Les conseils de bassins ont été créés pour favoriser l'émergence dans chaque région d'une interprofession unique. Dans le Val de Loire et en Languedoc-Roussillon, les professionnels n'ont pas attendu cette décision du gouvernement pour se concerter.
Poussées par la nécessité de repositionner leur offre, des régions développent, depuis plusieurs années déjà, la concertation entre leurs AOC et leurs VDP. « Nous avons fusionné les interprofessions d'Anjou, de Saumur et de Touraine au sein d'InterLoire. Puis en 2003, nous avons créé un Comité régional des vins de pays, et avec InterLoire et le Conseil interprofessionel des vins de Nantes, nous avons mis en route le projet de VDP du Val de Loire. C'est lui qui constituera le socle de notre offre régionale », explique Pierre Aguilas, président de la Confédération des vignerons du Val de Loire.
La prochaine étape sera la fusion entre le Comité régional des vins de pays et InterLoire, puis le rapprochement avec le Bureau interprofessionnel des vins du Centre. Quant au Conseil de bassin, « il va nous permettre de discuter ensemble de thèmes transversaux, comme le vin et l'alcool, ou les jeunes et les métiers du vin. Mais il ne doit pas empiéter sur les fonctions des interprofessions et des syndicats de vignerons », précise-t-il.
En Languedoc-Roussillon, les professionnels ont créé l'appellation régionale Languedoc. Ce projet a permis aux appellations de travailler ensemble. Et en avril 2004, est née l'instance régionale de concertation des vins, qui a débouché sur le rassemblement des quatre interprofessions de la région au sein d'une fédération. Cette fédération a lancé, avec le soutien du conseil régional, la marque collective Sud de France pour promouvoir sous la même bannière les AOC et les VDP.
« Nous nous sommes engagés sur un projet commun ! Mais cet été, nous n'avons pas profité pleinement des moyens de promotion que nous a attribués le conseil régional, car nous n'avons pas réussi à mettre en place un linéaire regroupant AOC et VDP. C'est une étape indispensable pour donner de la visibilité à Sud de France dans les rayons », affirme Jacques Gravegeal, président du Syndicat des vins de pays d'Oc.
Dans cette région, les appellations sont toujours réticentes à côtoyer les VDP dans les linéaires. Il ne suffit donc pas de se rassembler autour d'une table dans le but d'élaborer une stratégie commune pour effacer les divisions. Des professionnels regrettent également que l'autonomie promise aux bassins tarde à se concrétiser. Ils en veulent pour preuve le refus du ministère de l'Agriculture, d'accéder à leur demande de relever le rendement en VDT dans les appellations mixtes.
En Aquitaine, la situation est bien différente. Jusqu'à présent, il était peu question de concertation régionale, Bordeaux ayant rejeté les propositions de rapprochement faites par Bergerac à plusieurs reprises. Il a fallu que le préfet de la région prenne les choses en mains pour que ces deux vignobles se retrouvent avec Marmande et Duras.
« En constituant un bassin, nous allons gagner en réactivité, en efficacité et en cohérence , affirme Allan Sichel, président de la Fédération des négociants de Bordeaux. Une grande partie de nos difficultés vient du morcellement des organismes qui interviennent dans la filière. Nous voulons dépasser nos clivages. Il ne s'agit pas de tout révolutionner. Mais nous avons besoin des autres pour évoluer. La multiplication des opérateurs, chacun avec ses convictions et son souci de se différencier, a rendu la communication confuse. En nous concertant, nous pouvons redonner des repères simples aux consommateurs occasionnels qui n'attendent pas un discours technique sur le vin. »
Mais cela suppose une réelle décentralisation des prises de décisions. Or, dans la pratique, de ce côté-là, rien n'est encore fait.