' Nous avons commencé à nous intéresser aux marchés étrangers dans les années 70 , se souvient André Dubosc, directeur général des producteurs Plaimont, à Saint-Mont, soit 1 000 producteurs sur 5 300 ha . Nous produisions des vins de table de colombard à 9°5, vendus à bas prix. Nous voulions sortir de cette situation. ' Pour ce faire, les producteurs sont partis enquêter à l'étranger. Ils ont visité plusieurs pays, mais c'est outre-Atlantique, en dégustant un french colombard, que les Gascons prennent la mesure du potentiel de leur cépage.
De retour chez eux, ils décident de produire un vin de pays Côtes de Gascogne, blanc, léger et fruité provenant du colombard. Ils revoient leurs pratiques culturales. ' Nous avons abaissé les rendements de 160 hl/ha à 100 hl/ha. ' D'emblée, il connaît un succès important en Grande-Bretagne, en Belgique, en Hollande, en Allemagne et en Scandinavie.
Mais le groupement s'aperçoit des limites de ce cépage irrégulier d'un millésime à l'autre. Pour corriger ses défauts, il l'assemble avec deux autres cépages, l'ugni blanc pour son acidité et sa structure, et le listan pour sa souplesse. ' Le consommateur exige un produit régulier d'une année sur l'autre. Il fallait y répondre pour continuer à se développer à l'étranger ', précise André Dubosc. Cet assemblage donne naissance à la marque Colombelle. Il permet à l'entreprise d'équilibrer son vin, mais aussi de sortir de la compétition avec le Nouveau Monde sur le segment des vins de cépage.
' Avec les vins typés, c'est plus difficile '
Grâce à la Colombelle, Plaimont conquiert de nouvelles contrées : Brésil, Etats-Unis, Chine, Thaïlande, Philippines... Le groupement s'ouvre aussi des portes pour exporter ses appellations : Madiran, Saint-Mont et Pacherenc du Vic Bilh. Mais avec ces vins, les choses évoluent moins vite. ' Dès lors que l'on a des vins typés, c'est plus difficile avec les marchés étrangers ', observe-t-il. Il vend 20 % de ses saint-mont et 10 % de ses madirans en dehors de la France, contre 70 % de ses vins de pays.
Aujourd'hui, le groupement de producteurs Plaimont exporte 55 % de ses 34 millions de cols. Il réalise 50 % de son chiffre d'affaires à l'exportation. Il produit 6 millions de bouteilles de Colombelle et en vend 4 millions à l'étranger auprès des circuits spécialisés, à un prix de vente au consommateur de 5 à 7 euros. Les ventes de ce vin continuent de progresser : 5 % en moyenne sur les deux dernières années, toutes destinations confondues.
L'an dernier, au plus fort de la crise, les ventes du groupe ont progressé de 4 % en volume, et de 3 % en valeur par rapport à l'année précédente. Aujourd'hui, la tendance demeure positive. ' Sans cette stratégie à l'exportation, Plaimont n'existerait plus aujourd'hui. Nous aurions été balayés par la crise ', estime André Dubosc. Les voyages qu'effectuent les producteurs une fois par an leur ont permis de comprendre la problématique des marchés à l'export. ' Ce sera, osons l'espérer, un atout supplémentaire pour passer le cap de la crise. '
Plaimont veut continuer à s'étendre à l'extérieur de nos frontières. Pour cela, il va utiliser une recette qui a fait son succès en France : les animations de vignerons en grande distribution. Une quarantaine de jeunes volontaires suit, actuellement, une formation en anglais d'une durée de six mois, à raison de deux soirs par semaine. Bientôt, ils seront prêts pour aller prêcher la bonne parole en terre étrangère.