La cave de Saint-Hilaire-d'Ozilhan (Gard) connaît désormais le potentiel de chaque parcelle. Cela lui permet d'optimiser ses sélections pour ses différentes cuvées.
Chez les vignerons de Saint-Hilaire-d'Ozilhan, le terroir n'a plus de secret. Pendant dix ans, les techniciens l'ont ausculté pour connaître le potentiel de chaque unité. L'aventure débute en 1985. Cette année-là, la cave décide de se lancer dans la sélection des terroirs selon des critères visuels, comme la présence ou non de cailloux. ' Les résultats ont été décevants ', expose Carel Aubineau, technicien vitivinicole de la cave d'Ozilhan.
En 1987, elle crée une société commerciale, ce qui demande ' une vraie démarche produit '. Exit l'empirisme. En 1992, la cave fait appel au cabinet Sigales, spécialisé dans l'étude des sols et des terroirs viticoles. Celui-ci creuse 70 fosses et réalise une carte pédologique au 1/5 000 e, montrant la répartition des principaux terroirs identifiés. ' On pouvait mettre un nom sur chaque terroir, mais on ne connaissait toujours pas leur potentiel. ' L'année suivante, la cave se tourne vers l'ICV.
Pendant dix ans, sur chaque terroir, les techniciens étudient le comportement du grenache et de la syrah, allant jusqu'à faire des microvinifications. Depuis, la cave vinifie les parcelles selon leur potentiel ' Par exemple, les épandages sablo-caillouteux et les sables limoneux caillouteux sont vinifiés traditionnellement avec des cuvaisons longues. Les raisins issus des sols de marnes ou de loess sont traités en flash-détente, pour extraire le maximum de couleur et de tanins. Sur ces sols, l'extractibilité des anthocyanes est faible. Ce process extrait l'intégralité du potentiel, ce que la vinification traditionnelle ne permet pas. ' En plus, la cave pratique des sélections selon la conduite des parcelles. Ce travail guide les assemblages et permet de mieux répondre aux besoins du marché, grâce à une gamme cohérente.
Mais l'étude des terroirs sert aussi pour le conseil technique. Carel Aubineau se réfère systématiquement à la carte des sols pour orienter les plantations. Par exemple, sur les épandages sablo-caillouteux sujets au stress hydrique, il recommande le grenache, plus robuste que la syrah.
Sur les sables limono-caillouteux, il préconise le mourvèdre, cépage capricieux qui ne peut pas être implanté dans d'autres zones. Il utilise aussi l'étude pour l'entretien des sols. Ainsi, il conseille l'enherbement permanent dans les marnes et les loess pour limiter la vigueur. En faisant des analyses pétiolaires complémentaires sur chaque unité de terroirs, il connaît leur fertilité. Chaque année, il édite une fiche de conseils sur la fertilisation selon les terroirs.