Claude Branchereau, président de l'AOC Chaume, a fait voter le contrôle des conditions de production dès 1993. En usant de diplomatie, il a réussi à faire accepter la mesure.
'A l'époque, le syndicat ne se réunissait qu'une fois par an. Si on voulait avancer, il fallait tout décider en une soirée. On a eu l'idée, on l'a présentée en assemblée générale, on l'a fait voter et on l'a appliquée. ' Claude Branchereau se souvient de 1993 où il a réussi à imposer, avec quelques autres, le contrôle systématique des vignes au cours de l'été. Il était alors membre actif du bureau des producteurs de Coteaux du Layon Chaume. Son idée a fait son chemin depuis...
Cette petite AOC de 80 ha souhaitait se démarquer des autres Coteaux du Layon. Elle voulait obtenir la mention ' cru '. L'Inao a accepté sa requête en 2003. Mais le Conseil d'Etat a annulé le décret instituant l'AOC Chaume premier cru des Coteaux du Layon (voir La Vigne n° 168). ' Notre volonté de revendiquer 'cru' a permis d'avancer ', raconte ce vigneron de Saint-Aubin-de-Luigné.
Au départ, cette idée de contrôle des vignes était soufflée par l'Inao. L'institut avait incité le syndicat à créer une commission ' taille et rendement '. Il en avait fait une condition à l'accession en cru. ' La première année, le bureau du syndicat et le chef de centre de l'Inao ont visité toutes les parcelles. On contrôlait simplement la charge. On ne s'occupait pas de l'état sanitaire. ' En cas de souci, le vigneron recevait un courrier du chef de centre et du président du syndicat, Henri Rochais à l'époque. Claude Branchereau lui a succédé l'année suivante. ' Les premiers vignerons rappelés à l'ordre étaient mécontents. Mais tous ont coupé du raisin. Certains s'en sont félicités ensuite. '
Aujourd'hui, les contrôles sont calés sur la directive nationale. Un agent de l'Inao n'intervient que sur les parcelles qui posent un problème. En dix ans, l'Inao a déclassé des parcelles une seule fois. Elles appartenaient à des vignerons qui n'entendaient pas éclaircir. Ils n'ont pas pu y déclarer de l'AOC Chaume. ' Les vignerons ont reçu au moins une lettre de rappel, soit parce que la commission était passée avant le début des travaux en vert, soit que le millésime était généreux. Dans ce dernier cas, les parcelles un peu vigoureuses peuvent poser des problèmes. Mais à part un ou deux, ils ont joué le jeu. '
Claude Branchereau a souhaité que la commission passe d'abord chez les membres du bureau, car ' ils se doivent de respecter les orientations du syndicat et d'être irréprochables. Ensuite, on faisait évoluer la composition de la commission, en y intégrant des personnes qui étaient régulièrement rappelées à l'ordre. '
Pour lui, les contrôles ont fait évoluer son AOC, sans mettre le feu. ' J'ai eu pas mal de soucis pour mes prises de position, mais pas sur ce dossier. ' Les vignerons de Chaume voulaient la mention ' cru '.