La cave de Visan a inerté les cuves de son site d'embouteillage dès qu'elle a été convaincue de la nécessité de le faire. En deux mois, la technique est rentrée dans ses habitudes.
La cave des coteaux de Visan (Vaucluse), créée en 1937, compte aujourd'hui 309 adhérents et vinifie 85 000 hl de côtes-du-rhône régionaux, villages, de vin de pays et de table. Elle tire 2,5 millions de cols par an. ' Vers 1985, nous avons investi dans une installation à l'azote sur nos vingt-six cuves de stockage avant embouteillage (de 3 800 hl) pour protéger celles en vidange. Cela a fonctionné pendant dix ans mais, progressivement, des fuites sont apparues et nous avons abandonné le système, qui revenait trop cher ', explique Théo Théodosiou, directeur.
En 1995, la cave embauche un responsable de la qualité, Jean-Pierre Vacher. Il comptabilise les réclamations et relève des problèmes récurrents de ' maladies ' dans les vins en bouteilles (piqûre lactique, fleur, évent...). Sans l'ombre d'un doute, ils résultent d'une conservation défectueuse.
Jean-Pierre Vacher propose de s'équiper d'un nouveau système d'inertage. Cet investissement s'impose d'autant plus qu'en dix ans, la cave a multiplié le nombre de ses cuvées. Cela l'a amenée à gérer de plus en plus de petits volumes.
' Nous essayons d'avoir un minimum de cuves en vidange. Nous tirons le plus vite possible ou nous relogeons. Mais notre grande difficulté vient du fait que le site d'embouteillage est éloigné des sites de vinification et de stockage. Nous devons transporter le vin qui est, du coup, plus fragile ', explique le directeur. Ce dernier décide d'investir 30 000 euros pour inerter toutes les cuves du site d'embouteillage. Sur les autres sites, les cuves ne s'y prêtent pas et l'emploi de gaz neutre à chaque mouvement de vin reviendrait trop cher. Il choisit une tuyauterie en PVC, moins chère que l'Inox. Mais, contrairement à son ancien système, il opte pour des vannes en Inox, plus robustes.
Jean-Pierre Vacher se renseigne pour choisir le gaz le mieux adapté. L'installateur leur propose une procédure d'inertage qu'ils expérimentent, puis simplifient pour la rendre plus applicable. Avant de l'utiliser en routine, ils la font valider par Inter-Rhône. Deux personnes sont alors désignées responsables du système et formées par Air Liquide : Bruno Eydoux, chef de production, et Claude Magne, employé chargé des traitements avant embouteillage.
' Il nous aura fallu deux mois, remarque Bruno Eydoux, pour que ces nouveaux gestes deviennent automatiques. Encore maintenant, je fais des contrôles systématiques. ' Il s'agit de vérifier ce qu'indique le manomètre de la bonbonne de gaz, puis la position des vannes manuelles.
' Les réclamations liées à des problèmes de piqûre ou d'évent en bouteilles ont quasiment disparu ', constate Jean-Pierre Vacher.
Récemment, la chaîne de bibs a été déménagée pour bénéficier de l'inertage.