La Maison des Maines utilise à la fois les fûts de chêne et les copeaux pour proposer une gamme de vins variée. La cave mise sur la transparence et ne cherche pas à cacher le fait qu'elle utilise des copeaux.
«Il faut dédramatiser le débat sur l'emploi des copeaux de chêne, déclare Eric Jaunet, responsable des chais de la Maison des Maines, une coopérative basée à Segonzac (Charente). Le consommateur a besoin d'explications claires et pas de débats inutiles. C'est ce que nous essayons de lui fournir. Nous ne cherchons pas à nous cacher ou à nous mettre en avant. La règle d'or, c'est la transparence. »
Depuis trois ans, la cave utilise des copeaux sur ses vins de pays des Charentes. Elle vinifie ou élève ses hauts de gamme en barriques. Pour ses vins intermédiaires et de terroir, elle fait appel aux copeaux dans le but de leur donner de la complexité sans trop les boiser. L'entrée de gamme de la cave, constituée de vins de cépages fruités, n'est pas boisée. « Nous ne spécifions pas si le vin est élevé en barriques sur l'étiquette, cela constitue un point de départ pour les discussions avec les clients , précise Eric Jaunet. Nous leur expliquons les process de vinification et les choix techniques. Nous ne cherchons pas à tromper le monde en faisant croire que nous faisons du boisé avec des barriques, alors que nous utilisons des copeaux. Ce serait déloyal. Il faut rester sur son segment, sur son image et mettre les choses à plat. »
La Maison des Maines adopte une stratégie de communication avec les consommateurs, fondée sur l'apprentissage. « Ils évoluent. Ils ont besoin d'en savoir le plus possible sur le produit », indique Eric Jaunet. La cave leur propose des dégustations afin de leur faire prendre conscience de leurs goûts et de leurs préférences, en détaillant les techniques permettant de les satisfaire. Si le sujet des copeaux ne vient pas sur le tapis, elle en parle d'elle-même. »
Avec les acheteurs professionnels, le discours est tout aussi clair. « Nous faisons aussi un gros effort pédagogique auprès de nos vendeurs et autres intermédiaires pour leur apprendre les intérêts de ces techniques que sont les barriques et les copeaux de chêne. Nous voulons leur donner des arguments à avancer si on les questionne sur le sujet. C'est du marketing, c'est là que la filière est en retard et doit progresser. »
Aux critiques dénonçant « l'industrialisation » du vin qui ne deviendrait, avec l'emploi de copeaux, qu'une « infusion de bois », Eric Jaunet répond qu'il en est de même pour la barrique. « Le seul vin vraiment naturel et sans intervention, c'est le vinaigre. Doit-on remettre en question l'emploi de la micro-oxygénation, des colles et de toute l'oenologie ? Dès que l'on explique les objectifs d'une technique, ce genre d'argumentation ne tient plus la route. »
Pour Eric Jaunet, le client doit savoir que « contrairement à ce que l'on peut entendre dans les médias, les copeaux ne permettent pas de masquer d'éventuels faux goûts. Ils ne servent en aucun cas à récupérer un mauvais vin. Il faut qu'ils soient conscients que ces produits n'apportent qu'un plus aromatique, et que le vin concerné doit déjà avoir une bonne qualité de base acquise à la vigne. C'est comme pour la barrique : un vin médiocre ne connaîtra que des déboires avec les copeaux. Par contre, nous manquons de recul vis-à-vis du vieillissement de la prise de bois au travers des copeaux. Nous avons encore à découvrir ».