Est-ce la fin de la morte-saison ? Aujourd'hui, de plus en plus de vignerons achètent leurs produits au fur et à mesure de leurs besoins. Cela leur permet d'avoir le bon produit au bon moment, d'étaler les paiements et d'avoir un minimum de stock en fin de saison. Là encore, les distributeurs se sont adaptés à la situation. Par exemple, en 1997, Audecoop, coopérative de l'Aude, de l'Hérault et de l'Ariège, a instauré le pacte coopératif, un contrat d'approvisionnement signé par l'adhérent et le technicien de la coopérative. Actuellement, 75 % des vignerons, clients d'Audecoop, l'ont souscrit. Ils ont leurs produits quand ils le souhaitent, dès lors qu'ils se sont engagés en début de campagne. En morte-saison, lors du passage du technicien, ils listent leurs besoins. Ensuite, ils s'approvisionnent au coup par coup. La plupart viennent chercher leurs produits dans l'un des vingt-quatre dépots. ' Ils en profitent pour prendre de l'information ' , considère Michel Delhomme, directeur de terrain chez Audecoop. Le pacte garantit l'échange de produits, si les contraintes climatiques ou agronomiques le justifient. De même, si en fin de campagne, les vignerons se retrouvent avec des produits qu'ils n'ont pas pu appliquer, la coopérative les reprend gratuitement. Le pacte coopératif est aussi lié à des suivis de terrain plus poussés, une garantie des visites, des avertissements, des conseils adaptés. Mais surtout, il est lié à un paiement après les vendanges, ' pour laisser le temps aux vignerons de faire de la trésorerie ' . En retour, ces derniers doivent prendre l'intégralité de leurs approvisionnements chez Audecoop.
Autre initiative, celle de CIC, en Gironde. Depuis deux ans, ce négociant propose aux vignerons, des plans d'approvisionnements. L'établissement étant classé Seveso, il peut stocker les produits. En morte-saison, le vigneron liste avec le technico-commercial ses besoins. Ensemble, ils définissent le nombre et les périodes de livraison. La dernière permettra d'ajuster les volumes pour avoir peu de stock.
Huit jours avant la date prévue pour la livraison, ce négociant appelle le vigneron pour valider l'opération. La facturation est réalisée le dernier jour du mois, au cours duquel a eu lieu la livraison. Le vigneron reçoit la facture quelques jours après. Il aura trente ou soixante jours pour la payer, sauf s'il a négocié des accords particuliers. CIC peut échanger des produits, si un cahier des charges ou une forte pression le justifie. Il peut les reprendre en fin de saison, mais avec une décote.