Pour éviter d'entrer dans la crise, les vins du Centre tablent sur leur charte de qualité des raisins et des moûts.
Les vins du Centre doivent travailler sur la qualité, ' car nous ne pourrons pas baisser nos prix ', lance Benoît Roumet, directeur du Bureau interprofessionnel des vins du Centre. ' Il faut faire progresser tous les producteurs, pour faire progresser les appellations , ajoute Jean-Max Roger, président de la commission Prospectives de l'Union viticole sancerroise. C'est la seule façon de se démarquer face au Nouveau Monde. '
Les négociants, qui totalisent 40 % des exportations de vins de la région, en sont convaincus. Cette année, ils ont mis en place une charte de qualité avec leurs fournisseurs de moûts et de raisins. Elle vise à récompenser les viticulteurs qui investissent dans la qualité, et à pénaliser ceux qui ne font pas d'efforts suffisants, par un système de bonus et de malus. Les négociants ont formulé des exigences de propreté et de traçabilité.
Ils accordent une majoration du tarif de base pour une bonne conduite du vignoble et, au contraire, minorent le tarif en cas de problème sanitaire, par exemple. ' Même si nous manquons de vins, nos fournisseurs ont besoin que l'on reconnaisse leur travail , insiste Emmanuel Roux, de la Maison Joseph Mellot, à Sancerre. Et nous, négociants, avons besoin de vins toujours meilleurs pour nous battre à l'export. '
Cette charte instaure une relation gagnant-gagnant. D'un côté, les producteurs progressent sur toute leur exploitation, y compris sur la partie qu'ils vinifient et vendent eux-mêmes. De l'autre, les négociants vendent plus facilement et plus cher des vins meilleurs. ' A New York, on nous demande du sancerre, pas du sauvignon ', souligne Daniel Chotard, viticulteur et nouveau président de l'interprofession. Selon lui, c'est la démarche de qualité qui permet d'entretenir cet effet de marque.
' Nous avons associé les caves coopératives pour que la mise en place de la charte ne génère pas une fuite des moins bonnes parcelles chez elles , indique Emmanuel Roux. 80 à 90 % des raisins ou des moûts échangés cette année ont été notés et payés selon les règles de la charte. ' Il est encore trop tôt pour tirer un bilan, d'autant que le millésime 2005 était propice à la qualité. Les mauvaises notes n'ont donc pas été légion...
La charte n'est qu'un élément d'une politique plus vaste de qualité. Comme dans toutes les régions, les syndicats révisent leurs décrets. Ils comptent sur le suivi en aval de la qualité (SAQ) pour satisfaire le consommateur. ' Nous avons souhaité aller plus loin dans le SAQ en nous liant à l'Inao, ajoute Benoît Roumet. En plus du courrier de rappel à l'ordre, tout opérateur qui fait l'objet d'une remarque au SAQ recevra, trois ans de suite, une commission de suivi de ses conditions de production. ' De plus, cette année, le SAQ a été étendu aux caveaux. Le tiers des viticulteurs de Sancerre a reçu la visite de préleveurs. Outre le vin, l'interprofession a ainsi pu juger l'accueil. Un facteur important dans un vignoble qui vend beaucoup en direct.