Le passage à la labellisation va disparaître. Il sera remplacé par un contrôle des entreprises, par sondage, à toutes les étapes de la production d'un vin.
Un contrôle continu
Philippe Doumenc, de l'Inao d'Hyères (Var), déclare : « Je n'ai pas que des droits, j'ai aussi des devoirs. Cette phrase résume bien l'état d'esprit du futur agrément. Cette réforme n'entraînera aucun bouleversement en cave. Elle permettra la reconquête d'une mentalité d'appellation. »
A l'avenir, il y aura un contrôle à toutes les étapes, de la culture de la vigne jusqu'à l'embouteillage. Du même coup, fini le moment décisif qu'est le passage à la labellisation. Pour être en phase avec ce nouveau principe, « dès la taille, il faut mener une réflexion à l'échelle de l'exploitation, expliquent Sylvain Micol et Olivier Lecomte, de la Fédération viticole d'Anjou. On ne décide plus à la récolte de l'appellation qu'on va revendiquer. Il faut s'orienter plus tôt. Les seuls changements, avec un gain qualitatif à la clé, c'est pour ceux qui avaient l'habitude d'ajuster la vinification au dernier moment ».
Pour la campagne 2006, une ou deux AOC angevines vont tester la nouvelle procédure d'agrément. Les Côtes du Rhône, le Médoc et l'Entre-deux-Mers se sont aussi lancés dans l'aventure.
« La Bourgogne est la plus avancée sur le dossier de l'agrément aujourd'hui , signale Philippe Doumenc. Elle présente les prémices de ce que pourra être la réforme. » La région teste la nouvelle procédure depuis l'année dernière. « On est quasiment dans le futur dispositif. Sinon, l'Inao n'aurait pas laissé élargir l'essai à 550 opérateurs », complète Cyril de Héricourt, directeur du Comité de viticulture de la Côte-d'Or.
Désormais, les contrôles portent sur neuf points clés, « mais nous allons certainement en ajouter d'autres pour compléter la procédure », explique Cyril de Héricourt. Trois contrôles ont lieu à la vigne, trois portent sur le chai et trois sur le produit. A la vigne, un comité de professionnels et des techniciens évaluent les conditions de production, l'état cultural et les mesures environnementales, comme l'enherbement des tournières. Au chai, les contrôles concernent l'hygiène, la maîtrise des températures et l'entretien du matériel. Les trois derniers critères sont les résultats aux examens organoleptique et analytique de l'agrément, et au suivi en aval de la qualité.
Un coefficient relativise le poids de chaque critère dans une notation sur cent. C'est cette note qui définit la pression de contrôle. 10, 30, 50 ou 100 % des lots de vins subissent un contrôle à l'acte de vente pour le vrac ou après le conditionnement pour les bibs et les bouteilles. Il est possible de faire contrôler le vin avant la mise, pour éviter des pertes de matières sèches. Dans ce cas, une analyse est nécessaire pour avoir la signature du vin et vérifier que c'est bien celui-ci que l'on met en bouteilles. C'est alors à l'opérateur de supporter le surcoût analytique.
Des dégustations ont lieu toutes les semaines. Les dégustateurs sont formés à la détection des défauts et aux caractéristiques du millésime. Ceux qui ne sont pas jugés compétents sont exclus des jurys. « Il nous reste à travailler sur les habilitations des producteurs et des négociants, et sur l'organisme de contrôle , rappelle Cyril de Héricourt. Il devra être séparé des syndicats, certifié et unique pour la Bourgogne. Il devrait être en place en avril 2007. »
Un tel dispositif a un coût. En Bourgogne, le futur organisme de contrôle emploiera dix personnes. La nouvelle procédure devrait coûter 0,50 euros/hl. « Le coût pour le producteur devrait être inférieur, car il y aura une participation du négoce », complète Cyril de Héricourt. En comparaison, l'ancien système coûtait 0,62 euros en Côte-d'Or et 0,42 euros en Saône-et-Loire.