« Il faut saisir toutes les opportunités »

Objectif Donner une image au vin et développer la vente sur place
« Je n'avais pas beaucoup d'argent, mais des idées », annonce Evelyne de Pontbriand. Cette enseignante se retrouve bombardée, il y a cinq ans, à la tête du Domaine du Closel, propriété familiale de 16,5 ha, (70 000 bouteilles), en appellation Savennières, dans le Val de Loire.
« Je ne baignais pas dans le secteur. Il fallait agir avec les moyens du bord, pour donner une image au vin et développer la vente directe. » Alors Evelyne de Pontbriand se lance dans l'oenotourisme et saisit toutes les opportunités. Elle s'intégre, par exemple, dans le réseau Made in Angers initié par la mairie, ou dans Visitez nos entreprises en Pays de Loire, lancé par le Comité régional du tourisme, qui considère l'entreprise comme un produit touristique. A ce titre, elle bénéficie de formations gratuites tous les trimestres. où Elle apprend à rédiger des documents de promotion.

En mai, Evelyne participe à la Journée du goût et du patrimoine, organisée par le Syndicat d'initiative de Savennières. Après une randonnée d'une bonne dizaine de kilomètres, les promeneurs savourent un repas champêtre. Depuis deux ans, la halte-déjeuner se fait au Domaine du Closel. « J'ai pris un traiteur et je vends les repas. » 2 000 visiteurs passent ce jour-là au domaine. L'occasion d'acheter son vin. En juin, c'est le mois des jardins qui donne lieu à de multiples manifestations dans les parcs et les jardins partout en France. Evelyne organise un jeu-concours autour des parfums de fleurs et des arômes de vins. Les gagnants repartent chacun avec une bouteille. L'année dernière, 1 500 visiteurs sont venus. Ils ont pu découvrir le parc de 5 ha, planté d'arbres âgées de 200 ans et balisé par un « circuit d'interprétation du paysage », qui déborde du parc pour arpenter les coteaux et les vignes, puis une Boire, un bras de la Loire. La balade dure entre une demi-heure et une heure et demie. Ensuite, retour à la propriété pour une dégustation des vins. « Au final, le visiteur s'est imprégné de l'environnement. Cela donne une image au vin », dit-elle.
En septembre : journées du patrimoine. Là encore, Evelyne se creuse la tête pour participer au mouvement : elle expose de vieux outils de la vigne. En novembre, elle célèbre la Saint-Martin et en janvier, la Saint-Vincent. C'est l'occasion de faire une balade dans les vignes, le soir, avec des lanternes et d'expliquer l'endormissement de la nature. Et de finir par une dégustation.
Pédagogue, elle n'oublie pas les enfants et leur fait goûter du jus de raisin, tout en leur proposant la reconnaissance des saveurs. Sur une petite table, le cacao et le jus de pamplemousse voisinent avec le sel et le jus de citron. Histoire de faire découvrir le goût du sucré-salé, de l'amer et de l'acide et d'éduquer les futurs consommateurs.
Bilan 10 000 visiteurs par an. Progression de la vente directe de 5 à 20 % en cinq ans
« Il faut faire partager l'amour de son métier, tout en restant très professionnel et soi-même. Il faut être malin et déployer beaucoup d'énergie. On ne peut pas se permettre d'être malade, sinon, c'est la catastrophe » , martèle Evelyne de Pontbriand. A la fin de l'été, elle est carrément sur « les rotules ». Peu importe, ses efforts ne sont pas réalisés en vain. « L'oenotourisme, c'est un peu comme si on se dotait d'un budget de communication gratuit », indique-t-elle. Depuis qu'elle s'y est mise, la vente directe est passée de 5 à 20 % du total des ventes.
Certaines idées rapportent plus que d'autres. Ainsi, les journées de vendange font un tabac et rapportent 5 000 euros. Les séminaires (une quarantaine par an), lancés en 2005, prennent bien. Le parc du domaine vient d'être sélectionné par le ministère de la Culture pour faire partie des 23 jardins remarquables en Pays de Loire. De quoi encrer davantage son vin dans l'environnement.