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Fin de l'arsénite de soude : ' On voit nos ceps mourir '

La vigne - n°170 - novembre 2005 - page 0

David Gessler, vigneron dans le Gers, a traité ses vignes à l'arsénite jusqu'en 2000. Grâce à ce produit, il n'avait pas de maladies du bois. Mais après l'interdiction, l'esca et le BDA ont explosé.

Comme tous les vignerons, David Gessler est très inquiet. Installé à Sauboires (Gers), il travaille sur 30 ha de vignes, encépagés en blancs. Jusqu'en 2000, il les traitait avec de l'arsénite de soude pour lutter contre l'esca. ' J'appliquais l'arsénite dès la septième ou la huitième année après la plantation. ' Concernant la sécurité, il était équipé d'un tracteur avec cabine et il utilisait les équipements de protection habituels (combinaison, gants, masque) lors du remplissage. De ce fait, il n'avait pas l'impression de courrir un risque pour sa santé. ' J'ai toujours vu mes parents et mes voisins traiter au Pyralesca. Je n'avais pas la connaissance de la dangerosité de ce produit. '

Côté efficacité, ' elle était remarquable. Tant que je faisais les applications, je n'avais pas de développement de maladies du bois. Dès que certaines parcelles manifestaient des symptômes, je traitais deux à trois ans de suite et ils disparaissaient '. C'est alors qu'en 2001, contre toute attente, David Gessler apprend l'interdiction de l'arsénite, sans délai d'écoulement des stocks. Le message est largement diffusé par les distributeurs, la Protection des végétaux, la chambre d'agriculture... ' J'ai assisté aux réunions exposant les raisons de ce retrait. L'étude de la MSA, à l'origine de cette décision, n'a pas été assez approfondie. Cette interdiction s'est faite sans produit de substitution. ' Dès 2002, les premiers symptômes d'esca et de black dead arm apparaissent sur certaines de ses parcelles. Ils explosent en 2003. ' Depuis, c'est croissant. J'ai des parcelles d'ugni blanc atteintes à 10 % alors que mon vignoble à moins de quinze ans. '

Pour limiter cette expansion, il applique de l'Escudo au pinceau sur les plaies de taille. Il le fait sur 5 ha de sauvignon âgés de quatre ans. ' C'est délicat et fastidieux. Il faut compter huit heures par hectare. ' Sur les parcelles les plus touchées, il repère les ceps atteints et les arrache à l'automne 2004. ' Nous avons fait ça sur 6 ha de colombard. Cela nous a pris quinze jours de travail à deux ', dit David Gessler.
Ce printemps, il a fait venir un entrepreneur pour faire les trous à l'aide d'une roto-bêche. Il a replanté lui-même près de 1 000 pieds. 'L'entrepreneur, le plant, le tuteur et le manchon de protection m'ont coûté 6,10 euros par pied. Le résultat n'est vraiment pas fantastique. Un tiers des plants n'ont pas repris. Et puis, il y aura un décalage de maturité. '
Quant à l'efficacité de la mesure, David Gessler reste sceptique. ' Pour l'instant, nous ne pouvons qu'attendre et regarder nos vignes mourir. Or, ce n'est pas dans la philosophie du vigneron. Nous faisons tout pour réussir nos plantations, et tout peut être réduit à néant par ces maladies. '

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