ImprimerQuatre sociétés proposent des appareils portatifs pour mesurer le taux d'oxygène dissous dans les vins. Les modèles à sonde optique de mesure sont plus simple d'emploi que ceux à sondes électrochimiques.
Les oxymètres de terrain ont un point commun : leur légèreté. Ce sont de petits appareils que l'on tient dans la main, et que l'on emmène dans le chai pour mesurer l'oxygène dissous dans les cuves de vin. Tous sont constitués d'un boîtier raccordé à une sonde que l'on plonge directement dans les cuves. Mais on distingue deux types de sondes : les unes sont électrochimiques, les autres optiques.
Les appareils à sonde électrochimique nécessitent un entretien particulier. Il faut faire un étalonnage avant chaque série de mesures, surveiller le niveau de l'électrolyte et vérifier le niveau d'encrassement de la membrane. De plus, l'électrode étant de façon générale fragile, il faut s'assurer qu'elle est équipée d'un dispositif antichoc.
La méthode optique est plus robuste. Une diode émet une lumière sur une membrane spéciale en contact avec le vin. Cette dernière réémet une lumière rouge, c'est la luminescence. Le délai de réémission détermine la concentration en oxygène dissous. Ce type de sonde ne nécessite aucun étalonnage.
Concernant la précision, chaque modèle a ses caractéristiques indépendantes de la technique de mesure. La référence dans ce domaine est un appareil de Hach Ultra Analytics : l'Orbisphère. Sa précision ? de l'ordre du microgramme par litre ? et son coût de base ? avoisinant les 9 000 euros ? en font un appareil réservé aux laboratoires et aux expertises poussées.
« Pour les mesures ponctuelles, nous proposons quatre modèles basés sur l'électrochimie », explique Philippe Perron, commercial chez WTW France. Le 315i est un appareil simple sans option. Le 330i et le 340i intègrent une mémoire permettant d'enregistrer les valeurs mesurées (date, heure, température, numéro d'identification et oxygène dissous). Le 340i permet, en plus, une exportation des données vers un PC. Elles sont alors exploitables via le logiciel gratuit MultiLab Pilot. Pour ces trois modèles, la société propose deux électrodes : CellOx, la plus courante, et DurOx, la plus précise. Elles ont une durée de vie d'environ six mois. L'étalonnage est rapide et se fait à l'air libre. Les sondes peuvent être équipées d'une cage de protection pour les utilisations en conditions difficiles, comme le sont les mesures directement en cuve.
Le modèle 197i peut être équipé de la sonde StirrOx. Elle intègre un agitateur pour créer un courant constant, permettant une bonne répétabilité des mesures. Pour tous les modèles, un kit d'entretien est vendu 165 euros HT, il contient trois membranes et de l'électrolyte de rechange.
« Nous proposerons également, dès octobre 2006, des sondes optiques de mesure , précise Philippe Perron. Elles sont plus adaptées pour les mesures en continu comme pour un suivi de micro-oxygénation. » Cette nouvelle sonde, appelée FDO, utilise la lumière verte qui est plus douce que la bleue. La membrane peut durer deux ans.
Depuis deux ans maintenant, Oenodev commercialise un oxymètre fondé sur la technologie luminescent dissolved oxygen (LDO). Cet appareil détermine la concentration en oxygène dissous par luminescence. « C'est un matériel convivial et stable adapté à l'utilisation en chai , détaille Stéphane Yerle, responsable produit chez Oenodev. Contrairement aux appareils à électrochimie, il n'y a pas de soucis de stabilité, d'entretien de membrane, d'électrolyte et d'étalonnage. »
La Cave coopérative de Bourdic (Gard) est équipée depuis le début de l'année. « Nous avons choisi le modèle HQ 10 , explique Michel Maupas, responsable de la production. Cet appareil nous permet de valider nos techniques de transfert, de remplissage de citernes et de mise en bouteilles : chose importante pour les négociants avec lesquels nous travaillons. Il est très simple d'utilisation, il n'y a pas d'étalonnage. Il n'y a pas non plus d'effet opérateur, n'importe qui peut faire la mesure. L'entretien est quasiment inexistant. Il suffit de rincer l'appareil après usage et de placer la sonde dans un récipient avec un dessicant. » Depuis que la Cave de Bourdic s'est équipée, Oenodev a sorti une nouvelle version qui permet de s'affranchir de ces conditions de conservation. « La sonde peut maintenant être conservée à l'air ambiant, explique Stéphane Yerle. Nous proposons également une solution couplée ? primée au Sitévi ? associant l'oxymètre LDO et un équipement de micro-oxygénation. Ceci permet un pilotage très fin de l'oxygénation des vins en élevage pour préserver le fruit. »
Hanna Instruments France s'est lancé, depuis mai, dans la mesure sur le terrain de l'oxygène dissous. Il s'agit d'un oxymètre à sonde électrochimique. « Nous nous sommes équipés pour faire le point sur les niveaux d'oxygène dissous de nos vins , explique Richard Barraud, du Château La Tour Prignac, à Prignac (Gironde). Nous voulons valider les observations que nous faisons. Cet appareil est pratique, la mesure est instantanée. Par contre, il faut faire un étalonnage de cinq minutes avant chaque série de mesures. Cet étalonnage doit être effectué dans les conditions de température où vont être faites les mesures. Pour cela, nous laissons quelques minutes la sonde juste au-dessus du vin à contrôler. Pour la maintenance, l'appareil a été fourni avec des pièces de rechange. Lors de la mesure en cuve, il faut agiter la sonde pour qu'il y ait une circulation de vin. Ce qui nous a attiré vers ce produit, c'est bien sûr son coût. Il est nettement moins cher que la concurrence. » En effet, le HI 9146 coûte 420 euros HT. « Nous sommes aussi présents sur le terrain pour assurer un service après-vente , rajoute Michael Sudrie, commercial chez Hanna Instruments France. Nous faisons à la fois les étalonnages des appareils Hanna, mais aussi des modèles de la concurrence. »
La société NéoSENS commercialise depuis quatre à cinq ans, des appareils permettant d'atteindre une précision de l'ordre de 1 µg/l. « C'est une technologie surdimensionnée pour le travail en cave vinicole, explique Bertrand Chevalley, de la société NéoSENS. C'est pour cela que nous allons sortir, pour 2007, un appareil avec une précision de 1 mg/l. Il s'agirait d'une déclinaison de nos appareils actuels en version portable et dotés d'une mémoire. » Pour l'instant, les modèles de la gamme Néolys sont réservés à des laboratoires. Ils sont vendus entre 3 000 et 5 000 euros HT. « Nous voulons sortir un produit à 1 000 euros HT environ. L'autre particularité de nos appareils c'est l'utilisation de capteurs jetables. Cela facilite les opérations de maintenance. » Il faut changer ce capteur après trois à six mois d'utilisation. La rechange coûte 150 à 200 euros. Ce principe évite les dérives de mesures dues à des membranes usagées. L'étalonnage se fait à l'air ambiant en quelques secondes.
