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Quatre biobacs à l'épreuve des faits

La vigne - n°178 - juillet 2006 - page 0

Plusieurs vigne- rons se sont lancés dans la construction d'un biobac pour anticiper la réglementation. Selon eux, le plus délicat est de bien dimensionner l'ouvrage. Pour éviter les erreurs, mieux vaut se faire accompagner d'un technicien.


Marc Augustin, vigneron à Avenay-Val-d'Or (Marne), exploite 10 ha. Il est satisfait de son biobac de 9 m 3 qu'il a construit en juin 2005, lorsqu'il a refait sa cour, sur les conseils du GDV, du CIVC et de l'ITV. Il a calculé les dimensions en fonction du nombre de lavages de son pulvérisateur. ' En général, je fais trois lavages en saison où j'utilise 200 l, et un gros au moment de l'hivernage où j'utilise 700 l. Mais j'ai surdimensionné mon biobac pour 15 ha, car j'envisage de faire un peu de prestation de traitement des effluents. '
Son biobac se situe 20 cm en dessous de son aire de lavage. ' Du fait de la pente, les effluents arrivent directement dans le bac. Grâce à un drain, ils sont répartis de manière homogène ', explique-t-il. Pour le substrat, il a pris la terre sur laquelle il lavait déjà ses tracteurs. ' Elle n'était pas vierge de phytos. Les micro-organismes étaient déjà préparés . ' Pour aérer le sol et favoriser le bon fonctionnement du biobac, il va semer des graminées. Pour le toit, il a opté pour un système de volet type véranda. ' On les ferme quand il pleut, et on les ouvre quand il fait très chaud. ' Pour vérifier que le bac n'est pas saturé en eau, il laisse dedans un tuyau en PVC. ' Il ne faut pas recréer un marécage. '

Laurent Mabille, sur le Domaine de Cantemerle, 47 ha à Saint-Gervais (Gironde), a construit son ouvrage, il y a trois ans, sur les conseils des Etablissements Touzan. Ce distributeur a été formé par Bayer CropScience qui propose toute une méthode de dimensionnement et de conception des biobacs.
Pour ceux réalisés selon leurs préconisations, la firme a déposé le nom de Phytobac. ' C'était la technique la plus simple à mettre en oeuvre et la moins onéreuse ', indique Laurent Mabille. Un an avant de construire son Phytobac, il a noté pendant toute une saison sa consommation d'eau, avec un compteur volumétrique, et calculé son volume d'effluents. Sachant cela, il a opté pour un système aérien, composé de huit bacs en plastique de 700 l, disposés à proximité de son aire de remplissage et de lavage. Les effluents sont pompés dans deux cuves de stockage temporaire de 10 hl chacune. Elles sont amenées au-dessus des Phytobac grâce à un chariot élévateur, puis vidées. ' L'avantage de posséder plusieurs bacs est que je peux les utiliser en alternance. En général, j'en ai six en fonctionnement et deux au repos . '
Pour lui, le plus important est de veiller à ne pas noyer la terre, sinon les bactéries ne peuvent plus travailler correctement. Pour juger de l'humidité des bacs et de leur bon fonctionnement, Laurent Mabille a mis dans chacun d'eux un petit puisard. Pour les protéger de la pluie et favoriser l'évaporation, il a posé une verrière en polycarbonate sur un châssis métallique. Une fois par an, il brasse la terre et la paille. Après cette dernière campagne, il devra envisager le repos complet des Phytobac et l'épandage du substrat. Au total, les Phytobac, l'aire de lavage et de remplissage lui auront coûté 6 100 euros.

Jean-Luc Chemin, vigneron à Sacy (Marne), a eu quelques soucis. Il a conçu lui-même son biobac en 2003 pour trois enjambeurs et 6,5 ha. Son idée paraissait bonne : il a opté pour un système en béton, d'un volume de 9 m 3, de 70 cm de profondeur, creusé sous son aire de lavage et de remplissage. Dessus, il a disposé des grilles. Elles permettent de rincer directement le matériel au-dessus du bac biologique. Pour le protéger des eaux de pluie, il a mis un barnum qu'il retire en période de sècheresse. Le tout lui a coûté 7 500 à 8 000 euros.
Mais le biobac ne fonctionne pas bien. ' Il y a peu de luminosité et la fraîcheur persiste. L'eau s'est accumulée au point de saturer le substrat. Il n'y a pas assez d'évaporation. J'avais mis des graminées, mais elles ont été noyées. J'ai remis des plantes aquatiques, mais ça patine encore . ' Pour y remédier, il envisage de purger son biobac pour en faire une fosse tampon, qui va récupérer les eaux de lavage. Les effluents seront ensuite redistribués dans des bacs aériens d'un mètre cube, qui seront mis à l'abri de la pluie et sur lesquels pousseront des plantes, fortes consommatrices d'eau. ' Même si mon système ne fonctionne pas comme je le voudrais, au moins, je ne rejette plus rien dans le milieu naturel ', se réjouit Jean-Luc Chemin.

Patrick Hospital, vigneron à Saint-Avit-de-Soulège (Gironde), travaille sur 26 ha. Il y a deux ans, il s'est lancé dans la construction de son aire de lavage et de son biobac en béton. Les effluents arrivent dans le bac par gravité. Au départ, Patrick Hospital n'avait pas calculé le volume d'effluents, mais s'était basé sur un biobac existant qu'il avait vu lors d'une démonstration. ' Les dimensions (2,20 × 3 m) étaient bonnes, mais pas la profondeur. J'avais seulement 20 cm de substrat. Le technicien de la chambre d'agriculture de Gironde m'a dit qu'il fallait le refaire. Avec lui, j'ai estimé le volume d'effluents que je produis en fonction de mes pratiques de lavage. J'ai cassé le biobac et je l'ai recreusé plus profond en mettant 60 cm de substrat. Mais l'idéal serait de l'avoir un peu plus hors de terre. '
A l'intérieur du bac, il a disposé un drain en PVC ajouré. Pour le protéger de la pluie, il a installé un toit en tôle, posé sur une structure en fer. Le biobac aura couté au total 400 euros. ' Mon neveu qui est maçon m'a aidé et j'ai utilisé du matériel de récupération. ' Depuis que son biobac fonctionne, Patrick Hospital n'a pas eu de soucis. ' Quelques fois, il y a une légère saturation lorsque les traitements sont rapprochés, mais ça se régule ensuite. '

(1) Marque déposée par la société Biotisa, start-up fondée par l'Inra.

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