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Les rendements de la colère

La vigne - n°168 - septembre 2005 - page 0

Le 7 septembre le Comité national de l'Inao a retiré 1 hl/ha aux appellations de Bordeaux, et 2 voire 3 hl/ha aux régionales de Bourgogne. Cette décision a enflammé le Mâconnais.

Le 7 septembre, le comité se réunissait pour examiner les demandes de rendements, en l'absence de René Renou, son président. Ce dernier, malade, avait annoncé qu'il ne viendrait pas. Il avait chargé Michel Bronzo, vice-président du comité et vigneron à Bandol, de diriger les débats. Il lui avait adressé une lettre, où il encourageait le comité national ' à prendre ses responsabilités '. Michel Bronzo l'a lue en début de séance. Puis, Marie Guittard, la commissaire du gouvernement, a lancé un appel dans le même sens.

Bordeaux en a fait les frais. La région était déjà dans le collimateur de toutes les instances nationales pour ne pas avoir livré à la distillation de crise les volumes qu'on attendait d'elle. Le comité national a retiré 1 hl/ha à toutes les appellations du Bordelais. Pourtant, le Syndicat des bordeaux et bordeaux supérieur avait respecté les consignes. Il avait demandé 52 hl/ha + 3 hl/ha de PLC individuel pour le bordeaux rouge, soit 55 hl/ha, c'est-à-dire le rendement de base et 3 hl/ha de moins qu'en 2004. Il avait demandé que le PLC soit attribué uniquement à ceux qui optent pour l'agrément cuve par cuve. Cela n'a pas suffi. Sauf revirement, le rendement annuel du bordeaux rouge passe sous le rendement de base. Mais il reste supérieur aux capacités de vente, évaluées par l'interprofession à 50 hl/ha.
Le comité national a réduit d'autres rendements. Des crus du Beaujolais ont perdu 1 hl/ha, d'autres 2 hl. Les appellations régionales de Bourgogne, les mâcons et mâcons-villages ont perdu 2 à 3 hl/ha. Cette décision a immédiatement provoqué un mouvement de colère en Saône-et-Loire. Le 8 septembre, les quatre membres du comité régional de Bourgogne, originaires de Saône-et-Loire, ont démissionné. ' Nous ne validerons pas les décisions du comité national , menaçait la fédération viticole. Nous avons un potentiel fantastique avec le millésime 2005 et on va s'automutiler ? Sûrement pas. ' On s'attendait à passer une nuit chaude à Mâcon.

Par ailleurs, le comité a entériné des demandes en totale contradiction avec les règles de hiérarchisation admises jusqu'alors. Ainsi, plusieurs crus du Beaujolais pourront revendiquer 54 hl/ha, alors que le rendement annuel du beaujolais est de 53 hl/ha et celui du beaujolais-villages de 52 hl/ha. Dans le Médoc, Saint-Julien, Saint-Estèphe, Margaux et Pauillac auront droit à 55 hl/ha contre 49 pour le bordeaux rouge. C'est la conséquence de la prise en compte des situations économiques de chaque production. En contrepartie, il n'y aura pas de repli possible vers les régionales, car ces crus n'en auront pas respecté les conditions de production !
Autre fait important, ' la maîtrise qualitative du millésime, expliquait Philippe Mauguin, le directeur de l'Inao à l'issue du comité. Nous avons augmenté le degré minimum des vins qui demandaient l'enrichissement et nous avons limité la possibilité d'enrichissement. Cette année, on ne pourra relever aucun vin tranquille de plus de 1°5 '. Heureusement, la nature y avait déjà pourvu !




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