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Agrément en bouteilles : la garantie maximale au prix fort

La vigne - n°173 - février 2006 - page 0

L'agrément en bouteilles va dans le sens d'un rapprochement de la mise en marché, souhaité par l'Inao. Plus fiable et plus coûteux qu'un agrément en vrac, il exige aussi quelques précautions.

'Il faut rapprocher le plus possible l'agrément du moment de la mise en marché. Le comité national de l'Inao a acté ce principe, mais il reste à définir les modalités pratiques pour y parvenir ', explique Philippe Doumenc, de la Commission agrément de l'Inao. Certains syndicats viticoles ont pris les devants en s'imposant un agrément après la mise en bouteilles. C'est le cas de l'appellation Montravel depuis le millésime 2001, des vendanges tardives et sélections de grains nobles en Alsace depuis 2002, et des Côtes de Bergerac depuis 2003. D'autres appellations ont déjà décidé de leur emboîter le pas : Corbières-Boutenac le met en place pour son premier millésime, le 2005, et quatre villages bourguignons le testent aussi à partir de cette année (voir encadré).

Dans les trois cas où l'agrément en bouteilles est déjà en place, c'est le propriétaire du vin qui le déclenche. Dans le Bergeracois, il est forcément producteur. En Alsace, ce peut être un négociant : celui-ci peut acheter du vin non agréé, mais accompagné d'un certificat d'aptitude.
C'est au propriétaire de juger quand son vin est prêt au conditionnement, puis après mise, quand il est apte à subir l'agrément. La mise en bouteilles peut très bien avoir lieu la veille du prélèvement. ' En général, les opérateurs respectent un délai d'environ un mois après conditionnement, afin que le vin se remette de ce traitement traumatisant ', assure Olivier Sohler, au centre de dégustation de Colmar (Haut-Rhin).
Le propriétaire du vin envoie alors sa demande d'agrément à l'organisme agréé. Comme pour du vrac, il doit seulement respecter le planning prévisionnel des dégustations, et le temps minimum d'élevage imposé par le décret. Ainsi, les vendanges tardives et sélections de grains nobles alsaciennes ne peuvent être agréées avant dix-huit mois. Libre à l'opérateur de demander l'agrément vingt-cinq ans plus tard, s'il le souhaite. Pour les Côtes de Bergerac, l'agrément d'un millésime est possible dès le mois de décembre n+1. Montravel doit attendre le mois de juillet n+2.

A ce stade, les bouteilles sont généralement conservées en piles ou en palettes, en tiré- bouché. Il est préférable en effet de ne pas étiqueter le vin tant qu'il n'est pas définitivement agréé et même de n'utiliser aucun signe distinctif de l'AOC revendiquée (comme un bouchon marqué), au risque de devoir recommencer. ' Cela pose tout de même un problème pour Montravel qui a une bouteille spéciale ', relève Pierre-Henri Cougnaud. En cas d'échec à l'agrément, il faut donc déboucher, passer l'agrément en Bergerac, puis reconditionner le vin.
Autant de frais supplémentaires et de manipulations néfastes pour le vin. Mieux vaut donc être sûr de soi avant de se présenter. ' C'est l'intérêt des dégustations syndicales préalables, poursuit Pierre-Henri Cougnaud. Comme les opérateurs jouent bien le jeu, nous pouvons nous vanter d'avoir un agrément à 100 % en Montravel et Côtes de Bergerac, tout en ayant éliminé 30 % des vins entre la déclaration de récolte et l'agrément définitif. ' Quand l'agent préleveur vient échantillonner le vin, il doit disposer du stock, afin de contrôler la quantité déclarée, et de sélectionner les bouteilles pour l'analyse et la dégustation. Il les choisit au hasard, en général sans pouvoir prendre en compte les débuts et fins de conditionnement : ' Ce serait trop lourd à gérer ', admet Pierre-Henri Cougnaud.
A Bergerac, l'agent en prélève quatre, autant que d'échantillons de vrac dans un agrément classique. En Alsace, il en sélectionne trois : une sera analysée et une dégustée, la troisième servant de sécurité en cas de goût de bouchon.

Pour les vins alsaciens, ' l'ensemble d'un lot doit être homogène et présenté en une seule fois ', ajoute Olivier Sohler. Le lot présenté correspond à un certificat d'aptitude, ou à plusieurs s'il résulte d'un assemblage. Au maximum, le volume agréé sera celui figurant sur le certificat d'aptitude. Si l'opérateur décide de fractionner la présentation de ses vins à l'agrément, seule la partie présentée pourra prétendre à l'agrément en vendanges tardives ou sélections de grains nobles. Le reste sera automatiquement déclassé. Cette mesure permet d'éviter les substitutions.
L'agrément en bouteilles coûte plus cher qu'un agrément classique. En Alsace, par exemple, le certificat d'aptitude impose un doublement du nombre d'analyses à la charge du demandeur. De plus, les analyses nécessaires pour l'agrément en bouteilles sont plus complètes, afin de suivre le vin entre la récolte et son examen final. Chacune revient 6 euros HT plus cher qu'une analyse d'agrément classique. A Bergerac, pour l'instant, les coûts sont lissés entre les appellations : l'agrément revient à 0,66 euros/hl déclaré en appellation quelle qu'elle soit. ' Nous savons que l'agrément en bouteilles nous coûte plus cher qu'en vrac, admet Pierre-Henri Cougnaud. Maintenant que nous avons dépassé la phase expérimentale, nous allons peut-être moduler la cotisation en fonction de l'appellation revendiquée. Mais cela reste compliqué pour les situations de repli. '

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