Les auditeurs ont pour mission de comprendre les répercussions de la crise sur les entreprises, de les éclairer sur leur situation et, parfois, de leur apporter des solutions. Depuis 2002, ils ont examiné un millier d'entreprises dans cinq régions.
Dans le Bordelais, la réflexion sur les audits a débuté en 2002. ' On percevait les prémices de la crise ', raconte François Ricadat, conseiller à la chambre d'agriculture et coordonnateur du projet pour la Gironde. Tout est parti de rencontres entre la MSA, la chambre, le Centre de gestion et le Crédit agricole, où chacun de ces organismes sentait poindre un essoufflement. ' Nous, nous ne pouvons pas agir sur le marché. En revanche, nous essayons de trouver des solutions pour les entreprises en difficulté. Nous avons cherché des financements pour lancer une opération d'audits. Notre objectif était d'en réaliser 800, et gratuitement pour les vignerons. ' Quatre partenaires ont apporté leur soutien financier : les conseils général et régional, l'interprofession et le Crédit agricole. Chacun paie 200 euros par audit. La chambre d'agriculture prend le reste en charge. Les audits consistent à analyser les exploitations sous plusieurs angles : technique, commercial, financier, main-d'oeuvre et organisation du travail. Les premiers ont eu lieu en juillet 2003. A ce jour, près de 400 ont été réalisés, surtout en AOC Bordeaux.
En Bourgogne, les audits ont d'abord été orientés vers des entreprises en difficulté de paiement. L'objectif du programme Contrats qualité + était de repositionner les exploitations par rapport au marché. 225 entreprises ont été auscultées en Saône-et-Loire et 10 en Côte-d'Or.
Dans le Pays nantais, l'interprofession a mis sur pied un programme sur trois ans, baptisé Nouveau plan professionnel. Il comprend des diagnostics d'exploitation, en particulier chez les plus de 55 ans, pour analyser l'avenir de leur entreprise. Une centaine sont réalisés, financés par le Conseil interprofessionnel et le conseil général de Loire-Atlantique. ' Au départ, nos diagnostics ont porté sur les volontaires. Ensuite, nous avons appelé des exploitants pour leur en proposer un ', dit Agnès Aubin, chargée de mission. Le Nouveau plan professionnel doit s'arrêter en 2006.
L'Anjou a procédé différemment. La Fédération viticole avait un objectif précis : améliorer la qualité des vins de chenin à bulles, secs ou liquoreux. Elle a recruté Dominique Pasquini pour analyser la conduite de ce cépage dans les exploitations. Ses audits étaient donc plus centrés sur les questions techniques que ceux pratiqués en Bordelais ou en Bourgogne. Au cours de sa mission, il a audité quelque 200 exploitations, en trois années. ' L'objectif était d'optimiser les productions . '
Si la majorité des régions a choisi de travailler sur l'urgence, le CER et les Vignerons indépendants du Tarn ont voulu prendre les devants. Ils ont mis sur pied des ' audits de projet '. Ici, après avoir dressé un constat, on évoque avec le vigneron les projets d'exploitation. On identifie les écarts entre la situation détaillée par l'audit et l'objectif du viticulteur. ' Nous voulons faire du développement économique durable, résume Pierre Passemard, conseiller au CER. C'est sur le chemin à parcourir que nous travaillons. ' Là encore, des budgets locaux ont été sollicités, mais aussi des fonds européens via le programme Leader. L'opération a été lancée juste après les vendanges. Ses promoteurs espèrent analyser une vingtaine d'entreprises d'ici à la fin 2005.