Les vignerons en mal de trésorerie peinent à honorer leurs factures. Pour aider, les distributeurs leur aménagent des échéanciers en fonction de leurs rentrées d'argent ou leur proposent des prêts à court terme.
Quand je suis arrivé en 1989, les exploitations avaient un an d'avance au niveau de la trésorerie , se souvient Alain Bretaudeau, des Etablissements du même nom, en Loire-Atlantique. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Les vignerons peinent à honorer leurs factures. Les distributeurs se montrent particulièrement vigilants et surveillent de près les comptes de leurs clients. Ils traquent le moindre retard et ne laissent plus traîner les créances.
Chez Audecoop, les technico-commerciaux ont pour consigne d'éviter de trop charger les vignerons en appros. ' On évite de proposer des choses qu'ils ne pourraient pas payer ', rapporte Michel Delhomme, directeur de terrain. Dans le même temps, ils se montrent particulièrement à l'écoute sur le plan financier.
' A l'heure actuelle, l'argent n'est plus un sujet tabou ', constate Alain Bretaudeau. Les commerciaux s'adaptent aux rentrées d'argent des vignerons et n'hésitent pas à accorder des plans de financement, des reports d'échéances ou même à négocier des prêts à court terme.
Depuis deux à trois ans, les Etablissements Bretaudeau proposent un système de règlement en dix mensualités, sans intérêt, autour d'une date pivot. Si le vigneron préfère, il peut demander un plan de financement, avec report d'échéances sur deux à trois mois. Dans ce cas, il paye une partie de la facture en avril, puis le reste en mai et juin, avec des intérêts.
La CAPL (Coopérative agricole Provence-Languedoc) propose le même type de service. Les vignerons listent, en début d'année, les volumes d'intrants dont ils vont avoir besoin. La CAPL leur fait ensuite une mensualisation sans intérêt, de février à octobre avec, comme pivot, le mois de juin. Les Etablissements Fortet-Dufaud, dans le vignoble de Cognac, proposent à leurs clients des échéanciers de paiements, en général sur trois mois, avec une date pivot en avril. Si le vigneron veut régler par anticipation, il bénéficie d'un escompte. S'il paie après, il doit des intérêts. Les distributeurs peuvent aller plus loin, en proposant des prêts d'approvisionnement à court terme, en partenariat avec les banques. C'est le cas des Etablissements Perret, dans le Midi. ' L'avantage pour le vigneron est de pouvoir faire face à des rentrées d'argent irrégulières. Pour cela, nous faisons un prévisionnel sur douze mois maximum. Cela permet de raisonner ses achats et de donner des priorités ' , explique Xavier Ato, technico-commercial.
Cet accord tripartite avec les banques pour l'approvisionnement n'est pas encore rentré dans les moeurs, le taux actuel étant de 4 % par an.
La CAPL propose également des prêts sur deux à neuf mois, par le système de billet à ordre, une sorte de reconnaissance de dette. En partenariat avec le Crédit agricole, elle réalise des pactes de financement. La banque débloque des crédits, remboursables en trois, voire quatre mensualités, pour financer les intrants de la coopérative.