En 2005, les exportations françaises en Russie ont progressé de 26 % en volume et de 16 % en valeur. Ce marché s'ouvre à tous les vignobles de France, mais sa conquête demande beaucoup de précautions.
Bonne nouvelle pour les exportateurs : le marché du vin explose en Russie. ' C'est un produit nouveau. Avant 1999, il y en avait peu ', remarque Brice Faravel, d'Ubifrance. Si la vodka fait toujours partie de la culture du pays, elle laisse progressivement la place à des alcools moins forts, qui font moins de ravages.
' Les autorités russes encouragent la consommation de vin ', pose Brice Faravel. D'autre part, avec le développement des nouveaux riches et l'occidentalisation de la consommation, le vin devient un produit très prisé. Les Russes privilégient les vins rouges et sucrés. Ils achètent en priorité des demi-doux, puis des demi-secs, des secs et des doux.
Au milieu des années 90, les marques russes tenaient le haut du pavé. Puis du fait de l'ouverture du marché, des vins espagnols, italiens, français et du Nouveau Monde sont apparus. La France se situe en bonne place. Selon les Douanes et Ubifrance, ses exportations totales de vins vers la Russie étaient de 387 704 hl en 2005. Elles ont augmenté de 26 % en volume et de 16,4 % en valeur, par rapport à 2004. Il s'agit pour une bonne part de vins de table (122 426 hl) et de vins de base pour l'industrie (183 514 hl). Mais les volumes de vins de pays (35 362 hl), d'effervescents (6 147 hl) et de VQPRD tranquilles (39 860 hl) restent encore faibles. Plusieurs régions misent sur ce pays.
Avec 23 600 hl exportés en 2005 (+ 12 % par rapport à 2004), Bordeaux est la première AOC présente en Russie. La Bourgogne commence à s'y mettre. ' La Russie est devenue notre douzième marché, avec un peu plus de 620 000 cols exportés en 2005 ', indique Frédéric Dupray, du BIVB. Cette année, la région a donc mis ce marché dans ses actions de communication. Mêmes échos dans le Muscadet : ' Pour l'instant, seuls 172 hl de muscadet ont été exportés en 2005. Il faut se tourner vers ce pays émergent ' , considère Agnès Aubin, de l'interprofession des vins de Nantes.
' La segmentation est claire : 70 % des vins sont des entrées de gamme, 25 % sont des coeurs de gamme, le reste est réservé aux crus et aux vins prestigieux. Il ne faut pas glisser sur les entrées de gamme ', prévient Agnès Aubin. Une analyse partagée par Rovshan Safarov, d'eLigne, une agence spécialisée en communication vers la Russie, en cours d'implantation en France. ' Il existe une forte demande sur le haut de gamme. Les vins français sont considérés comme des produits de luxe. Ils doivent être chers ', rapporte-t-il. La communication et le marketing sont donc primordiaux. De plus, ' il faut former les prescripteurs ', estime Agnès Aubin.
Pour Brice Faravel, une autre difficulté est l'absence d'uniformité du marché. ' Il existe une multitude d'opérateurs '. Le nombre de cavistes est encore très important. La distribution est en pleine phase de structuration, avec la création de chaîne de supérettes, supers et hypermarchés. Des enseignes occidentales comme Auchan et Métro se sont récemment installées.
Dernier frein, les formalités douanières et fiscales : il faut obtenir une licence, la certification des produits, mettre l'étiquetage en conformité, payer les impôts. ' Jusqu'à présent, il existait quatre impôts différents. Depuis le 1 er janvier 2006, les règles ont encore changé. '
Avant d'aller sur le marché russe, il faut prendre toutes les précautions nécessaires. Le mieux est de passer par un gros importateur. ' Il offrira toutes les garanties et s'occupera de toutes les démarches administratives. C'est un marché difficile quand on n'a pas d'expérience ', prévient Brice Faravel.