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Microbullage : ' Finis, les problèmes de couleur '

La vigne - n°170 - novembre 2005 - page 0

Au château de Cach, Cédric Moreau a très tôt expérimenté la micro-oxygénation, et amélioré la tenue de couleur de ses vins. Il utilise aujourd'hui cette expérience pour d'autres châteaux médocains et son propre domaine.

Cédric Moreau a toujours eu un tempérament d'expérimentateur. Aujourd'hui viticulteur, éleveur de chevaux et prestataire de services en oenologie, il s'est très tôt intéressé aux nouvelles techniques, par exemple en complétant sa formation par un séjour aux Etats-Unis. En 1995, il rentre au château de Cach, à Saint-Laurent-du-Médoc (Gironde). Même si les vins du château ont leur clientèle, Cédric Moreau veut relever leur niveau qualitatif. ' Les oenologues n'avaient pas la réponse à mes problèmes de couleur et de stabilité, se souvient-il. Jusqu'en 1997, j'étais dans l'impasse. ' Il n'avait le choix qu'entre les tanins et la macération finale à chaud. Grâce à cette dernière technique, il gagnait un peu de couleur en fin de vinification. Mais au bout de six mois, elle s'effondrait à nouveau.

Il rencontre alors Patrick Ducourneau et Thierry Lemaire, de la société OEnodev. Bruxelles vient d'autoriser l'injection d'oxygène pur dans le vin. Cédric Moreau décide de se lancer. ' Le propriétaire du château de Cach, Henri Musso, m'a laissé carte blanche pour faire des expérimentations ', se réjouit-il. Il commence des essais en 1997 et gagne rapidement de la couleur, même s'il tâtonne un peu. En 1999, il mène des essais à plus grande échelle. ' J'ai gagné 30 % en intensité colorante et obtenu des vins plus ronds. La couleur n'a quasiment pas bougé après malo. Et après quelques années de conservation, cette couleur est restée plus stable. '

Convaincu, il étend ce procédé à tous les vins de Cach et devient conseiller pour OEnodev sur le Médoc. Parallèlement, il s'installe comme viticulteur et crée le château du Ha, à Saint-Sauveur, à quelques kilomètres de Cach. Au château de Cach, il continue à faire des essais et modifie sa façon de travailler les vins. ' Au fur et à mesure, je continue à découvrir d'autres impacts de cette technique. La micro-oxygénation me permet d'utiliser des modes d'élevage plus poussés : j'ai complètement abandonné le soutirage des barriques. Cela demande plus de suivi, mais permet de préserver le fruit. J'estime qu'en fin d'élevage, grâce à ce procédé, il me reste encore 80 % des arômes fruités. Autre exemple : j'utilise la micro-oxygénation très tôt dans la vinification. Dès une densité de 1 020-1 010, je lance l'appareil à 40 cc. Cela me permet d'assurer des fins de fermentations tranquilles tout en commençant la stabilisation de la couleur. '
Cédric Moreau reconnaît avoir mené tous ces essais sereinement du fait qu'il était salarié. ' Maintenant que je suis viticulteur, et que je réalise mes propres choix techniques, je me rends compte que j'ose beaucoup moins de choses sur mon propre domaine. Etre viticulteur, aujourd'hui, m'aide à mieux comprendre les craintes que peuvent avoir certains producteurs vis-à-vis de l'oxygène. '

C'est à lui de les conseiller et de leur donner confiance. Reste à préciser les besoins du vin en oxygène pour sortir de l'empirisme. ' Avec OEnodev, nous travaillons à établir une méthode pour les connaître, mais nous n'y sommes pas encore ', reconnaît-il.

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