Le groupe national de travail sur les goûts moisis-terreux ne partage pas l'explication de la faculté d'oenologie de Bordeaux sur l'apparition de la géosmine, la principale responsable de ces défauts.
Le 10 novembre dernier, Syngenta a présenté quelques résultats du groupe national d'étude des goûts moisis-terreux, animé par l'ITV, et dont la firme fait partie. Il en ressort que plusieurs molécules sont à l'origine de ces déviations : la géosmine bien sûr, mais également le 2 methyl-isobornéol (MIB) et le 3-isopropyl-2-méthoxypyrazine (IPMP).
Jean-Baptiste Drouillard, de Syngenta, a expliqué que des espèces de pénicillium, autres que P. expansum, sont capables de produire de la géosmine. Il a également présenté un essai en milieu contrôlé, qui montre la capacité de P. expansum à produire de la géosmine, en l'absence de botrytis, sur des baies blessées et contaminées artificiellement.
Le 1 er décembre, lors du colloque Euroviti à Montpellier, Béatrice Vincent de l'ITV a présenté des travaux encore plus étonnants. Sur un milieu de synthèse, elle a testé des souches de cladosporium, de pénicillium et de botrytis. 25 % des souches de pénicillium et 50 % des souches de botrytis ont produit de la géosmine, en l'absence de tout autre micro-organisme.
Ces résultats contredisent ceux de la faculté d'oenologie de Bordeaux, selon lesquels la géosmine est produite par P. expansum lorsqu'il surinfecte des baies déjà attaquées par le botrytis. Lors du colloque d'Euroviti, Philippe Darriet, de la faculté d'oenologie, a rappelé cette thèse. ' Nous n'avons jamais observé de géosmine uniquement liée à botrytis. '
Il a précisé que certaines souches de botrytis interdisent la production de géosmine par P. expansum, en produisant un polysaccharide inhibiteur.