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Le docteur Jules Guyot : l'apôtre du progrès

La vigne - n°173 - février 2006 - page 0

Médecin, inventeur et viticulteur, le docteur Jules Guyot était un homme hors du commun. Il a dressé un inventaire complet de la France viticole et recommandé la taille qui porte son nom.

L'éloge funèbre du docteur Guyot, prononcé par le comte de la Loyère, célèbre un homme hors du commun : ' Le docteur Guyot avait la plus belle et la plus rare intelligence ; mais ce qui frappait plus encore en lui, c'était l'amour ardent du vrai et du bien. Il a rendu par ses travaux les plus grands services à la science, à l'industrie, à l'agriculture. ' Il est né à Gyé-sur-Seine (Aube), le 17 mai 1807. Son père, un notaire qui possède un domaine entre Ervy et Chaource, l'initie à l'agriculture. Mais Jules Guyot étudie la médecine à Paris.

Lorsqu'éclate la révolution de 1830, il fait partie des jeunes républicains émeutiers opposés au gouvernement de Louis Philippe. Arrêté en février 1831, il rédige son premier ouvrage en prison : Eléments de physique générale. Relâché en 1832, il délaisse la politique et se consacre à la médecine et aux sciences.
En 1842, il s'installe à Argenteuil sur un terrain de 3 ha où il mène ses expériences agricoles, viticoles et horticoles. Il les poursuit simultanément dans deux autres propriétés de 24 et 34 ha, à Châlons et à Sillery (Marne). Jules Guyot est un scientifique touche-à-tout, dont les talents se manifestent dans des domaines variés. Il met en évidence l'action de la chaleur sur la guérison des plaies. Il invente un nouveau système de ponts en bois et en fonte, adopté par la Compagnie des chemins de fer. Il crée une locomotive à trois pistons. Il met au point une machine à ramollir les bouchons, et un procédé d'embouteillage et de manutention des bouteilles. Il fabrique un trieur de graines, un laveur de betteraves, une moissonneuse, des paillassons pour protéger les vignes du gel de printemps. Il sélectionne la poire Guyot... On lui doit aussi un essai sur la navigation, un traité de télégraphie, un bréviaire de l'amour expérimental.
En viticulture, ses expériences débouchent sur des conseils pratiques. Par exemple, il recommande le mode de taille qui porte son nom, et la plantation en ligne avec des fils de fer et des piquets. ' Cette méthode de taille que je recommande n'est point nouvelle , souligne Jules Guyot. Elle est appliquée de temps immémorial, mais sans principes et sans règles fondées . ' A ses yeux, ' lorsqu'un vigneron taille sa vigne en coursons à deux ou quatre yeux, il est assuré de jeter bas sa plus belle récolte '. La taille à un courson et à un long bois répond parfaitement à la production vigoureuse du bois et à la fructification régulière de la vigne. ' Tant que la branche à bois donne des jets suffisants pour la taille de l'année suivante, le vigneron peut allonger sa branche à fruits ; aussitôt que ces jets faiblissent, la branche à fruits doit être tenue plus courte. L'expérience du vigneron prime ', écrit-il.
Jules Guyot préconise de tailler au moment de l'ascension de la sève, à la fin de l'hiver. Réaliste, il conseille avec humour de ' ne jamais demander à la chimie de transformer des citrouilles en melons '. Car ' pour faire du bon vin, il faut planter de bons cépages '. Il dénonce les ' dangers des vendanges hâtives '. Il affirme : ' Tous les efforts du viticulteur distingué doivent tendre, non pas à arracher le raisin demi-mûr aux fléaux climatiques en le vendangeant de bonne heure, mais à le protéger contre ces fléaux jusqu'à parfaite maturité. '

En 1860, il publie un manuel pratique : Culture de la vigne et vinification . En 1858, à la demande de Napoléon III, il entreprend une vaste enquête et des voyages dans tous les vignobles de France. Ils donneront naissance à ' une série de rapports ' et un inventaire complet ' sur l'état et l'avenir de la viticulture ' en France.
Dix ans plus tard, ils seront synthétisés dans l'ouvrage majeur de Jules Guyot, Etudes des vignobles de France. Il s'éteint le 31 mars 1872 chez le comte de la Loyère qui lui avait offert l'hospitalité, au château de Savigny-les-Beaune (Côte-d'Or).

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