leurs arômes fruités.
' Nous vendons 45 % de nos bouteilles sur place, à la coopérative ', savoure Pierre Perrinet. Afin d'améliorer ce score, la coopérative va lancer une formule découverte. Cet été, un vigneron guidera les promeneurs à travers le vignoble pour leur raconter la viticulture, l'architecture et l'histoire, avant de les inviter à une dégustation. ' Le mille-et-une-pierres est certes un vin comme les autres, confie Pierre Perrinet. Mais son terroir, son passé, ses traditions et sa localisation en font un produit de tourisme. Nous avons une image sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour le développer. '