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Curnonsky « Le vin est la boisson par excellence »

La vigne - n°180 - octobre 2006 - page 0

Toute sa vie durant, Curnonsky, le prince des gastronomes, a célébré la cuisine et les vins de France. Pour lui, « on ne saurait manger sans boire ».

Romancier, journaliste, gastronome, Maurice Edmond Sailland, alias Curnonsky, fut avant tout un « grand épicurien devant l'éternel ». Né à Angers le 12 octobre 1872, il est élevé entre sa grand-mère, son père et la cuisinière de la famille, Marie Chevalier, sa mère étant décédée lors de l'accouchement.
A l'âge de 18 ans, Curnonsky prend le chemin de la capitale pour suivre ses études. Il y reste, devient journaliste et fréquente les artistes de son époque : Willy, le mari de Colette, dont il sera l'un des nègres, Colette, Léon Daudet, Claude Debussy, Alphonse Allais... Avec ses 120 kg, il apprécie la bonne chair, les bons vins, les ambiances festives et conviviales. Bref, c'est un bon vivant, amateur de calembours, comme en témoigne le choix de son pseudonyme, inspiré de la vogue des noms d'origine russe. Curnonsky signifie, en latin, « pourquoi pas sky ».

En 1921, avec un autre épicurien, Marcel Rouff, il entame la rédaction et la publication de La France gastronomique. L'ouvrage (de 32 volumes, arrêté au 28 e à la mort de son collaborateur), présente les cuisines régionales et les meilleures tables de France. Il condense « la somme des richesses de nos terroirs ». En 1927, à 54 ans, il est sacré « prince des gastronomes » par 4 000 gastronomes ou cuisiniers. En 1928, il fonde l'Académie des gastronomes.
De dîners en dîners, Curnonsky mène, en réalité, une vie de bohème. Il ne se couche qu'à l'aube. Il a sa table attitrée dans les plus grands restaurants de Paris. Mais il demeure un authentique gars d'Anjou. « Il n'hésitait pas à venir s'asseoir à la table des Angevins de Paris et à célébrer, avec eux, le vin nouveau », témoigne Simon Arbellot, auteur du livre-hommage Curnonsky, Prince des gastronomes. Il était « toujours prompt » à vanter les mérites, les richesses et les vins de sa province natale, toujours prêt à « railler la formule par trop courante et quelque peu péjorative du petit vin d'Anjou, en rappelant les titres de gloire des quarts-de-chaume, savennières, coulée-de-serrant... ».
Autour de 1947, Curnonsky lance le magazine Cuisine de France, qui deviendra Cuisine et Vins de France . En 1950, il publie Bons Plats, bons vins, dédié à « la gloire de la cuisine française et des bons vins de France ».

Il livre de précieuses indications sur le mariage des mets et des vins, « car on ne saurait manger sans boire. Et il se trouve, par une chance providentielle, que les vins de France sont les meilleurs qu'il y ait au monde et les seuls que l'on puisse boire en mangeant, depuis nos incomparables grands vins jusqu'à ces fins et spirituels vins de pays qui accompagnent si bien les merveilles de notre cuisine régionale ».
« Le vin est la boisson par excellence, la seule parfaite, la seule capable d'accompagner la bonne cuisine . » Si Curnonsky célèbre les crus réputés du Bordelais, de la Bourgogne..., il manifeste son intérêt pour « les gentils vins de table ou de carafe, parure de nos vieilles provinces, qui ne se font pas remarquer, ne vous poussent pas le coude et sont un peu là quand même ».

« Il les citait sans arrêt », témoigne André Vrinat, l'un des premiers présidents de l'Association des amis de Curnonsky. Tout au long de ses écrits défilent les vins de Sancerre, de l'Orléanais, du Blésois, du Dauphiné, du Beaujolais... Avec de fréquentes allusions à ses chers vins d'Anjou et à plusieurs autres crus dont il était friand, en particulier le château-chalon, « cette sublime essence de soleil qui peut braver tout un siècle ».
En 1949, Curnonsky est reçu à l'Académie du vin de France. « N'était-il pas le grand prêtre incontesté d'une véritable religion du bien-vivre, reflet de cette forme de civilisation dont le divin nectar est à la fois un attribut et un symbole ? » commentera, à sa mort, son secrétaire général. Ses 80 ans furent célébrés dignement pendant plusieurs mois par le tout-Paris gastronomique.
Curnonsky meurt le 22 juillet 1956 en tombant d'une fenêtre de son appartement.

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