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Botrytis : une course contre la montre

La vigne - n°180 - octobre 2006 - page 0

Les pluies de mi-septembre ont fait exploser les baies, favorisant ainsi le développement de pourriture. La plupart des vignobles, excepté le Sud-Est, ont alors vendangé le plus vite possible.

Le millésime 2006 restera dans les mémoires comme celui des vendanges éclairs. « Quasiment tout le vignoble a été récolté en une semaine , annonce Jacques-Antoine Toublanc, du laboratoire Litov Anjou-Saumur. Habituellement, les vendanges s'étalent sur trois semaines. » Même empressement en Touraine. « Mi-septembre, on manquait de soleil, puis il est tombé 100 mm , relate Frédéric Roche, du laboratoire Charlot, à Bourgueil. L'état sanitaire nécessitait une réaction rapide. Bilan : tout le vignoble a été récolté en une semaine. »

Le Sud-Ouest a connu des pluies tout aussi abondantes, forçant les vignerons à presser le pas. « Les alternances climatiques de fin août et septembre sont à l'origine d'une maturation chaotique , explique Pierre Guérin, du Comité interprofessionnel du vin de la région de Bergerac. Après les 150 mm de pluies qui sont tombées sur le vignoble, cela a été une véritable course contre la montre pour éviter des dilutions trop importantes. De plus, on risquait un éclatement des baies, la quasi-totalité du vignoble bergeracois a été rentrée en dix à quinze jours au lieu du mois habituel. »
Début octobre, la pourriture menaçait. « La vendange fatigue très vite, précise Pierre Guérin. Dans la région, c'est un millésime de vignerons. Il y a ceux qui ont réussi tout au long de l'année à assurer une bonne protection au vignoble et qui s'en sortent bien, mais on trouve aussi quelques catastrophes. La moindre négligence s'est payée cash. » Au même moment, dans le Bordelais, la situation phytosanitaire semble plus difficile à gérer. « On passe de la maturité au pourri en à peine 48 h , constate Françoise Ligou, du Centre oenologique de Soussac. Les baies explosent et il n'y a rien d'autre à faire que de rentrer la vendange au plus vite. Le niveau qualitatif de la matière première est lié à la capacité à rentrer les raisins dans ce délai. »

Ce botrytis opportuniste ne concerne pas que le Sud-Ouest. Le Nord-Est aussi doit faire face à « des problèmes d'éclatement de baies et de pourriture grise généralisée », précise Sophie Prévot du laboratoire Immelé, en Alsace. Dans le Pays nantais, le pourri touche largement le Gros Plant et la région Sèvre-et-Maine. L'Anjou, la Touraine et la Champagne se sont aussi inquiétées. Seules quelques régions n'ont pas connu d'affolement.
A Sancerre, « on a observé quelques foyers de pourriture, mais ils ont séché », précise Bertrand Daulny, de la Sicavac. Même constat en Bourgogne. Le Beaujolais, la vallée du Rhône, la Provence et le Languedoc parlent, quant à eux, d'un millésime sain. Mais il est quand même « grand temps de finir », précise Olivier Roustang, d'Inter-Rhône.
Si des vendanges rapides ont permis de limiter la casse au niveau de la matière première, « certains chais ont du mal à absorber rapidement l'énorme volume de raisins », ajoute Jacques-Antoine Toublanc, du laboratoire Litov Anjou-Saumur. Les roulements de cuverie sont difficiles à gérer, les cuvaisons sont moins longues.

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