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Beaujolais : des réformes en profondeur

La vigne - n°172 - janvier 2006 - page 0

Le plan d'action, lancé en 2004, a bien commencé. Mais l'accentuation de la crise a obligé les responsables professionnels à demander en plus l'arrachage définitif. La baisse des rendements a provoqué la colère des vignerons.

Le 7 juillet 2004, plus de 850 vignerons, négociants, responsables de caves coopératives et courtiers se réunissaient à Lyon, pour valider un plan d'action comprenant une trentaine de mesures. Un an et demi plus tard, la plupart étaient mises en place. L'une des premières est l'interdiction des bouchons agglomérés pour les beaujolais nouveaux. ' Cette mesure a été très critiquée. Mais le taux de goûts de bouchon a considérablement diminué ', se félicite Michel Bosse-Platière, président d'Inter-Beaujolais. Le rapprochement de l'agrément des vins de leur commercialisation a été testé sur la récolte 2004. Le principe était d'agréer uniquement les volumes en vrac faisant l'objet d'un contrat d'achat.

' Les résultats sont intéressants, mais on augmente le coût de l'agrément d'environ 20 % ', rapporte Louis Pelletier, directeur de l'Union viticole du Beaujolais. Pour la récolte 2005, le dispositif ne sera pas remis en place. ' Le millésime est de qualité. En plus, nous attendons les conclusions du rapport Boesch sur l'agrément. Il semblerait qu'elles aillent dans notre sens, en prévoyant le suivi des exploitations et l'agrément en bouteilles. Nous nous orienterons plutôt vers ce dispositif en 2006-2007 ', considère Louis Pelletier.
Autre chantier qui avance : la diminution des coûts de production. A la suite des décrets du 26 novembre 2004, il est possible de planter à la densité minimale de 6 000 pieds/ha. Les vignes déjà en place peuvent présenter, après arrachage partiel, une densité de 5 000 à 6 000 pieds/ha. Les vignerons peuvent bénéficier d'aides à la plantation, pour les vignes en coteaux avec des pentes supérieures à 20 %, et au palissage.
' Le dossier est vraiment parti cet automne. On voit des vignerons arracher un rang sur six sur l'ensemble du vignoble, avec une tendance plus forte en Beaujolais et Beaujolais villages que dans les crus ', remarque Louis Pelletier.

La réflexion sur la mise en place des vins de pays est en bonne voie. L'interprofession a approuvé leur création et a réalisé un rapport de 200 pages, montrant l'intérêt de créer une zone mixte. Le projet doit être soumis au vote du Groupement des beaujolais. La balle est dans le camp des syndicats. Une décision devrait être prise début 2006.
Par ailleurs, l'interprofession a boosté la communication. La campagne sur les primeurs a bousculé les habitudes, mais a reçu de bons échos. Pour 2006, elle prépare une nouvelle campagne pour les beaujolais de garde. Elle travaille aussi à la création d'une ambassade du beaujolais, à Lyon.

' Notre gros avantage par rapport à d'autres régions, c'est que le travail de fond a été fait ', constate Michel Bosse-Platière. Cependant, ' la crise nous dépasse. Lorsque nous avons fait les assises, elle était plutôt propre au Beaujolais, là elle est nationale. Cette situation nous oblige à prendre des mesures plus radicales ', déplore-t-il. Effectivement, les prix des primeurs de 2005 ont encore perdu 10 %. La région s'est vue contrainte de demander l'arrachage définitif pour rétablir l'offre et la demande. Une décision non prévue dans le plan. L'objectif est d'arracher 3 000 ha en trois ans. Mi-décembre, 650 ha étaient déjà préinscrits. La région a fait une demande à l'Onivins pour prolonger de deux mois, la date limite de dépôt des dossiers.
Mais la décision qui a mis le feu aux poudres dans le vignoble est la baisse des rendements. Beaucoup de vignerons l'ont vécue comme une injustice. Fin août, l'association Beaujolais tous ensemble, avant de se dissoudre, a organisé une manifestation et demandé la démission de l'actuel président de l'UVB, en présentant un candidat à sa succession : Bruno Matray.
Les élections au sein de l'UVB doivent avoir lieu à la mi-janvier. ' Il faudra rouvrir le dossier sur le rendement pour trouver un niveau moins handicapant pour les exploitations ', dit Bruno Matray.

Au cours de l'année 2006, l'UVB devrait donc travailler, en priorité, à la mise en place d'un PLC (plafond limite de classement) à vocation économique (ou PLC individuel), pour adapter le potentiel de production des exploitations à leur situation commerciale. Une idée qu'elle avait déjà lancée au mois de mars 2005. ' Il est illusoire de penser qu'en diminuant les rendements, on rétablira les marchés. Je souhaite plutôt qu'on renforce l'image de nos vins et qu'on continue à travailler la qualité ', poursuit-il.
En tout état de cause, ' la région doit retrouver la sérénité pour aborder les choses avec calme ', estime Michel Bosse-Platière. Une idée que tout le monde partage.

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