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Wurtemberg : de l'union naît la richesse

La vigne - n°166 - juin 2005 - page 0

Le Wurtemberg produit davantage de rouges que de blancs. Une union de coopératives commercialise plus d'un quart de la production et tient les prix. Les vignerons de la région obtiennent les meilleurs revenus de toute l'Allemagne.

Le pays du trollinger : voici l'autre nom du Wurtemberg. C'est le premier cépage de la région. Il couvre plus de 2 500 ha, soit 22 % du vignoble. Il tire son nom du Tyrol d'où il provient. Il n'existe nulle part ailleurs en Allemagne. Pourtant, sa légèreté, sa fraîcheur et sa couleur rosée sont appréciées dans tout le pays. On l'appelle aussi ' le pain des vignerons wurtembergeois ' parce qu'il les nourrit généreusement, bien qu'il soit incapable de donner un grand cru.

Situé au nord de Stuttgart, sur la rivière Neckar et ses affluents, le vignoble compte 11 200 ha et 15 400 producteurs, majoritairement des double-actifs. Les trois quarts des viticulteurs sont coopérateurs. En année normale, la région produit 1,2 Mhl. Quatrième par sa taille, elle est en tête des régions allemandes, s'agissant des performances commerciales. Pourtant, elle réalise la quasi-totalité de ses ventes sur le marché domestique.
Les conseillers et les professeurs vantent l'organisation de la coopération locale. 61 coopératives financent un bureau central de publicité, dont le budget annuel s'élève à 5 Meuros. 57 d'entre elles adhèrent à l'union WZG, coopérative centrale des vignerons wurtembergeois (Württembergische Weingärtner-Zentralgenossenschaft). En 2003, elle a réalisé un chiffre d'affaires de 79,4 Meuros. Elle a commercialisé 334 000 hl, soit le quart de la région. Située à Möglingen, près de Stuttgart, elle vend la récolte de ses adhérents aux grandes surfaces allemandes.
' C'est mieux que le 'chacun pour soi'. Notre système évite qu'on se cannibalise. Nous sommes toujours prêts à livrer nos vins aux clients que la WZG a trouvés, et nous disposons d'une marge de manoeuvre pour définir nos propres prix de vente ', dit Karl Seiter, directeur de la Heilbronn-Erlenbach-Weinsberg, qui regroupe 450 adhérents actifs avec 670 ha.
' L'autre atout du Wurtemberg est son encépagement ', poursuit-il. A côté du trollinger, la région produit des pinots meunier et noir, des rouges locaux, (lemberger, dornfelder). Les cépages noirs couvrent 70 % de ce vignoble, contre 36 % de la totalité du vignoble allemand.

' Un coopérateur wurtembergeois réalise plus de 13 000 euros/ha HT de chiffre d'affaires ', explique Hans Thesmann, responsable de la filière viticole au sein de l'Association des coopératives du Wurtemberg, à Stuttgart. Un bon résultat. Il faut savoir que les voisins du pays de Bade se sont fixé pour objectif d'atteindre 10 000 euros/ha dans leur Vision 2020. L'an dernier, ils n'ont réalisé que 8 800 euros.
Le prix moyen au consommateur des vins du Wurtemberg est de 3,76 euros/l, contre 3,13 euros/l pour l'ensemble des vins allemands. ' Jusqu'à présent, nous avons su nous concentrer sur les grandes surfaces traditionnelles. Nous avons évité de vendre des volumes importants au hard discount ', révèle Dieter Weidmann, chef du comité de gestion de la WZG. En Allemagne, le hard discount commercialise 45 % des vins. La WZG n'y réalise que 10 % de ses ventes.
Bien que les coopératives dominent la scène, il ne faut pas oublier les 700 domaines particuliers. Les plus performants d'entre eux ont fait de gros efforts en matière de qualité. Leur réputation a dépassé les frontières régionales. Ils rivalisent d'initiatives. Parmi les plus récentes, citons celle des Junges Schwaben ou jeunes Souabes (autre nom des habitants de la région). Il s'agit de cinq propriétaires âgés de 30 à 37 ans. Ils ont fondé un groupement pour monter des opérations de communication et échanger leurs expériences.

A la fin des années 1990, Hans Hengerer, Jürgen Zipf, Rainer Wachtstetter, Sven Ellwanger et Jochen Beurer se rencontrent au salon ProWein, à Düsseldorf. Chacun produit des vins de cépages traditionnels, et des assemblages de cépages locaux et de merlot pour les rouges, de sauvignon pour les blancs. En 2001, ils prennent un stand commun. Comme ils s'entendent bien, ils approfondissent leur coopération. Ils s'offrent les conseils d'un sommelier, qui leur indique le style de vins à produire et la manière de les présenter. Ils invitent des amateurs de vin à des dégustations culinaires. Chaque année, ils se rendent à l'étranger. Ils ont défini un label Junges Schwaben, sous lequel ils vendent des vins à 20 euros/col, un prix très élevé. A leur label correspond un cahier des charges de la conduite des vignes et des vinifications.

Bien qu'elle soit dans une situation confortable, la profession ne s'endort pas. La pression sur les prix augmente. Les discounters gagnent du terrain au détriment du commerce spécialisé. Aussi, la profession développe-t-elle un plan stratégique pour tenir ses prix. Elle veut affermir son identité en développant ses cépages traditionnels. Elle renforce ses exigences en matière de maturité et de rendement. Elle souhaite aussi améliorer la communication. Et le Wurtemberg, qui n'exporte presque rien, part à la conquête de marchés étrangers. La Grande-Bretagne est sa première cible. Son slogan : l'Allemagne est plus que ' sweet and cheap '. La région espère ainsi convaincre de nouveaux clients.

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