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Bergerac Les bouteilles maintiennent la barque à flot

La vigne - n°183 - janvier 2007 - page 0

En 2006, à Bergerac, la bouteille permet de maintenir une valorisation correcte des produits. A l'inverse, le cours du vrac continue de s'écrouler.

«Nous sommes de plus en plus faibles, s'exaspère Pierre-Henri Cougnaud, directeur de la Fédération des vins de Bergerac. Nous n'avons pas de négociants sur la place de Bergerac. La plupart de ceux qui viennent ne prennent qu'à bas prix, et nous font valoir qu'ils peuvent se permettre de rayer nos AOC de leur offre. Nous sommes en plein dans la loi de l'offre et de la demande. Nous ne trouvons pas de moyens efficaces de faire remonter les cours. Nous manquons de notoriété. » Les chiffres confirment que Bergerac ne semble pas sortir de la crise. Le cours du vrac continue de descendre et, malgré cela, les sorties de chai baissent toujours et les stocks gonflent. « Sur la campagne 2005-2006, les bergeracs rouges et les blancs secs ont perdu environ 10 % », détaille Paul-André Barriat, président du Comité interprofessionnel des vins de la région de Bergerac (CIVRB). Pourtant, la situation n'est pas totalement dans le rouge. Pour les rosés et les blancs moelleux, les prix restent corrects. Les vignerons qui travaillent en bouteilles s'en sortent mieux que les vraqueurs. « On ne peut pas dire que la vie est rose pour eux, mais ils valorisent beaucoup mieux leurs produits et les prix restent stables », précise Paul-André Barriat.

Pour mettre fin au manque de reconnaissance dont souffre Bergerac, la filière étudie deux axes. « Nous devons tout d'abord travailler sur la structure de l'offre, prévient Paul-Henri Cougnaud. Nous sommes très favorables à la segmentation. Une partie de nos vins n'est pas à la hauteur, il faut l'écarter. » La filière propose l'élargissement du bassin bordelais et la production de Bordeaux reconverti en AO simple sur l'ensemble de ce territoire. Cela offrirait des possibilités au négoce et permettrait à Bergerac de sortir des offres d'entrée de gamme. « Le problème, c'est que Bordeaux est contre. » En attendant une réforme des AOC, la filière a vu d'un bon oeil la création des vins de pays de l'Atlantique. Mais elle est trop récente pour juger de son impact. Les premiers chiffres de la récolte 2006 montrent une baisse des volumes AOC au profit des vins de table et de pays.
Deuxième axe développé par la filière : la communication. En 2006, le CIVRB a lancé une grosse campagne de communication et a accru sa présence sur de grands salons comme la London Wine. « Nous avons augmenté nos chiffres sur nos principaux marchés à l'exportation : la Belgique, les Pays-Bas, l'Angleterre et l'Allemagne , détaille Paul-André Barriat. Nous voulons continuer et nous développer en Pologne, en Hongrie et en République tchèque. Nous allons participer à des salons comme celui de Moscou, mais aussi nous faire connaître au Japon. » Bergerac cherche à s'internationaliser sans délaisser le marché national. Ainsi, début décembre, les vins de Bergerac étaient partenaires de la sortie du film de Patrice Leconte, Mon meilleur ami . Au cours de l'avant-première, une dégustation de vins de la région était proposée.

Vu les retombées, l'interprofession essaye d'inciter les vraqueurs à passer à la bouteille au moins pour une partie de leur production. Elle travaille aussi sur l'amont. Elle favorise la restructuration et essaye de consolider l'agrément.
Le regroupement de l'offre est l'une des autres solutions exploitée à Bergerac. « C'est un facteur de stabilisation des cours à la hausse , précise Paul-André Barriat. Trois caves coopératives se sont déjà associées pour former Bergerac Vins. Concentrer une grosse part de l'offre leur donne plus de poids dans les négociations de prix. » Cette coopération de l'offre constitue l'alternative à la vente en bouteilles. Elle permet de partager les risques et les frais. C'est une bonne solution pour ceux qui se considèrent comme trop petits pour affronter l'exportation. « C'est une lueur d'espoir à laquelle beaucoup vont adhérer de plein gré ou contraints par la conjoncture », conclut Pierre-Henri Cougnaud.

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