Deux nouveaux vins de pays ont vu le jour en Beaujolais et à Bordeaux. Vignerons et négociants vont s'en servir pour conquérir de nouveaux marchés. Mais la production sera limitée.
Il a fallu attendre le début des vendanges pour que la nouvelle tombe. Le Beaujolais pourra produire, dès 2006, du vin de pays des Gaules, à raison de 85 hl pour les rouges et de 90 hl pour les blancs.
Reste la question des assemblages. Comme vin de pays de département, le vin de pays des Gaules ne peut utiliser que les cépages recommandés sur sa zone, soit le gamay et le chardonnay. D'où la demande faite par les instances beaujolaises pour obtenir une labellisation du vin de pays des Gaules en vin de pays des Comtés rhodaniens. Les négociants pourraient ainsi réaliser des assemblages avec les cépages de la Drôme et de l'Ardèche, « ne serait-ce que pour garantir une régularité de qualité », avance Henry Fessy, négociant-éleveur à Saint-Jean-d'Ardières (Rhône). Mais pas forcément avec de la syrah, comme beaucoup le pensent. « Pour ma part, le merlot, cépage plus rond, sera plus adapté que la syrah, trop dure . »
Cette première année devrait donc être marquée par des expérimentations et des volumes assez faibles, sans doute un total de moins de 20 000 hl.
Dans le Sud-Ouest, c'est également la prudence. Depuis cette année, les vignerons des deux Charentes, de la Dordogne, de la Gironde et du nord du Lot-et-Garonne peuvent produire le nouveau vin de pays de l'Atlantique.
Soixante-quinze producteurs, dont vingt-cinq grosses caves coopératives ont adhéré au nouveau Syndicat des producteurs de ce vin de pays. « Nous allons pouvoir utiliser des technologies autorisées par l'Office international du vin, que ce soit les mannoprotéines, les copeaux de chêne, mais aussi l'édulcoration. Et le nom du cépage sera sur l'étiquette », explique Frédéric Gonet (ci-contre). Ce viticulteur est partant. A 37 ans, il est à la tête de quatre propriétés en Bordeaux supérieur, Pessac-Léognan, Entre-deux-Mers et Graves de Vayres (250 ha, 1,8 million de bouteilles, dont 30 % à l'exportation). « Nos marchés français baissent. Nous devons trouver d'autres débouchés. » Il va consacrer 2 000 hl de sa production 2006 au vin de pays de l'Atlantique.
Des négociants se lancent aussi. Ginestet va tester une nouvelle marque, Cap 270, dédiée à ce VDP. Reste que le vin de pays de l'Atlantique ne provoque pas un raz-de-marée. Pierre Cambar table sur un volume de production de 35 000 hl. C'est peu. Les raisons ? Les viticulteurs attendent d'en savoir plus sur le devenir des AOC, avec la création annoncée des appellations d'origine simple. Un projet qui viendrait battre en brèche les vins de pays.