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Bien choisir son conteneur clé en main
Pas moins de quatre codes réglementent la création d'un local de stockage des produits phytosanitaires : le code rural et ceux de la santé publique, du travail et de l'environnement. « Première règle à respecter : assurer la sécurité des personnes et des utilisateurs », explique Yann Montmartin, conseiller à la chambre d'agriculture de Gironde.
Ce lieu doit être dédié uniquement au stockage des produits phytos et éloigné des habitations et des denrées humaines et animales. Il faut qu'il soit identifiable et qu'il porte une inscription prévenant du danger. La porte doit s'ouvrir vers l'extérieur et fermer à clé. Il est obligatoire que le local soit aéré et hors gel. Les consignes de sécurité - numéros d'appels d'urgences, interdiction de fumer, boire et manger - doivent y être affichées et les produits toxiques rangés à part. À l'extérieur du local mais à proximité immédiate, il faut un point d'eau accessible en cas de renversement de produit sur le corps. Les EPI et l'armoire de premiers secours sont à installer hors du local.
« Pour éviter tout risque de fuite de produits, le sol doit être étanche avec un dispositif de rétention des liquides : bacs de récupération ou pente avec cavité de réception », précise Yann Montmartin. Prévoyez de la matière absorbante, comme de la litière pour chat ou de la sciure. Afin de prévenir le risque d'incendie, installez un extincteur hors du local, veillez au bon état du système d'éclairage (avec un interrupteur à l'extérieur) et séparez les produits comburants des inflammables. N'utilisez pas d'étagères en bois. « Outre le fait qu'elles peuvent prendre feu, elles ne sont pas lavables. Si elles s'imprègnent de produits, elles constituent des déchets dangereux », note le conseiller.
« Au niveau du rangement, classez les produits par famille : herbicides, fongicides et insecticides. Le temps que vous passerez à cette tâche vous permettra d'en gagner au moment des traitements », ajoute-t-il. Pensez à placer les poudres au-dessus des liquides au cas où ces derniers fuiraient. Les produits doivent être conservés dans leur emballage d'origine et isolés du sol. Prévoyez aussi un endroit pour stocker les produits phytosanitaires non utilisables (PPNU) et les emballages vides.
Le Point de vue de
DIDIER BONGARD, ADHÉRENT À LA COOPÉRATIVE VITICOLE COSTEBELLE, À TULETTE (DRÔME), 40 HA DE VIGNES
« Construire soi-même son local n'est pas compliqué »
PHOTOS M. GASARIAN
- « J'ai construit moi-même mon local de stockage des produits phytos en 1997, au moment de mon installation. J'ai fait ce choix pour des raisons économiques et parce que je bricole beaucoup. À l'époque, cela m'a coûté 1 000 euros.
J'ai édifié mon local à l'intérieur d'un grand bâtiment que j'utilisais pour le stockage du matériel. Avec mon salarié à mi-temps, mon père et mon fils, qui travaillent avec moi, nous avons élevé quatre murs en parpaings et un plafond maçonné. Je n'ai pas quantifié le temps que cela nous a pris, mais ce n'était pas inhumain ! Nous avons tout réalisé entre les vendanges et la taille.
Le local mesure 25 m2. J'ai installé une porte en fer coulissante fermant avec un cadenas. Au sol, j'ai coulé une dalle en béton, avec une légère pente pour la récupération des produits en cas de fuite. J'ai aussi installé une alimentation électrique pour l'éclairage.
Il y a un extincteur à l'extérieur et j'ai toujours un seau contenant du sable à l'intérieur. L'aération est assurée par deux bouches situées à mi-hauteur des murs et en bas de la porte. Mes produits sont rangés sur des étagères munies de caillebotis en aluminium et sur des palettes au sol. J'ai également fixé dans le local de grands sacs de 100 litres pour mettre les emballages vides. Sur la porte d'entrée, j'ai affiché la signalétique réglementaire de sécurité pour bien identifier le local et en protéger l'accès. À proximité, nous avons aménagé un point d'eau alimenté par un forage assez conséquent et nous avons installé un vestiaire pour les EPI dans une armoire métallique.
Nous nous sommes débrouillés sans conseils au départ. J'avais donc installé des étagères en bois, ce qu'il ne faut pas faire, car elles s'imprègnent de produit en cas de fuite. C'est Isabelle Méjean, de la chambre d'agriculture de la Drôme, qui m'a alerté sur ce point.
