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Chloroanisoles : ' J'ai tout reconstruit '

La vigne - n°170 - novembre 2005 - page 0

En 1998, suite à des travaux, Michel Magnien a subi une grosse contamination aux chloroanisoles. Il a perdu deux récoltes et a dû s'organiser pour continuer à travailler.

En 1998, juste avant les vendanges, Michel Magnien a fait réaliser des travaux pour moderniser un vieux local. Il fallait traiter la charpente et rabaisser un plafond. ' J'avais entendu parler de problèmes de contaminations aux chloroanisoles dans le Bordelais, suite à des réfections de chais. J'ai donc fait attention au produit utilisé pour le traitement de la charpente. ' Mais le bois employé pour le plafond avait été traité avec des chlorophénols. Personne n'y avait pris garde.
Avant les vendanges, les travaux tout juste finis, Michel Magnien conditionne son millésime 1997 dans ce nouveau local. Les vinifications terminées, il y loge le vin nouveau. Puis, il envoie ses échantillons de vin de 1997 à des journalistes.

Et c'est là qu'il va découvrir le pot aux roses. Un journaliste lui signale que l'échantillon envoyé est bouchonné et s'en fait envoyer d'autres de toute la gamme. Tous pareils. ' Le pire, c'est que nous dégustions ici les échantillons qu'il nous renvoyait et on ne leur trouvait aucun défaut. ' Si toutes les bouteilles sont affectées, c'est que le vin est pollué. Michel Magnien comprend que sa cave est contaminée, à tel point que lui-même ne le sent plus. Son odorat est saturé par les chloroanisoles de l'air ambiant. ' Nous avions pollué tout l'environnement à la ronde : la cave, la maison... ça sentait même sur la route quand on passait devant chez nous ! '
Il comprend très vite qu'il a perdu ses deux récoltes. ' J'ai distillé le 1998, et les 35 000 bouteilles de 1997 sont stockées dans un local spécial. Je ne sais pas quoi en faire. ' Il décide courageusement de prévenir ses clients qu'il ne pourra pas les servir pendant deux ans, suite à une pollution de la cave. ' 40 % de nos ventes se font à l'export et ces clients nous sont revenus. Les autres clients sont essentiellement des particuliers. Beaucoup n'ont pas attendu qu'on puisse à nouveau les servir. ' Sa démarche a été prise comme un signe de sérieux. Sept ans après, le domaine Michel Magnien et 5Fils retrouve tout juste une clientèle proche de celle de 1998.

Il n'a pas perdu que la clientèle. Pour continuer à travailler, Michel Magnien a dû détruire le plafond incriminé, repeindre la charpente, brûler les fûts, désinfecter ses cuves en fibre de verre et trouver un autre local. ' On m'a dit qu'avec de tels niveaux de pollution, je ne pourrai jamais récupérer mon local. J'ai téléphoné à Bordeaux, aux Fraudes à Paris, pour essayer de contacter quelqu'un qui avait connu ce fait et savoir comment il l'avait résolu. C'est resté lettre morte. '
En 1999, ' des amis se sont serrés pour faire de la place à ma récolte '. Pour les récoltes suivantes, Michel Magnien a transformé un hangar, en rajoutant des panneaux isolants et en y installant sa cuverie. C'est encore là qu'il est installé aujourd'hui. Son ancien local n'est pas utilisable. ' Peut-être des filtres à air pourraient me permettre de le réutiliser ', s'interroge-t-il. Le soutien des banques, une bonne assurance juridique et l'aide d'autres vignerons lui ont permis de passer le cap. ' Si je parle de cette histoire, c'est pour que ça n'arrive plus chez personne. ' Depuis, il a reçu beaucoup d'appels de viticulteurs qui rénovaient leur chai et lui demandaient conseil. Et des normes ont été établies avec le Centre technique du bois et de l'ameublement (CTBA) quant aux produits utilisables pour la filière vitivinicole. Enfin.

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