Convaincu après une démonstration, Guilhem de Fozières a acheté un trieur embarqué. Il a simplifié le travail au chai et trouvé un nouvel argument commercial.
Guilhem de Fozières a découvert l'égreneur embarqué Socma en 2003, lors d'une démonstration organisée par le constructeur. Sceptique au départ, il est reparti séduit. ' La vigne était mal entretenue et à fort rendement. Nous nous demandions ce qui allait tomber dans les conquets. Mais c'était extraordinaire. Il ne restait presque plus de morceaux de rafles ', explique ce responsable de matériel du Gaec de l'Arjolles, à Pouzolles (Hérault). Ce domaine produit des Côtes de Thongue sur 65 ha.
Lors de la démonstration, Guilhem de Fozières remarque aussi que l'équipement ne ralentit pas la machine à vendanger. De plus, ' le nettoyage se fait en même temps que la machine, sur une aire de lavage extérieure. C'est un gros avantage par rapport à un égrappoir traditionnel. ' Convaincu, il investit 15 000 euros dans un égreneur.
Guilhem de Fozières installe l'égreneur sur la machine à vendanger du Gaec, une New Holland VL 610. Il l'utilise pour la première fois en 2004. Depuis, il n'y a plus d'égrappoir dans le chai. Pour lui, le tri sur la machine à vendanger représente la meilleure solution. ' Le nettoyage se fait en phase sèche. C'est le moment idéal. Avec un égrappoir dans le chai, les grains sont triturés par les rafles pendant le transport avant d'être triés, ce qui donne un résultat qualitativement inférieur. ' Il estime l'efficacité de l'égreneur à 97 %, ce qu'il considère comme une performance remarquable. Il signale un autre avantage : ' Nous n'avons plus à évacuer les rafles, ce qui prenait beaucoup de temps. '
Toutefois, la vendange destinée aux cuvées de prestige passe toujours sur une table de tri manuel. L'opération consiste surtout à éliminer quelques extrémités de rafles qui subsistent. ' Elles sont extrêmement fines, surtout en saison sèche, et elles portent des gros grains. Sous l'effet des fouets de la machine, les rafles sont parfois sectionnées à leur extrémité. Vu la faible taille de ces portions, les doigts du trieur ne peuvent pas les arrêter ', explique-t-il.
' La crise qui pèse sur le marché du vin nous oblige à améliorer la qualité de nos produits, mais aussi à le faire savoir. Nous vendons notre production en bouteilles à plus de 80 %. Cette politique impose de nous investir dans la communication ', confie Guilhem de Fozières. Le domaine de l'Arjolles, l'un des premiers du Languedoc-Roussillon à avoir obtenu la certification agriculture raisonnée, utilise largement cet argument dans sa démarche commerciale. Prochainement, il va étoffer son argumentation en mettant en avant les matériels utilisés. Le trieur embarqué, jugé comme ' élément essentiel de la chaîne de qualité ', deviendra ainsi un outil de marketing, un rôle que son constructeur n'avait sans doute pas prévu lors de sa conception.