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Le Lir, petit frère du vin

La vigne - n°167 - juillet 2005 - page 0

Michael Paetzold propose de désalcooliser des blancs, rosés ou rouges pour en faire une boisson titrant 6 ° d'alcool, le Lir.

Du ' petit ' propriétaire à la grosse coopérative, ils sont aujourd'hui une quinzaine à s'être lancés dans l'aventure. Ils veulent produire et vendre du Lir. Ce concept a été créé en décembre 2004 par Michael Paetzold. La société girondine, spécialisée dans les traitements de stabilisation du vin, a mis au point un procédé dit de lirisation, protégé par un brevet et gardé secret. Le vin rouge, rosé ou blanc est soumis à des techniques physiques qui réduisent son degré alcoolique à 6 % vol., tout en préservant ses qualités gustatives. Le résultat est présenté comme le ' frère ' du vin, ' l'autre expression ' de la viticulture.
C'est une boisson ' d'une étonnante fraîcheur ', annonce-t-on. ' Les clients sont surpris lorsqu'on leur fait goûter du Lir. Il faut bien leur expliquer comment c'est fait et comment cela se consomme ', remarque Guy Videau, propriétaire de 45 ha sur l'île d'Oléron. Pour répondre au souhait d'une partie de sa clientèle, il diversifie son offre faite de pineau des Charentes et de vins de pays. Pour le début de l'été, il lance 10 000 bouteilles de DéLir d'Oléron blanc et rosé.

Lorsqu'une cave est intéressée, Michael Paetzold lui demande de sélectionner les vins qu'elle voudrait liriser. ' Tout type de vin peut être présenté , assure Fabrice Delaveau, oenologue spécialisé dans la lirisation. Mais il faut un vin de qualité, avec de la matière et des arômes . ' Un commercial aide le client à définir le profil du Lir souhaité. Pour cela, il lui présente une grille de notation. Le client coche une case de 1 à 5 pour indiquer l'intensité colorante visée. Il note de 0 à 5 les autres qualités que le produit final devrait avoir : intensité aromatique, acidité, rondeur et tanins. Ce document fait alors partie du contrat.

Le vigneron envoie ensuite des échantillons à la société Lir du groupe Paetzold, à Cadaujac (Gironde). Elle procède à des essais. Si le Lir obtenu présente un défaut rédhibitoire, elle déclare le vin non lirisable. En revanche, s'il répond à la grille du contrat, il est lirisable. Puis le vigneron envoie son vin à Cadaujac.
La lirisation se pratique sur du vin fini et stabilisé. Elle comprend huit à dix étapes, mettant en jeu un tri moléculaire, une stabilisation et un ajout de glycérol. L'opération dure trois jours à deux semaines. Après, il faut compter deux mois de stockage, car ' le traitement fatigue le Lir. Il vaut mieux le laisser reposer avant de le mettre sur le marché ', dit Fabrice Delaveau.
' On déguste régulièrement notre Lir en stock. Alors qu'il était un peu plat en fin de bouche, comme après une filtration, on constate qu'il reprend progressivement de la matière ', décrit Alain Sergenton, du domaine Haut-Montlong, à Bergerac. Ce vigneron a décidé d'étoffer sa gamme, en proposant 2 000 bouteilles de Lir rouge à sa clientèle particulière. C'est son Elix'lir des anges. Il le présentera aussi aux grandes surfaces, à la restauration et aux cavistes.
La mise en bouteilles peut être assurée par la société Lir. Elle conseille le client sur le type de bouteille, de bouchon ou de capsule à utiliser. ' Pour une communication efficace auprès du consommateur, le mot Lir doit apparaître clairement sur l'étiquette ', précise Catherine Linarès, responsable de la communication. Le service de la législation vérifie les mentions légales sur l'étiquette. Le coût d'un essai et d'une lirisation varie de 0,15 à 0,80 euros/col, selon les volumes traités. ' En comptant les frais de création d'une nouvelle étiquette, on estime le surcoût global à 1 euros hors taxes par col de Lir ', prévoit Alain Sergenton. Il faut savoir que la lirisation élimine, en partie, la moitié de l'alcool du vin. Cela engendre une perte de volume, estimée à 9 % au total et qui devrait être ramenée à 7 % dans l'avenir.
Pour le moment, peu de domaines ont commercialisé leur Lir. Décliné par régions, par cépages ou par cuvées, un site internet de vente par correspondance est entièrement consacré à ce produit (1). Déjà 15 000 bouteilles ont été vendues et une centaine de restaurateurs en proposent.

La brasserie Le Terminus de M. Emmanuelli, à Toulon, en propose au même prix que la cuvée du patron. ' Après avoir dégusté du Lir, et apprécié le rosé et le blanc, j'en ai commandé plusieurs fois. J'ai maintenant une clientèle d'habitués, âgées de 40 à 60 ans, ceux qui aiment boire du vin au cours du repas, mais craignent les contrôles routiers. L'avenir de ces produits dépendra de leur qualité. '

(1) www.le-boissonier.com

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