Notre exploitation compte 40 ha. Je stocke peu de produits phytos. Je raisonne mes traitements et m'approvisionne au fur et à mesure de mes besoins. Il est important d'avoir un local spécial pour stocker ses produits phytos et de bien séparer, sur des étagères distinctes, les désherbants d'un côté, les fongicides de l'autre... Il faut laisser les produits dans leur emballage d'origine pour bien pouvoir les identifier. L'erreur est humaine, mais on doit tout faire pour l'éviter. »
Le Point de vue de
DOMINIQUE VIGNAUD, CHÂTEAU PÉROGENDRE, À SAINT-TROJAN (GIRONDE), 13 HA DE VIGNES
« Mon installation m'a coûté environ 1 000 euros »
PHOTOS L. WANGERMEZ
- « J'ai aménagé mon local il y a quelques années. À l'époque, je m'étais renseigné sur le prix des conteneurs vendus dans le commerce. Il fallait compter 5 000 à 7 000 euros pour un local correspondant à mes besoins. Je l'ai donc construit moi-même, en optimisant les coûts. J'ai été aidé par Yann Montmartin, de la chambre d'agriculture de Gironde. Il est d'excellent conseil.
Je possède un grand hangar. Dans l'un des angles de ce bâtiment, j'ai érigé deux murs en parpaings et installé une porte fermant à clé. J'ai coulé une dalle en ciment sur le sol avec une légère pente qui aboutit dans un angle où j'ai aménagé un dispositif de rétention. Mon local mesure 15 m2 et 2,50 m de haut. Je n'ai pas eu besoin de construire une toiture puisqu'il est installé dans mon hangar, dont le plafond est isolé.
Cet aménagement m'a coûté environ 1 000 euros de fournitures. Mais je n'ai pas compté mon temps. Je l'ai réalisé durant l'hiver. À l'intérieur, j'ai installé des étagères métalliques d'occasion en très bon état qui venaient de la grande distribution. J'ai aussi équipé mon local d'un éclairage avec un tube fluorescent, d'une bouche d'aération et d'un extincteur à l'extérieur. À l'abri dans mon hangar, il est hors gel, conformément à la réglementation. Il respecte aussi les critères de la certification Agri Confiance, à laquelle adhère la cave des Vignerons de Tutiac, dont je suis membre.
J'emploie des salariés pendant les six premiers mois de l'année. J'ai donc installé un vestiaire pour les équipements de protection individuelle sous le hangar. J'ai également dédié un espace pour le stockage des produits phytosanitaires non utilisables. À côté du local se trouve ma plateforme de remplissage et de lavage du pulvé, que j'ai fait aménager par un professionnel.
J'ai 13 ha de vignes et je n'ai donc pas besoin d'un volume énorme de produits phytos. Je fais une commande par an que je stocke dans le local. Je travaille en viticulture conventionnelle mais je raisonne mes traitements. Utiliser un local propre où les produits sont rangés par catégories est bien plus agréable que d'avoir à chercher tel ou tel traitement parmi des phytos en vrac sur une palette ! Tous les vignerons sont capables d'aménager eux-mêmes leur local phyto : en quarante heures, c'est jouable, et pour un coût limité. »
Le Point de vue de
FLORENCE VEILEX, DOMAINE DE LA CHAPINIÈRE, CHÂTEAUVIEUX (LOIR-ET-CHER), 20 HA DE VIGNES
« J'ai comparé tous les modèles que j'avais vus au Sival »
© I. PROUST
- « Mon hangar était trop petit pour aménager un local de stockage à l'intérieur. Je me suis donc tournée vers les conteneurs clés en main. Pour faire mon choix, j'ai établi une grille avec tous les critères et équipements obligatoires et je me suis rendue au Sival, à Angers (Maine-et-Loire). Un local phyto prêt à être utilisé est coûteux, on doit prendre le temps de bien le choisir.
J'ai comparé tous les modèles vus au salon et, avec mon chef de culture, nous avons choisi une armoire Beiser. J'avais discuté avec les commerciaux au Sival et j'ai bénéficié d'un prix salon : environ 4 000 euros.
Les portes de ce modèle se verrouillent avec un cadenas, c'est très important, vu que l'armoire est installée en extérieur. L'armoire porte en évidence une signalétique et des autocollants l'identifiant clairement comme un lieu de stockage de produits phytos.
À l'intérieur, elle est équipée d'un bac de rétention principal et d'un caillebotis. Elle est placée sur l'aire de remplissage et de lavage du pulvérisateur. Il faut penser pratique pour minimiser les déplacements. »
