Retour

imprimer l'article Imprimer

VIGNE

Le black-rot met la pression

C. Stef - La vigne - n°229 - mars 2011 - page 46

Plusieurs vignobles ont essuyé de fortes attaques en 2010. Cette année, les viticulteurs qui ont eu affaire au black-rot doivent se montrer vigilants.
ATTAQUES SUR GRAPPES. Les baies prennent d'abord une couleur brun rouge livide, puis rapidement elles virent au noir avec des reflets bleuâtres. Elles sont ponctuées de pustules noires. Les baies se rident, puis se momifient en l'espace de trois à quatre jours. Ces attaques sont très préjudiciables. © SEDARB

ATTAQUES SUR GRAPPES. Les baies prennent d'abord une couleur brun rouge livide, puis rapidement elles virent au noir avec des reflets bleuâtres. Elles sont ponctuées de pustules noires. Les baies se rident, puis se momifient en l'espace de trois à quatre jours. Ces attaques sont très préjudiciables. © SEDARB

«Ceux qui ont eu du black-rot en 2010 sont sûrs d'en avoir cette année », prévient Michel Badier, de la chambre d'agriculture du Loir-et-Cher. Nombreux sont les viticulteurs dans ce cas. « Jusqu'à présent, le black-rot était considéré comme une maladie secondaire en Bourgogne. Mais en 2010, nous avons eu affaire à de fortes attaques », constate Agnès Boisson, du Sedarb (Service d'écodéveloppement agricole et rural de Bourgogne). La maladie, qui est due au champignon Guignardia bidwellii, a également sévi dans le Beaujolais, en Savoie, dans le Loir-et-Cher… Pour la campagne 2011, les viticulteurs devront donc se montrer vigilants.

Quelle stratégie adopter ? D'abord, il faut démarrer les traitements à temps. Le blackrot peut frapper avant le mildiou. C'est l'une des raisons pour laquelle la Bourgogne a accusé de sévères attaques dans certains secteurs l'an dernier. La maladie s'est fortement exprimée en Saône-et-Loire, à Givry, Mercurey, Rully et Les Maranges. Elle a aussi frappé en Côte-d'Or, dans le secteur de Santenay, ainsi que dans l'Yonne, mais dans une moindre mesure.

Jusqu'à 30 à 40 % de pertes de récolte

« Nous avons vu des symptômes, car les viticulteurs ont démarré tardivement les traitements antimildious et n'ont pas effectué de traitements spécifiques contre le blackrot. Certains viticulteurs ont eu des pertes de récolte de l'ordre de 30 à 40 % », indique Pierre Petitot, de la chambre d'agriculture de Côte-d'Or. Cette année, ceux qui ont eu des attaques sur grappes supérieures à 5 % en intensité (5 % de baies touchées par grappes) seront peut-être amenés à réaliser un premier traitement spécifique avec une base mancozèbe ou métirame-Zn si le black-rot frappe avant le mildiou. »

Ensuite, les viticulteurs devront utiliser des fongicides efficaces sur le black-rot : les antimildious à base de mancozèbe ou de métirame-Zn, des IBS ou des QoI. « Il est préférable de réserver les IBS entre les stades nouaison et fermeture de la grappe, quand le black-rot peut engendrer d'importants dégâts sur grappes », conseille Michel Badier.

De son côté, Maxime Dancoine, de la chambre d'agriculture de Savoie, recommande de faire attention aux délais de renouvellement des produits. « Souvent, les viticulteurs utilisent des antimildious associant un produit systémique au mancozèbe. Or, seul le mancozèbe est efficace sur le black-rot. Lorsqu'il pleut, cette matière active est rapidement lessivée et n'a donc plus d'effet sur le black-rot. Dans ce cas, il faut renouveler le traitement, dès l'annonce d'une nouvelle pluie. »

Généralement, la lutte s'arrête à la fermeture des grappes, si la parcelle est indemne de symptômes. Dans le cas contraire, il faut poursuivre les traitements jusqu'à la mi-véraison.

Pas de tri au cep dans les parcelles atteintes

Si malgré toutes ces précautions prises, le viticulteur se retrouve avec des attaques à la récolte, « dans les vignes très atteintes, il ne faut pas effectuer de tri au cep. Il ne faut pas jeter les baies momifiées au sol. Il faut trier les grappes à l'extérieur des parcelles », conseille Caroline Le Roux, de la chambre d'agriculture du Rhône. En effet, durant l'hiver, le champignon se conserve dans les baies momifiées. Il faut donc éliminer cet inoculum.

De même, lors de la taille, il faut éliminer tous les bois atteints en les brûlant. Cette prophylaxie est d'ailleurs indispensable en bio où aucun produit n'est homologué sur le black-rot et où « le cuivre est 300 fois moins efficace sur le black-rot que sur le mildiou », rappelle Maxime Dancoine.

L'association de cuivre et de soufre, une solution en bio

En 2010, le Sedarb a testé plusieurs programmes à base de cuivre (Champ flo) contre le black-rot. Il a renouvelé les traitements tous les dix jours, les associant à du soufre mouillable à 12 kg/ha (Microthiol disperss). La parcelle a été très attaquée par le black-rot : le témoin non traité a été détruit. A partir de 400 g/ha de cuivre métal, associé à 12 kg/ha de soufre, appliqué tous les dix jours, le Sedarb a obtenu un bon niveau d'efficacité sur le blackrot. « C'est certainement l'association entre le cuivre et le soufre qui est efficace et non le cuivre seul, rapporte Agnès Boisson, du Sedarb. Cela confirme nos observations de terrain.

Mais nous avons eu aussi la chance de toujours intervenir avant les grosses contaminations. » Etienne Laveau, de la chambre d'agriculture de Gironde, confirme que les applications de cuivre et de soufre permettent de contenir la maladie dans les situations de pression normale à moyenne. Mais d'autres conseillers sont dubitatifs. « Je ne suis pas convaincu de l'effet de synergie entre le cuivre et le soufre, indique Michel Badier, de la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire. En situation de forte pression de black-rot, les viticulteurs bios ont vraiment du mal à contrôler la maladie. »

Un avis que partage Caroline Le Roux, de la chambre d'agriculture du Rhône.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :