Joël Hérissé, installé dans le pays de Retz depuis trente ans, ne s'est pas orienté vers les appellations nantaises. Il a préféré produire des vins de cépage.
'J'ai planté, dans les années 90, 1 ha de muscadet. Cela m'a permis d'étendre ma gamme. Mais je n'ai pas orienté l'exploitation vers l'appellation. J'ai préféré produire des cépages plus aromatiques, notamment du grolleau pour lequel il y a toujours eu une demande locale. '
Pour Joël Hérissé, 51 ans, les vins de cépage sont presque une tradition familiale. ' Déjà en 1976, lorsque j'ai commencé à travailler avec mon père, nous en faisions. Nous avons commencé avec du gamay et du grolleau. Puis ce fut le tour du cabernet. '
Son exploitation est située à la limite ouest de l'aire du Muscadet, à 50 km de Vertou. Au début, il vendait en vrac. Aujourd'hui, il réalise 90 % de son chiffre d'affaires via la vente directe. Sur ses étiquettes, le cépage est toujours mis en avant.
Depuis l'arrivée de Joël Hérissé, l'exploitation s'est diversifiée : d'abord avec du chardonnay puis, en 1999, avec du sauvignon. Cette année-là, il surgreffe sa parcelle de gros plant. Une option qu'il n'a pas regrettée vu l'évolution des deux vins.
En quinze ans, les cours des vins de cépage vendus en vrac ont beaucoup fluctué. ' En tant que président du Syndicat des vins de pays du Jardin de la France, je suis bien informé. J'ai vu le gamay perdre beaucoup, le sauvignon flamber. Mes tarifs n'ont pas suivi de telles évolutions. ' Reste que notre chef d'exploitation prend en compte l'état du marché lorsqu'il révise ses prix, tous les trois ans.
' Comme la plupart des producteurs du pays de Retz, c'est avec mes vins de cépage que je gagne le mieux ma vie, constate Joël Hérissé. Mes rendements en muscadet tournent à 50 hl/ha et je vends la bouteille 3 euros. A l'inverse, ceux de vins de pays de sauvignon, chardonnay et gamay sont entre 75 et 80 hl/ha. Sur ces vins, mes tarifs sont de, respectivement, 3,70 euros, 3,20 euros et 2,60 euros la bouteille. Faites le compte ! '
Sur ses volumes vendus en vrac, Joël Hérissé a vécu de plein fouet la baisse du prix du chardonnay. ' J'ai environ 4,5 ha plantés avec ce cépage. Pour 50 % de la production, j'ai un accord de partenariat avec un négociant. La quantité de moûts achetée est garantie, mais pas les prix. En 1990, le cours du chardonnay se situait à 8 F/l (1,22 euros/l) ; aujourd'hui, c'est presque moitié moins... '
Dans quelques années, Joël Hérissé pense transmettre l'exploitation à son fils Vincent. Parmi ses projets, il voudrait ' s'agrandir sur des microsurfaces avec de nouvelles variétés, notamment du pinot '. La stratégie ' vins de cépage ' n'est pas prête de s'éteindre chez la famille Hérissé !