Sancerre est une ville touristique par excellence. Petite cité médiévale perchée sur un piton rocheux, elle offre un beau panorama sur le Val de Loire. Avec 300 000 visiteurs par an, c'est le deuxième site le plus visité du département du Cher, derrière la cathédrale de Bourges. « Nous avons un avantage indéniable puisque nous ne sommes situés qu'à 2 heures de Paris. Notre cadre est exceptionnel. La renommée de notre vignoble est mondiale », explique Denis Vacheron, le président de l'Union viticole sancerroise.
Une charte valorise les prestations élaborées
Fort de ces atouts, le vignoble pratique l'œnotourisme depuis longtemps. « L'accueil des touristes et les ventes au caveau ont toujours été une activité importante dans la région », rapporte Benoît Roumet, du bureau interprofessionnel des vins du Centre (BIVC). Mais depuis 2004, l'interprofession et l'Agence de développement touristique (ADT) du Cher, en partenariat avec les acteurs locaux, en font un enjeu de développement stratégique. Les deux organismes ont d'ailleurs signé une convention en mai 2009.
Dans les sept AOC que comprend la région Centre, 393 domaines, négoces et coopératives vendent du vin au public. L'interprofession les a recensées dans un guide « Caves et bonnes adresses » que distribuent les offices du tourisme. Il y a deux ans, avec l'ADT, elle a mis en place une charte qualité de l'accueil et une qualification des caves. Seules celles qui développent des prestations spécifiques : gîtes, visites de vigne, visite de la cave commentée, accueil des enfants… peuvent en bénéficier. Aujourd'hui, elles sont un peu moins de soixante-dix.
Mais l'offre ne se limite pas à cela. La profession organise de nombreuses fêtes et animations tout au long de l'année. Par exemple, la foire aux vins de Sancerre qui a lieu à la Pentecôte draine 5 000 personnes par an. On peut y déguster les vins de tous les villages de l'appellation.
Cluedo géant
Dans la Villa Quincy, dans la Tour du Pouilly Fumé, ouverte en 2010, et à la Maison des Sancerres, les visiteurs découvrent les terroirs et le savoir-faire des viticulteurs au travers de scénographies modernes. Puis, ils peuvent déguster des vins et acheter des produits du terroir. La Maison des Sancerres, ouverte en 2005, est une belle réussite. « Chaque année, 32 000 personnes se rendent dans l'espace gratuit et la moitié font la visite payante », se réjouit Denis Roumet, le directeur. Il faut dire qu'elle ne manque pas d'imagination. En septembre, elle a organisé un Cluedo géant au cours duquel il fallait trouver l'assassin du vigneron le plus célèbre de Sancerre !
Depuis 2001, la région offre aussi une route des vignobles. Et depuis l'an passé, le BIVC et la Fédération française de randonnée pédestre mettent en place des balades dans les vignes.
Pour aller plus loin, le BIVC et l'ADT du Cher travaillent à l'obtention de la marque Vignobles & découvertes. « Nous pensons à trois circuits : Sancerre-Pouilly Fumé, Menetou Salon-Bourges et Sologne-Vierzon », indique Benoît Roumet. Pour mieux faire connaître toute cette offre, l'interprofession va refondre son site internet afin d'y mettre davantage d'informations sur l'œnotourisme.
4 clients français sur 10
4 clients français sur 10 qui séjournent dans la région auront une activité œnotouristique.
Source : enquête de terrain de l'ADT du Cher.
Adélaïde Grall, (au centre) domaine Vincent Grall à Sancerre (Cher), 3,5 ha « Parler anglais est un atout supplémentaire pour faire visiter les vignes »
Son offre
« Notre caveau est situé à l'entrée de la vieille ville de Sancerre et nous avons la chance d'avoir toutes nos vignes autour du Piton. Nous avons donc mis en place des visites de vignes personnalisées. Avec mon véhicule, j'emmène jusqu'à huit personnes dans une parcelle de silex située à 2 minutes du domaine. Elle offre un joli point de vue sur la colline de Sancerre. On y fait de belles photos souvenir ! Là, j'explique notre façon de travailler. Les visiteurs sont ravis. Ils me posent beaucoup de questions sur la manière dont pousse la vigne, sur les travaux saisonniers que nous réalisons… Si le temps le permet, je leur propose une dégustation commentée de deux vins blancs : l'un provenant de la parcelle que nous visitons, l'autre issu d'un terroir de marne argilo-siliceuse. Puis nous passons au rosé. J'accompagne le tout de Crottin de Chavignol et de croquets de Sancerre. Si la météo est maussade, nous dégustons dans la cave. La visite dure généralement 1 h 30. Je facture 10 euros par personne pour cette dégustation découverte. Si les visiteurs souhaitent passer plus de temps, je leur propose une visite d'une demi-journée voire d'une journée. Je facture ce forfait visite et dégustation 150 euros jusqu'à quatre personnes et 165 euros jusqu'à huit personnes. Pour des groupes plus importants, le programme se fait à la carte. Généralement, en plus de la visite des vignes, je les conduis sur les meilleurs points de vue du vignoble. S'ils veulent déguster des rouges, je les emmène chez un confrère. Je leur propose aussi une visite personnalisée de la Maison des Sancerre et de la vieille ville. Nous recevons même pendant les vendanges. C'est le moment que je préfère car on peut goûter le raisin et le jus à la sortie du pressoir et ainsi faire découvrir toute la vinification. »
Son organisation
« Je propose ces visites d'avril à octobre uniquement sur rendez-vous. Nous n'avons pas d'employés. J'ai quatre enfants et ne travaille qu'à mi-temps sur le domaine, car j'œuvre également dans une association. Mon époux reçoit la clientèle française et moi les anglophones. J'organise en moyenne une à deux visites dégustation par semaine, plus les dégustations découvertes. Si cette activité prend plus d'ampleur, il faudra que je m'organise différemment. Pour faire connaître mon offre, j'ai réalisé un dépliant que je propose à l'office de tourisme, dans quelques chambres d'hôtes et chez des prestataires de tourisme sancerrois. C'est surtout le bouche à oreille qui m'amène les clients.
Il est important de se manifester auprès des opérateurs touristiques, car les touristes sont demandeurs de conseils. Ils cherchent les bons plans et l'originalité. J'ai aussi créé un site internet, grâce auquel je reçois beaucoup de demandes. Et depuis trois ans, nous sommes référencés dans les Smartbox. Après un pic de 130 coffrets en 2009, la mode est retombée en 2010. »
Le nombre de visiteurs
« En 2010, nous avons reçu 370 personnes, dont 200 pour des visites et dégustations. La demande est la plus forte en été. Parler anglais est un atout, car 60 % de nos visiteurs sont des étrangers. »
Ses investissements
« Pour l'instant, le principal investissement se compte en temps. Mais cette année, nous avons rénové notre caveau de dégustation pour avoir un espace plus accueillant. Pour ça, nous avons bénéficié d'une subvention du Pays de Sancerre Sologne. »
Ses résultats
« C'est un moyen de nous signaler, de fidéliser et d'éduquer la clientèle. A chaque visite, les gens repartent avec au moins un carton. Et je donne aux étrangers la liste de mes importateurs. »