La suppression des aides à la distillation est l'un des points majeurs du projet de réforme de l'OCM. Tout en se battant pour préserver des acquis, les professionnels se préparent à mieux réguler l'offre.
La production refuse la suppression de but en blanc de toutes les aides à la distillation. Les organisations professionnelles estiment que ces soutiens contribuent à réguler le marché. Elles partagent deux revendications. D'une part, le maintien des prestations viniques, indispensables pour des raisons qualitatives et environnementales. Sur ce point, d'après Joël Castany, vice-président de la Confédération générale des coopératives agricoles (Cogeca), « la Commission semble avoir reçu le message ». Mais la France doit absolument faire des économies. L'idée serait d'utiliser l'alcool issu des sous-produits, jusqu'ici destiné à l'industrie pour le marché de l'alcool de bouche.
La seconde revendication, largement partagée, est le maintien d'un filet de sécurité grâce à une distillation exceptionnelle de crise, pour faire face aux récoltes excédentaires. Pour la coopération (CCVF) et les vins de pays (CFVDP), cette distillation devrait être rendue obligatoire afin d'être efficace. La CFVDP ajoute que cette distillation ne devrait pas être payée pour qu'elle soit une vraie sanction. Pour ne pas pénaliser ceux qui ont des débouchés, il pourrait exister un transfert des obligations d'un producteur à l'autre.
De leur côté, les Vignerons indépendants de France proposent un système de rémunération dégressive, à la place d'une distillation obligatoire. Ceux qui apporteraient leur vin à la distillation dès septembre, seraient payés à 100 % du prix d'intervention, puis la rémunération décroîtrait tout au long de la campagne.
La production admet qu'à l'avenir, il faudra mieux gérer les volumes mis en marché. « Il faut généraliser le pouvoir de régulation de l'offre à l'ensemble des interprofessions françaises », estime Pascal Bobillier-Monnot, directeur de la Cnaoc (Confédération nationale des AOC). Joël Castany propose de se servir de la distillation des prestations viniques comme d'un outil de régulation. On modulerait annuellement le pourcentage des sous-produits devant être distillés.
L'affectation parcellaire est une autre solution couramment évoquée. « En modulant les rendements, on pourrait affecter directement des raisins à l'élaboration de moûts concentrés, d'anthocyanes ou de brandys. Cela évite de tout transformer en vins et de ne savoir qu'en faire . La distillation est une porte de sortie trop facile pour les vignerons peu précautionneux, dont les vins sont mauvais », estime Bruno Kessler, vice-président de l'Association générale des entreprises viticoles. Cette organisation est favorable à la suppression des distillations.
La suppression de tout ou partie des distillations semble inéluctable. Cependant, n'oublions pas que l'objectif de la réforme est de donner la priorité à la dynamique commerciale, la seule véritable porte de sortie face à la crise.