Les cours repartent à la hausse. Les stocks dégonflent. La situation macro-économique des Côtes du Rhône s'améliore. Les exploitations sont encore en difficulté.
Distillation, réduction des rendements de 50 hl/ha à 45 hl/ha et mise en réserve : pour ajuster leur volume à la demande, les professionnels des Côtes du Rhône ont actionné ces trois leviers. Pour mémoire, le plan de régulation de l'offre, décidé au mois de novembre 2005, a consisté à mettre 200 000 hl de côtes-du-rhône en réserve, en contrepartie les producteurs ont obtenu un prêt de 80 euros/hl qu'ils ont bloqué.
Au bout du compte, la situation s'est assainie. Les stocks ont dégonflé. Pour le côtes-du-rhône rouge, ils sont passés de 1,4 Mhl au 31 juillet 2005, à 1,3 Mhl, à la même période en 2006.
« Nous sommes revenus à une situation plus saine, même si les replis de Côtes du Rhône Villages et de crus en Côtes du Rhône n'ont pas permis une diminution importante » , fait-on valoir au Syndicat général des vignerons des Côtes du Rhône. Parallèlement, le plan de maîtrise de l'offre a permis une consolidation du cours du vrac. En 2004-2005, le cours moyen du millésime s'était établi à 89 euros/hl avec, au plus fort de la crise, des transactions enregistrées à 72 euros/hl. En 2005-2006, le cours moyen s'est ressaisi à 91 euros/hl.
En aval, le maintien d'un marché dynamique a aussi contribué à ces résultats. Les ventes en volume de côtes-du-rhône en grande distribution ont progressé de 1,7 % en cumul annuel mobile à fin octobre 2006. Même tendance à l'export où les ventes de l'appellation en valeur ont augmenté de 12 % entre janvier et septembre 2006. Seul bémol, cette reprise a surtout profité aux vins d'entrée de gamme. La part en volume des côtes-du-rhône commercialisée à moins de 2 euros est ainsi passée de 37 % en 2004, à 46 % à fin octobre 2006. Reste que ces prix attractifs ont dopé les ventes.
L'an dernier, Inter-Rhône a investi 2,5 Meuros dans une campagne radio diffusée en France et à l'étranger. L'interprofession a aussi proposé des opérations promotionnelles aux distributeurs. En Belgique, elle a adressé un mailing aux 200 000 meilleurs clients de vins de l'enseigne de soft discount Colruyt. Durant deux semaines, ils pouvaient bénéficier d'une réduction de 10 % sur six références de côtes-du-rhône présents en magasin.
De leur côté, les entreprises rhodaniennes ont affûté leur stratégie. Les caves coopératives Terres d'Avignon, dans les Côtes du Rhône, et de Mazan, dans les Côtes du Ventoux, ont mis en commun toute leur force de vente. D'autres ont fusionné. C'est le cas des coopératives de Connaux et de Saint-Victor-la-Coste, ainsi que de celles de Bagnols-sur-Cèze, des Quatre Chemins et de Tresques dans le Gard. Désormais, les caves coopératives analysent les marchés « pour fournir aux acheteurs des arguments économiques et commerciaux sur la pertinence de leur gamme de vin », signale également Brice Eymard, responsable du service des études à Inter-Rhône.
Si l'équilibre macro-économique de la région s'est amélioré, il reste encore des zones sombres. « La situation individuelle des exploitations demeure compliquée , reconnaît Christian Paly, président du Syndicat général des vignerons des Côtes du Rhône. Les cours moyens actuels ne leur permettent pas de couvrir leurs coûts de revient. Leur trésorerie s'en ressent, ce qui hypothèque leur capacité à investir à tous les niveaux. »
Il faut dire que les coopératives règlent actuellement à leurs adhérents la récolte 2004, qui se trouvait en plein dans l'oeil du cyclone.
La prudence reste donc de mise. Les administrateurs du syndicat général ont d'ailleurs voté la mise en oeuvre de nouvelles mesures économiques. Ils ont proposé le déblocage de la réserve de 200 000 hl à partir du 1 er janvier 2007, à condition de mettre en réserve un volume équivalent de millésime 2006. Ce second blocage serait à nouveau financé par les banques, à hauteur de 85 euros/hl. Pour être adopté, il devra être accepté par les négociants.
Les responsables syndicaux planchent aussi sur un plan de regroupement de l'offre. Ils envisagent la création d'une société auprès de laquelle les caves particulières et coopératives volontaires s'engageraient à commercialiser l'intégralité de leurs volumes en vrac. Si ces derniers atteignaient des niveaux significatifs, la structure deviendrait incontournable pour les acheteurs. Encore une fois, la région a décidé de prendre le taureau par les cornes.