Le confort de travail est phénoménal
En 2000, Stéphane Lavoignat et François Grenot assistent à un stage sur les effluents vinicoles organisé par la chambre d'agriculture. C'est le déclic. Avec leurs collègues, ils décident d'en finir avec les rejets à la rivière. ' Au départ, on pensait juste à une aire de lavage pour les machines à vendanger. On s'est dit aussi, qu'en saison, elle pourrait servir au remplissage et au lavage des pulvérisateurs. Puis, on a décidé de faire une deuxième aire pour le stockage des marcs et d'épandre les effluents de cave. Quitte à faire quelque chose, autant que ce soit complet ', explique Stéphane Lavoignat. Les vignerons se regroupent en Cuma pour monter le projet. ' La chambre a mis un stagiaire à notre disposition pendant six mois. Il a travaillé tout l'été 2002 sur notre projet. Ce fut une chance, car ce type d'aire n'existait nulle part. ' Début 2003, la Cuma valide le projet. Les travaux démarrent. L'aire de lavage des machines à vendanger, la plate-forme de stockage des marcs de 200 m 2, et le plan d'épandage sont opérationnels dès la vendange. L'aire de lavage est pourvue de postes de remplissage des pulvérisateurs l'année suivante.
D'une surface de 180 m2, cette aire est équipée de trois postes de lavage. Les tuyaux sont installés sur des dérouleurs. Chaque poste offre un débit d'eau de 8 m 3 par heure. ' Cela permet de faire un rinçage très important. ' Pour le remplissage, le réseau est équipé de clapets antiretour. La Cuma a opté pour deux trémies d'incorporation des phytos. Il s'agit d'un récipient dans lequel le vigneron verse directement les produits bruts. Ensuite, il introduit l'eau pour diluer les phytos. Ces derniers sont transférés directement dans la cuve du pulvérisateur grâce à un tuyau. ' Ce système nous évite de respirer du produit. On n'est plus obligé de monter les bidons au niveau de la cuve du pulvérisateur. Cela évite les chutes. On gagne au niveau de la santé et en temps : jusqu'à une demi-heure par remplissage pour certains vignerons. Les trémies sont équipées de rince-bidons. A peine lavés, nous les jetons dans des sacs prévus à cet effet. Rien ne traîne. '
Chaque vigneron relève le compteur d'eau avant et après avoir rempli son pulvérisateur. Il note le résultat sur une fiche dans le petit bureau situé à côté de l'aire. ' Cela nous sert à facturer les coûts au prorata de la consommation d'eau de chacun. ' Le même système est appliqué pour le lavage. ' On facture 8 euros le m3 d'eau. Ainsi, par exemple en 2005, le coût du lavage des machines à vendanger par vigneron oscille entre 550 et 1 000 euros/an. '
De l'avis des vignerons, ' le confort de travail est phénoménal. Il arrive qu'en période de vendange, il y ait un peu de bousculade. Mais ça ne pose pas de problème. La cabane est équipée d'un petit réfrigérateur, on se désaltère en attendant qu'une place se libère. Par contre, pour le remplissage, il est rare qu'on se retrouve à deux '. Par ailleurs, l'aire est équipée de lampadaires, ce qui permet de travailler tard.
Pour la récupération des eaux, l'aire possède trois vannes. La première sert à récupérer les débordements de cuve et les eaux de lavage des pulvérisateurs. Elle oriente les effluents vers une petite cuve équipée d'une pompe immergée, qui renvoie vers une cuve de réception. Prochainement, la Cuma va investir 15 000 euros dans un biobac de 50 m 3 pour les traiter.
La deuxième recueille les eaux de pluie et les dirige vers le réseau naturel. La troisième sert à récupérer les effluents lors du lavage des machines à vendanger qui passent dans un débourbeur, puis dans un séparateur d'hydrocarbures. Les eaux sont ensuite stockées dans une géomembrane de stockage, en attente d'être épandues. ' Si une pluie est annoncée, il faut penser à fermer la première ou la troisième vanne, et à ouvrir la deuxième. C'est un peu délicat à gérer. ' C'est le seul inconvénient aux yeux de Stéphane Lavoignat.