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Respecter un cahier des charges

La vigne - n°167 - juillet 2005 - page 0

Gilles Chinieu est passé, en cinq ans, de 10 à 25 ha, cultivés sous un cahier des charges. Ces vignes lui procurent un meilleur revenu brut par hectare, bien qu'elles exigent plus de soins.

Depuis 2000, Gilles Chinieu respecte un cahier des charges sur une partie de ses vignes en Côtes du Rhône Villages. ' Le rendement est plafonné à 35 hl/ha, au lieu de 41 hl/ha en Côtes du Rhône Villages Chusclan standard. Les syrahs doivent avoir au moins quinze ans, les grenaches au minimum vingt-cinq ans. J'ai commencé par engager 12 ha, parmi les moins productifs. En parallèle, dans le cadre d'un CTE, j'ai enherbé d'autres parcelles pour rééquilibrer leur vigueur avant de les engager. J'ai progressé chaque année. En 2005, je suis arrivé à 25 ha cultivés suivant le cahier des charges Genêts, sur un total de 56 ha ', déclare Gilles.
Il travaille avec son père et deux permanents. Pour les travaux en vert, il embauche des saisonniers. ' Sur les parcelles engagées, je fais ébourgeonner les souches pour ne laisser que deux sarments par porteur dans les vignes en gobelet. Avant la véraison, je compte les grappes. Si c'est nécessaire, j'en fais tomber. Le cahier des charges prévoit une moyenne de dix grappes maximum par souche de grenache, et douze grappes pour la syrah. Pour que la qualité des raisins soit homogène, il ne doit pas y avoir plus de 20 % de souches au-dessus de ces seuils. C'est un travail qui demande de la rigueur. Avec mon père, nous nous relayons sur le chantier d'éclaircissage pour encadrer le personnel. '

Après l'introduction du cahier des charges en 1999, les travaux en vert ont augmenté. Puis ils se sont stabilisés, alors que les surfaces engagées continuaient à progresser. ' De 2002 à 2005, je suis resté entre 1 200 et 1 300 heures d'ébourgeonnage sur l'exploitation. L'éclaircissage a nécessité 313 heures en 2003 et 273 heures en 2004, uniquement sur les parcelles engagées. Au fur et à mesure que la vigueur se recale, j'ai moins besoin d'intervenir sur la végétation. Et je récupère un peu de temps à la taille : 10 % sur les parcelles où j'ai fait un ébourgeonnage intensif . '
Il a aussi dû repalisser une syrah. Elle était sur un fil, il a installé deux paires de fils releveurs. La coopérative vérifie le respect de tous ces critères lors d'une première visite après la taille, et d'une deuxième durant l'été. Une seule fois, il ne les a pas intégralement respectés. C'était l'an dernier. Sur l'une de ses parcelles, des vignes étaient trop chargées. La coopérative a déclassé la partie correspondante. Lors des vendanges, Gilles annonce ses apports un jour à l'avance pour que la cave s'organise. Sur le quai de réception, elle mesure l'état sanitaire par un Raysitis. Le degré minimum est de 13°. Les baies doivent être bien colorées.
En contrepartie du respect du cahier des charges, la coopérative garantit un différentiel de prix de 30 %. ' En Chusclan standard, pour le millésime 2003, j'ai touché 139,89 euros/hl, ce qui donne un produit brut de 5 735 euros/ha. En haut de gamme, avec un prix de 181,85 euros/hl, j'ai obtenu 6 364 euros/ha, soit 629 euros/ha de plus. ' Pour le millésime 2004, ces prix seront revus à la baisse.

Il est difficile de calculer les heures supplémentaires accomplies pour obtenir ce bonus. Mais ' sur l'ensemble de l'exploitation, mes coûts moyens de production ne progressent pas. Ils ont atteint 3 073 euros/ha en 2002, 2 940 euros/ha en 2003 et 3 024 euros/ha en 2004 ', précise Gilles Chinieu. Il attribue ce résultat au fait qu'il a commencé par réduire la vigueur des parcelles avant de les engager dans le respect du cahier des charges. Ainsi, il a limité le coût de la maîtrise des rendements.
Pour conserver un équilibre, Gilles Chinieu n'envisage pas d'aller plus loin. ' Je vais engager les syrahs qui atteignent quinze ans, puis je m'arrête. Des parcelles sont, de toute façon, trop vigoureuses. Je ne veux pas trop accroître mes besoins en main-d'oeuvre. Et puis j'ai besoin de conserver des volumes pour diviser mes charges de structure et amortir les risques climatiques. '
L'an dernier, avec la sécheresse, le rendement est descendu à 20 hl/ha, au lieu de 35 hl, sur quelques parcelles de syrah. ' Heureusement que sur d'autres vignes, je n'avais pas ébourgeonné aussi sévèrement ! Je n'ai aucun intérêt à faire de la surqualité. Je cherche juste à équilibrer la vigueur et la charge pour obtenir la qualité de raisins demandée. '


GILLES CHINIEU, vigneron coopérateur à Chusclan (Gard)
49,6 ha en appellations Côtes du Rhône Villages et Côtes du Rhône, 3,3 ha en vins de pays
Encépagement : grenache, syrah, carignan, merlot, roussanne, viognier
et grenache blanc
2 453 hl en 2004
50 % enherbés, 55 % palissés
2 permanents


DES CONTROLES DE TERRAIN
Les vignerons enregistrent toutes les interventions dans un cahier des charges, remis à la coopérative.
La coopérative contrôle les parcelles à deux reprises. Ses techniciens (ici, Géraldine Guillot) passent après la taille, puis en été. Ensuite, ils remettent un rapport aux vignerons. Après les vinifications, la coopérative les invite à déguster le résultat de leur travail.


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