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Le warrant agricole, un ' centenaire ' toujours utile

La vigne - n°176 - mai 2006 - page 0

Le warrant agricole est l'une des garanties qu'un viticulteur peut offrir à un prêteur. Il est régi par une loi de 1906. Récemment, les Côtes du Rhône se sont souvenues de ce ' centenaire ' pour bâtir leur plan de maîtrise de l'offre.

Fin 2005, Inter-Rhône juge qu'il faut bloquer une partie du millésime pour faire remonter les cours anormalement bas. L'interprofession propose aux banques de verser aux caves particulières et coopératives, une avance de trésorerie de 80 euros par hectolitre qu'elles acceptent de bloquer. Elle propose aussi de prendre en charge les intérêts afférents à ces prêts. Mais les banques exigent des garanties. Inter-Rhône se souvient alors des warrants, presque oubliés.
Jérôme Villaret, en charge du dossier à Inter-Rhône, explique : ' Nous sommes tombés d'accord sur trois formules. La banque peut demander un warrant simple, avec inscription au greffe du tribunal. En principe, cette démarche comprend des frais de dossier, mais nous avons négocié une exonération. '
Si cela ne suffit pas, la banque peut réclamer un suivi des warrants. Ce suivi est assuré par des entreprises privées, qui se rendent dans les caves tous les deux ou trois mois pour vérifier que les volumes warrantés y sont toujours. Inter-Rhône a négocié avec ces sociétés spécialisées, le coût des suivis et les a pris en charge.

Le troisième niveau de garantie est le gage avec dépossession. Dans cette hypothèse, l'entreprise qui suit les warrants en devient automatiquement propriétaire en cas de défaillance du vigneron. Elle devient donc créancière prioritaire.
Pour l'instant, sur la centaine d'entreprises qui a mis des vins en réserve, une vingtaine a dû warranter ses stocks pour obtenir l'avance de trésorerie. ' Cela représente 30 % des volumes bloqués ', précise Jérôme Villaret. Pour la moitié de ces dossiers, les banques ont imposé un suivi des warrants. Mais elles n'ont demandé aucun gage avec dépossession.
En Champagne et dans le Bordelais, les warrants ne sont jamais tombés dans l'oubli. ' Environ 30 % des producteurs bordelais les utilisent ', déclare Marie Olivier, secrétaire générale de la caisse régionale d'Aquitaine du Crédit agricole.

Chaque année, après les vendanges, la banque réunit la filière viticole bordelaise pour se mettre d'accord sur une évaluation des stocks de vin. ' Lors de la dernière réunion, qui s'est tenue en novembre 2005, la profession a mis en avant la qualité du millésime pour défendre un prix de 1 000 euros le tonneau (900 l) de bordeaux rouge. Nous avons accepté cette évaluation, sachant que nous finançons 60 % du prix de vente espéré ', poursuit Marie Olivier.
Bien sûr, les 600 euros/tonneau ne sont pas un dû. ' La banque se réserve le droit d'analyser les demandes de prêts au cas par cas. Elle peut très bien décider d'autres modalités d'accompagnement si le risque d'insolvabilité de son client est trop élevé. ' Quoi qu'il en soit, le système des warrants a permis à de nombreux vignerons d'obtenir, quelques semaines après les vendanges, des prêts à court terme pour 600 euros/tonneau de vin warranté. Une bouffée d'oxygène.

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