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La capsule à vis peine à se frayer un chemin en France

La vigne - n°180 - octobre 2006 - page 0

Parmi les alternatives au liège, la capsule à vis est le mode de bouchage le plus en rupture avec la tradition. En France, de nombreux professionnels se lancent, mais les consommateurs sont encore sceptiques.

A Chablis (Yonne), le Domaine Laroche a fait de la vis un vecteur de communication. « Nous avons démarré en 2002, uniquement sur nos grands crus. Nous voulions montrer que nous faisions ce choix, non pas par économie, mais bien pour la qualité du vin », explique Renaud Laroche, directeur marketing de la société Michel Laroche. Pour la France, empreinte de tradition, le pari est trop osé. Les clients ne suivent pas.

« Entre 2005 et 2006, les vins bouchés avec une capsule à vis n'ont représenté que 5 % de nos ventes en France, contre 63 % en Grande-Bretagne. » Mais l'entreprise persiste. « Depuis 2004, notre vin le plus haut de gamme à Chablis est bouché uniquement à vis. Nous proposons systématiquement les nouveaux produits en capsules à vis. Nous avançons petit à petit », dit-il. Pour le reste, l'entreprise laisse encore le choix aux acheteurs français entre la vis et le bouchon. Afin d'emporter l'adhésion des clients, la société mène des actions de communication. Elle diffuse une affiche en format A4, expliquant son choix. Eradication du problème de goût de bouchon, protection contre l'oxydation, garantie de vins plus frais et plus vifs, commodité : les avantages vantés sont nombreux. C'est bien le minimum pour vaincre la réticence des consommateurs.
Convaincue que ce bouchage est optimal pour les grands crus blancs, l'entreprise ne s'est pas encore décidée pour les rouges. « Nous réalisons des essais sur de grands rouges, car nous ne sommes pas sûrs que la vis soit le meilleur bouchage pour ces vins pouvant nécessiter une légère oxydation au vieillissement », confie Renaud Laroche.
Des caves coopératives se lancent aussi dans l'aventure de la bague à vis, comme la cave Terra Ventoux qui réalise 15 % de la production de l'AOC Côtes du Ventoux.
« Nous avons débuté avec un importateur anglais qui nous a proposé, voire imposé la capsule à vis. En 2005, nous avons décidé de lancer une nouvelle gamme destinée au circuit traditionnel. Baptisée French Folies, son packaging est résolument moderne. Nous avons opté pour un bouchage à vis, car il s'intègre bien à l'ensemble de l'habillage. La capsule est assortie à l'étiquette. Les ventes ont bien décollé, au niveau régional surtout », explique Elizabeth Lacote, responsable de l'export, marketing et communication. La bouteille coûte 3,50 euros au consommateur.
Née en 2003, la cave manque encore de notoriété pour imposer systématiquement la bague à vis. Elle se contente de la proposer pour les vins de sa gamme principale, Terra Ventoux. Aux acheteurs de choisir entre vis et bouchon. « La Grande-Bretagne est très preneuse, tandis que la France préfère le bouchage traditionnel. Mais nous poursuivons notre démarche. Nous cherchons à renforcer la présence de la vis dans l'Hexagone pour ceux qui l'apprécient. C'est une force de pouvoir proposer la bague à vis, à nous de l'utiliser. »
Dans le Sud-Ouest, les producteurs Plaimont utilisent aussi la vis pour des vins de plaisir faciles à boire. Deux produits phares de leur gamme sont concernés : Colombelle et Côtes de Saint-Mont rosé. « La vis est très bien perçue par les traiteurs et dans les bars, mais nettement moins dans les restaurants. On y achète sa bouteille cher et le côté festif du débouchage reste important », rapporte Xavier Gomart, directeur général.

Une fois de plus, la décision d'utiliser la capsule à vis répond à une demande des marchés à l'exportation. En France, les proportions de bouteilles vendues à vis sont encore très faibles : 100 000 par an sur les 2 M.
Chez les particuliers, Pierre de Colbert, du Château de Flaugergues, aux limites de Montpellier, est un adepte de la vis. « Le standard 75 cl liège n'est plus la solution », assène-t-il. Il a commencé la vis en 2004 et l'utilise partiellement sur toute sa gamme de vins, tout en continuant d'utiliser le liège et le synthétique. La transition vers la vis se fait en douceur. En 2005, 50 000 cols étaient à vis sur les 160 000 qu'il a vendus. Cette année, 90 000 cols sont en bague à vis. Pierre de Colbert balaie tous les arguments contre la vis. « Les Français se posent de faux problèmes à propos du potentiel de garde avec une bague à vis, puisque 85 % des vins sont bus dans l'année. Par ailleurs, le surcoût de la pose de la vis est compensé par la baisse des réclamations de clients sur les goûts de bouchon. Et c'est un investissement commercial par son caractère novateur . » L'export représente 80 % de ses ventes, le reste se fait au caveau et en circuit traditionnel. « Le caveau présente l'avantage de pouvoir expliquer de visu au consommateur de la bouteille. Il faut le rassurer et le convaincre par la dégustation . »
Il existe encore de nombreux freins au développement de ce mode de bouchage en France. Le point le plus délicat reste son image très bas de gamme. Les Français ont besoin de temps pour intégrer ce bouchage quelque peu révolutionnaire pour des vins de qualité.

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