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L'oenotourisme fait recette

La vigne - n°181 - novembre 2006 - page 0

Soixante exposants français avaient rendez-vous à Bordeaux, les 19 et 20 octobre, avec une centaine de tour-opérateurs du monde entier. C'était la deuxième édition du workshop Destination vignobles qui entend promouvoir la France du vin auprès des professionnels étrangers du tourisme.

Ambiance studieuse. Deux jours durant, les 19 et 20 octobre, les exposants ont enchaîné les rendez-vous avec les visiteurs au hangar 14, un hall d'exposition situé sur le quai des Chartrons, à Bordeaux. Aurore Chapelle, en charge des produits touristiques à l'Office de tourisme de l'Entre-deux-Mers (Gironde), est encore toute étonnée d'avoir suscité l'intérêt de tour-opérateurs russes et coréens, pour des produits clés en main comme la participation aux vendanges.

Emploi du temps bien rempli aussi pour Anne-Sophie Lerouge, d'InterLoire. Elle connaît les bonnes recettes de l'oenotourisme, « une combinaison entre le vin, la tradition culinaire et le patrimoine ». Mais elle n'a pas fait que vanter son offre. Elle a aussi dû écouter les critiques des tour-opérateurs. « Ils déplorent que le service ne soit pas toujours au top. Les vignerons qui offrent des hébergements ne répondent pas en temps et en heures à leurs demandes. Ils doivent gagner en rigueur », estime-t-elle.
Pierre Cambar, directeur du Conseil régional des vins d'Aquitaine (CVRA), répète que « le viticulteur doit jouer les réseaux et s'insérer dans les stratégies de promotion des territoires ». Un message reçu cinq sur cinq par la Cave coopérative de Gigondas (Vaucluse, 83 vignerons, 70 % de ventes en bouteilles, 30 % en vrac). Il y a un an, elle a décidé de miser sur l'oenotourisme en embauchant Julia Moro, 28 ans, BTS commerce et oenologie en poche. « C'est l'un des moyens pour attirer et fidéliser la clientèle particulière. »
Ce 19 octobre, elle a enchaîné pas moins de dix-huit rendez-vous avec des tour-opérateurs américains, allemands et danois. Elle leur a montré toute la palette des formules qu'elle a concoctées depuis un an : de la simple visite d'une heure de la cave coopérative, jusqu'à la journée entièrement consacrée à des activités oenophiles. Au menu : randonnée dans le vignoble pour découvrir les terroirs et les cépages, pique-nique dans les vignes, balade dans le village médiéval de Gigondas, et petit tour du côté des dentelles de Montmirail.

En un an, 1 500 touristes sont passés par la cave de Gigondas. Julia Moro compte bien enrichir l'offre pour 2007, en s'intégrant dans les circuits nature lancés par le Haut-Vaucluse. Déjà, la coopérative a fait l'acquisition de racks à vélo et se propose d'acheminer les bouteilles achetées par les cyclistes jusqu'à leurs hôtels.
Pour Yves Bontoux, c'est carrément le carton plein. En deux jours, cet ex-directeur de l'Office de tourisme de Val Thorens et tout nouveau secrétaire général du groupe Raoux a rencontré trente-cinq tour-opérateurs d'Afrique du Sud, d'Australie, des Etats-Unis et d'Europe. « Ils sont séduits par le concept de la winery que nous créons. Cela nous conforte », lâche-t-il.

La winery ? Une idée lancée par Philippe Raoux. Ce propriétaire et négociant bordelais injecte 20 Meuros dans un lieu de découverte de l'univers du vin de tous les pays. Il construit un bâtiment de 12 000 m² dans un parc de 27 ha, à Arsac (Gironde). Chaque visiteur pourra trouver les nectars adaptés à ses goûts, en dégustant à l'aveugle cinq vins de style différent. Partant de ses impressions, un logiciel tracera son « signe oenologique ».
Côté animation, on pourra assister à des concerts dans un amphithéâtre de 120 places, admirer des expositions de sculpture. Un restaurant de 100 couverts est prévu, tout comme la possibilité de pique-niquer dans le parc. Philippe Raoux a signé un partenariat avec une vingtaine de vignerons. Ces derniers recevront les visiteurs de la winery. Pour cela, ils se sont engagés à respecter une charte prévoyant un accueil personnalisé, y compris le week-end. Une révolution dans le Médoc !
Global Tours, un tour-opérateur brésilien, a proposé à Yves Bontoux d'organiser, pour ses clients VIP, une dégustation des crus les plus prestigieux de la planète dans les chais de la winery. Le Norvégien Imagine Reiser a été séduit par la palette des activités proposées. Philippe Raoux est confiant. Il attend 100 000 visiteurs dès la première année.

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