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Relogement des vins : débrouill e et solidarité

La vigne - n°178 - juillet 2006 - page 0

Avec les méventes et les retards de retiraison, beaucoup de vins se trouvent encore dans les chais. Comment s'y prendre pour les reloger ? Témoignages de producteurs et conseils de professionnels.

A l'approche des vendanges, de nombreuses caves sont sur le pied de guerre. Elles ont trop de vins sur les bras. Elles s'activent pour les reloger. La Fédération des caves coopératives de l'Aude a décidé de leur venir en aide. Elle a envoyé un questionnaire à ses adhérents au début du mois de juin, pour connaître les caves qui ont besoin de cuverie, et celles qui ont des disponibilités. La Fédération des caves de l'Hérault a fait de même. Jean Huillet, le président, explique : ' La nécessité de reloger est manifeste. Il y a deux possibilités : louer dans des chais entretenus, appartenant à des privés qui ont acheté des caves ayant cessé leur activité, ou bien reloger dans des coopératives qui ont une capacité de cuverie supérieure à leurs besoins. '
Les possibilités de stockage dans le Languedoc-Roussillon ne manquent pas. Avec l'arrachage et la baisse des rendements, de nombreuses caves disposent de place. ' L'enquête par circulaire, menée auprès de nos adhérents, a permis de recenser 158 000 hl disponibles ', rapporte Florentino Gonzales, directeur adjoint de la Fédération de l'Hérault.
Reloger ses vins présente un surcoût non négligeable, d'autant plus qu'ils n'ont pas fait entrer de trésorerie. ' Nous encourageons les actes de mutualisme, car il est évident que des caves ne pourront pas assumer le coût du relogement , confie Jean Huillet. Nous invitons ceux qui en ont la possibilité de reloger à titre gracieux ou à un prix raisonnable. ' Le contexte étant difficile, la solidarité est de mise.

Une fois le lieu trouvé, reste à organiser le transport et à concrétiser l'accord. Dans le Lubéron, une cave coopérative témoigne : ' J'ai déjà relogé en 2005 et je m'organise pour le faire aussi cette année. Avec 7 000 hl de stock, je n'ai pas assez de cuverie ', explique le responsable de la cave, qui souhaite rester anonyme. Il reloge ses vins à 12 km de chez lui, dans une autre cave coopérative, qui a un volume de cuverie largement excédentaire par rapport à sa production. ' En 2005, je me suis arrangé avec le transporteur qui m'a fait un prix. Après réception de l'accord des douanes pour reloger, j'ai signé un contrat avec la cave coopérative qui reloge mes vins, que je renouvelle tous les trois mois. Entre collègues, on se fait confiance. Nos vins sont suivis par leur oenologue comme les leurs. Je vais procéder de la même manière cette année pour reloger début août. Le volume que je relogerai dépendra des retiraisons du mois de juillet. Je fais mes lots en fonction des cuves de la coopérative qui accueille. L'année dernière, j'avais attendu la dernière minute pour reloger. Cette année, je vais anticiper pour ne pas être gêné . '

Chez les particuliers, on se débrouille aussi tant bien que mal. Les cuves de relogement se trouvent par le bouche à oreille, en général chez d'autres particuliers. Les volumes à reloger sont plus faibles. Pour rentabiliser ses chais sous-utilisés, la Compagnie rhodanienne Taillan, à Sète, négociant en vins finis, propose ses cuves à la location. Nicolas Deson, responsable du site explique : ' Nous avons environ 20 000 hl de cuverie disponibles, fractionnables en lots de 200, 500, 600, 1 000 et 1 200 hl. Les cuves sont en béton revêtu. Pour le stockage, le coût est forfaitaire le premier mois. Il inclut la prise en charge et la préparation de la cuverie pour réceptionner le vin. Ensuite, c'est un coût journalier. Nous passons un contrat avec la société qui demande le relogement, afin de déterminer le coût de stockage, la périodicité des contrôles analytiques des vins et, éventuellement, le transport. Nous adaptons notre prestation à la demande du client. '
' La quantité de vin qu'il faudra reloger juste avant les vendanges dépendra beaucoup de la souscription à la distillation de crise et de ses modalités d'application ', estime Michel Servage, président de la Fédération des caves coopératives de l'Aude. Cette distillation risque de démarrer tard dans l'été. Les vins concernés devront sans doute eux aussi être relogés. Afin d'alléger ce problème, la Fédération des caves de l'Hérault s'est concertée avec les distilleries coopératives : ' Elles sont prêtes à retirer les vins dès le mois d'août pour faciliter la rentrée de la récolte. Cela dépend, bien sûr, de leur propre capacité de stockage et des volumes qui seront portés à la distillation par chaque cave ', rapporte Jean Huillet, le président.
De son côté, la FNSEA veut obtenir des pouvoirs publics, des solutions d'accompagnement au relogement. ' Nous préparons pour le ministère de l'Agriculture, une expertise chiffrant le coût global au niveau national du relogement, du transport et des traitements ', explique Jérôme Despey, de la FNSEA et président de la Cave des coteaux de Montpellier. De plus, reloger ses vins présente un risque d'altération organoleptique et microbiologique. Il faut donc s'assurer de l'hygiène tout au long du transfert et du suivi des vins, si ceux-ci sont destinés à la vente.

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