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GUIDE PHYTOS - MALADIES

Black-rot Restez sur vos gardes jusqu'à la véraison

La vigne - n°201402 - février 2014 - page 42

Des attaques tardives peuvent provoquer des pertes de récolte non négligeables. La vigilance s'impose jusqu'à la véraison.
SYMPTÔME SUR FEUILLE. Le black-rot forme des petites taches circulaires d'abord grises puis brun clair. Elles sont bordées par un liseré brun foncé. Dessus apparaissent des petites pustules noires : les pycnides.  © C. WATIER

SYMPTÔME SUR FEUILLE. Le black-rot forme des petites taches circulaires d'abord grises puis brun clair. Elles sont bordées par un liseré brun foncé. Dessus apparaissent des petites pustules noires : les pycnides. © C. WATIER

1. Ne négligez pas la prophylaxie

Le black-rot est dû au champignon Guignardia bidwellii. Celui-ci hiverne sous forme de périthèces, des ponctuations noires présentes sur les baies attaquées l'année précédente. Ces baies momifiées sont à éliminer, de même que les sarments touchés par la maladie. « Ces mesures sont efficaces en prévention, car ces organes atteints sont porteurs de l'inoculum », indique Jean-Baptiste Drouillard. « Cela apporte un petit plus », estime Pierre Petitot, qui précise que « les sarments ne doivent pas être broyés mais brûlés ». Pour Magalie Helit, « il est préférable de procéder à ces actions de prophylaxie, même si cela n'apporte pas à la vigne la garantie d'être préservée de la maladie ». Les vignes en friche à proximité doivent aussi être détruites.

2. Basez-vous sur l'historique des parcelles

Démarrez tôt la protection sur les parcelles sensibles à la maladie. « La vigne peut être contaminée dès l'éclatement du bourgeon si les périthèces sont arrivés à maturité, si des pluies surviennent, leur permettant de libérer des spores, et si la température est supérieure à 9°C, explique Pierre Petitot. En cas d'attaques sur grappes supérieures à 5 % l'année précédente, un traitement spécifique doit être réalisé avec un antimildiou de contact homologué sur black-rot (métirame-zinc, folpel ou mancozèbe). » Magalie Helit conseille « un IDM (ex-IBS) dès les premières feuilles étalées, car ce type de produit apporte la meilleure efficacité ». Jean-Baptiste Drouillard recommande aussi une protection dès les premières feuilles sur les parcelles sensibles, « y compris s'il n'y a pas de risque mildiou », avec du mancozèbe.

Hors parcelles vulnérables, « la lutte anti-oïdium et antimildiou avec des produits homologués aussi contre le black-rot peut suffire à gérer le risque », note Magalie Helit. Soyez cependant vigilant de la préfloraison à la fermeture de la grappe. « Lors de cette période, on peut utiliser un IDM (ex-IBS) ou un QoI, moins sensibles au lessivage qu'un produit de contact », suggère Pierre Petitot. « Parmi les IDM, le difénoconazole est l'un des plus efficaces contre le black-rot. Mais certains ne sont pas actifs sur cette maladie », prévient Jean-Baptiste Drouillard.

3. Prévenez les attaques tardives

« Pour les parcelles peu sensibles, la protection peut s'arrêter au début de la fermeture de la grappe. Pour les zones à risques, il faut attendre la fin de ce stade », signale Jean-Baptiste Drouillard. « Mais la maladie peut attaquer après la fermeture de la grappe, souligne Pierre Petitot. En 2010, des attaques en fin de saison en Côte-d'Or ont entraîné jusqu'à 30 % de pertes de récolte. Le black-rot sur grappes se paie cash. Sur les parcelles précédemment touchées, on doit rester vigilant jusqu'à la véraison. Et même sur des secteurs non sensibles, des attaques tardives sont possibles. »

Magalie Helit préconise également de continuer la protection jusqu'en juillet. « En 2013, j'ai constaté sur une zone très sensible une attaque surprise de black-rot sur grappes, alors que la véraison était enclenchée. » La technicienne conseille d'utiliser du mancozèbe à la véraison si le nombre maximal d'applications d'IDM ou de QoI est atteint. « Après la fermeture, on peut revenir à une molécule de contact », affirme Pierre Petitot. À ce stade, veillez à bien diriger la pulvérisation vers les grappes.

ET EN BIO ? L'efficacité du mélange cuivre-soufre se confirme

Aucun produit à base de cuivre et de soufre n'est homologué sur le black-rot. Mais l'association des deux matières actives montre de bons résultats. En 2010, le Sedarb (Service d'écodéveloppement agrobiologique et rural de Bourgogne) avait mis en évidence l'intérêt du mélange cuivre (au moins 400 g/ha) et soufre contre une forte pression de black-rot. En 2011 et 2012, cette efficacité a été confirmée dans des essais de la chambre d'agriculture du Rhône avec de la bouillie bordelaise à 3 kg/ha et du soufre à 8 kg/ha. Le Sedarb a préconisé en 2013 d'associer 400 g de cuivre métal à 8 kg de soufre. En Dordogne, Agrobio Périgord conseille 350 à 450 g/ha de cuivre métal en période sensible avec des doses de soufre variant de 2 à 10 kg au cours de la saison. Certains conseillers viticoles recommandent d'appliquer, en association avec les traitements cuivre-soufre, un engrais foliaire à base d'oligo-éléments (zinc, manganèse...) dès les premières feuilles étalées. Cela diminuerait la sensibilité de la vigne au black-rot. En Dordogne, des vignerons bios complètent leurs traitements fongicides avec des décoctions de prêle ou du purin d'ortie.

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