J'ai changé la densité et le mode de conduite

Objectif Arracher un rang sur trois pour mécaniser et réduire les coûts
Le décret de l'appellation Beaujolais a été modifié en 2004 pour autoriser la réduction de la densité de plantation à 6 000 pieds/ha. L'objectif est de faciliter la mécanisation. En 2005, Jean-François Debourg, vigneron à Saint-Germain-sur-l'Arbresle (Rhône), a mis en oeuvre ce changement sur ses 20 ha de vignes.
' Sans transformer le vignoble, il est difficile de réduire les coûts. Nous devons trouver des solutions pour innover et aller de l'avant. '
Ses vignes étaient plantées entre 9 600 et 10 000 pieds par ha. ' J'ai arraché un rang sur trois, et rehaussé le palissage de 40 cm pour porter la hauteur de rognage à 1,70 m. Le coût des fournitures s'est monté à 300 euros/ha. C'est un gros chantier (800 h entre janvier et mai). Mon père et mon frère m'ont aidé ! '
Sur les parcelles passées entre 6 400 et 6 600 pieds/ha, il a taillé un peu plus long. Il a obtenu le rendement autorisé de 53 hl/ha, sauf sur les sites très séchants. ' Je suis adhérent de la coopérative de Bully. Mes raisins ont été vinifiés à part en cuvées de domaine. La qualité était satisfaisante et tout a été vendu en primeur. '

Tous les deux rangs, il a maintenant un interrang de 2 à 2,80 m suivant les parcelles, dans lequel il peut passer avec un tracteur étroit. Jean-François Debourg a moins de travail dans les vignes, puisqu'il y a moins de pieds et moins de longueur de rangs. L'attelage et le dételage sont plus faciles avec le tracteur, et sur route, il avance plus vite. Les parcelles étant réparties dans un rayon de 11 km, il perd moins de temps en déplacement. Il a ainsi pu prendre 4 ha de plus en fermage, en continuant à faire seul l'essentiel du travail.
Il s'est équipé d'un pulvérisateur face par face et d'une effeuilleuse. Il espère réduire encore un peu les phytos. En 2006, il a encore allongé la taille pour former le cordon. Il continue ainsi à diminuer les temps de travaux. ' A l'éclaircissage, je choisirai les grappes les plus grosses et les mieux placées. Cela fera gagner du temps aux vendangeurs. ' Il va ensuite installer le cordon, ce qui lui permettra de prétailler plus court. Il n'aura plus de baguettes à plier et moins de bois à tirer.
Bilan Moins d'intrants, moins d'heures, un peu plus de surface
La réduction du nombre de rangs à cultiver s'est traduite, dès 2005, par une baisse de 30 % des achats de phytos, d'engrais et de désherbants. Jean-François Debourg estime avoir déjà réduit ses temps de travaux d'un tiers. Il espère aller plus loin avec le passage en cordon. ' J'ai retrouvé une marge de manoeuvre. En agrandissant un peu ma surface, j'ai maintenu mon chiffre en 2005, malgré la réduction des acomptes. Je peux encore m'agrandir, mais j'atteindrai vite une nouvelle limite. En cinq ans, nous avons perdu 60 % de notre chiffre d'affaires. Nous ne pouvons pas tout récupérer en réduisant les coûts. Il faut que les cours redémarrent ! '