Philippe d'Allaines a choisi d'appliquer les 35 heures dès 2001 pour bénéficier des aides. Il a opté pour l'annualisation.
'Voyant les 35 heures hebdomadaires arriver, j'ai demandé au Centre d'économie rurale Aude-Hérault (CER) d'étudier les options pour appliquer ce changement. Avec moins de neuf salariés, nous n'étions pas obligés d'embaucher. Nous devions maintenir l'effectif durant deux années. Pour ceux qui anticipaient l'obligation, les lois Aubry prévoyaient des allégements de charges et la possibilité d'annualiser le temps de travail. Nous avons franchi le pas dès 2001 pour profiter de ces avantages. Nous avons compensé, en partie, la hausse du coût du travail ', raconte Philippe d'Allaines, de l'abbaye de Valmagne, à Villeveyrac (Hérault).
Le domaine compte 70 ha de vignes et produit des vins de pays et des vins d'appellation Coteaux du Languedoc et Grès de Montpellier. Il emploie cinq ouvriers, une secrétaire, un chef de culture et un maître de chai.
' Grâce à l'annualisation, nous avons pu adapter les horaires aux saisons. Au printemps ou pendant les vendanges, quand il y a beaucoup de travail, l'équipe fait 40 h, contre 32 h durant l'hiver. L'été, nous ne travaillons plus que 6 h en matinée. En pleine chaleur, il est difficile d'être productif toute la journée. Nous avons ainsi gagné en efficacité ', explique Daniel Garcia, chef de culture.
Cette souplesse profite à tous. Chacun peut prendre un peu de temps libre lorsqu'il en a besoin. En contrepartie, il doit se rendre disponible lorsqu'il y a un travail urgent à effectuer. ' La mentalité des salariés a évolué. Ils regardent les heures, mais ils n'hésitent pas à travailler un peu plus pour finir un chantier, car ils savent qu'ils récupèreront ce temps ensuite. '
La gestion des horaires souples et individualisés demande plus de travail. ' En début d'année, j'établis un planning que je remets à chacun. Je l'adapte ensuite au jour le jour en fonction des heures effectuées ', précise Daniel Garcia. Les salariés notent également leurs heures. ' Au départ, ils étaient méfiants. Il a fallu une bonne année pour tout caler. Mais aujourd'hui, nous travaillons dans une meilleure ambiance. '
' Nos ouvriers ne souhaitent pas faire d'heures supplémentaires. Avec 39 h par semaine, nous arrivions tout juste à tout faire. En même temps que les 35 h, nous avons commencé une reconversion en bio, ce qui a accru nos besoins en main-d'oeuvre. Nous avons dû faire appel à des prestataires de service pour la taille ou l'épamprage. Cela revient cher. Nous sommes arrivés à 20 ha en bio. Nous voulons continuer, car c'est une carte pour gagner des parts de marché à l'exportation. En pleine crise, il n'est pas question d'embaucher. Pour réduire le recours aux prestataires, nous allons devoir arracher les vignes les moins rentables ', affirme Philippe d'Allaines.