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Bergerac : une communication combative

La vigne - n°172 - janvier 2006 - page 0

Bergerac subit les conséquences de la crise bordelaise. Le cours du tonneau est au plus bas et la filière n'a pas de solution pour le faire remonter. En attendant des mesures nationales, elle mise sur une clarification de l'offre et une communication renforcée à l'exportation.

'En Bergeracois, nous n'avons pas de stocks excédentaires, annonce Paul-André Barriat, président du Conseil interprofessionnel des vins de la région de Bergerac (CIVRB). Le problème se situe au niveau des cours du vrac des rouges et des rosés, qui sont bien insuffisants . ' Pour cette raison, contrairement à son cousin bordelais qui doit diminuer ses volumes, le vignoble bergeracois n'a pas établi de plan d'assainissement. Il s'est contenté de participer au Plan Bussereau pour la distillation, et s'est ouvert à l'arrachage, sans verser d'abondement aux primes européennes pour limiter les demandes.
' Nous n'avons pas eu d'augmentation du potentiel de production depuis de nombreuses années , explique Pierre-Henri Cougnaud, directeur de la Fédération des vins du Bergeracois (FVB). Nous n'avons donc pas besoin de le réduire. Chez nous, l'arrachage primé est davantage destiné à aider les viticulteurs qui veulent sortir du métier . ' Peu de demandes sont donc attendues.

Si les volumes sont équilibrés, la chute des cours, qui existe depuis trois ans, est préoccupante. ' Nous n'arrivons pas à sortir de cette spirale de dévalorisation du vrac, déplore Pierre-Henri Cougnaud. Tant que nous n'aurons pas trouvé une solution au niveau national pour adapter les volumes disponibles à la demande, nos cours ne repartiront pas . ' Le problème de fond est toujours le même : Bergerac n'a pas son propre négoce et dépend de ceux de Bordeaux, Cahors ou du Languedoc, qui cassent les prix. La filière aimerait installer un négoce de place, mais n'y arrive pas. L'interprofession veut donc développer la notoriété de ses AOC sur les marchés à l'exportation, via une stratégie de communication offensive : ' Nous allons continuer à augmenter les cotisations volontaires obligatoires (CVO) pour conforter le budget de la communication, indique Paul-André Barriat. Nous n'avons jamais autant investi en publicité que ces derniers temps. '
L'interprofession souhaite communiquer essentiellement en Angleterre, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas. ' Nous serons, par exemple, présents à la London Wine, alors que nous n'y étions plus depuis deux ans , poursuit-il. L'Angleterre est un marché important, d'autant plus que nous avons beaucoup d'Anglais installés chez nous, et que nous avons des liaisons aériennes quotidiennes avec Ryanair. Il faut en profiter . ' La filière veut également s'ouvrir davantage vers les pays de l'Est.

Par ailleurs, l'interprofession a présenté une nouvelle segmentation en juin 2005. Le but est de disposer d'une gamme de vin la plus large possible, et de clarifier l'offre pour la rendre plus compréhensible aux acheteurs et aux consommateurs. Le vignoble bergeracois produit deux AOC : des hauts de gamme, qui seront appelées ' communales et de terroirs ' (Pécharmant, Montravel rouge, Monbazillac...) et qui devront répondre à des conditions de production exigeantes (vieillis en fûts de chêne, mis en bouteilles dans la région de production, niveau d'antocyanes minimum, agrément après la mise en bouteilles) ; des génériques qui pourront mentionner le cépage sur l'étiquette.
La catégorie suivante est constituée des vins de pays départementaux, peu utilisés et situés sur un marché de niche. Elle accueillera aussi les vins de pays d'Atlantique, s'ils voient le jour. ' Nous serions ravis que ce projet aboutisse , affirme Paul-André Barriat. Cela donnerait plus de réactivité à la production et au négoce . ' La dernière catégorie est constituée des vins de table. La profession aimerait y déclasser les AOC n'ayant pas obtenu d'agrément. Pour cette raison, elle milite pour l'enrichissement aux MCR. La mise en place de cette nouvelle segmentation dépend notamment de la création du VDP d'Atlantique et de la modification de certains décrets. Un engagement parcellaire sera à effectuer dès la taille.
Pour appuyer ce plan, la filière veut se baser sur son étude de terroirs finalisée il y a quelques mois. ' Dans un premier temps, elle nous permet de faire des formations de groupes et individuelles pour expliquer, par exemple, quelle conduite optimise quel terroir , indique Pierre-Henri Cougnaud. Mais à long terme, le but est de définir le style de vin qu'il est possible d'élaborer sur un terroir donné . '

Pour cela, la filière souhaite expérimenter différents protocoles oenologiques, notamment grâce à la création d'un chai expérimental.
Parallèlement, le Bergeracois continue de travailler sa qualité. La fédération planche sur la réforme de l'agrément. Deux appellations rouges, Montravel rouge et Côtes de Bergerac, sont passées à un agrément en bouteilles. La fédération voudrait, à long terme, l'étendre à toutes les appellations de haute qualité. La filière aimerait aussi réaliser un suivi en aval de la qualité (SAQ) sur les vins de pays.

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