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GUIDE PHYTOS - ADJUVANTS

Des produits pour sécuriser les traitements

La vigne - n°201402 - février 2014 - page 78

Les adjuvants améliorent les propriétés des bouillies phytosanitaires. Il faut bien raisonner leur utilisation et ne pas en attendre de miracle.

1. Faites votre choix selon le type de traitement

Un adjuvant est une préparation extemporanée mélangée à un produit phytosanitaire pour modifier les propriétés physiques, chimiques ou biologiques de la bouillie. « Le but de ces produits est d'optimiser l'efficacité des traitements phytosanitaires et de sécuriser leur application », explique Hélène Fouilliard.

Un adjuvant est homologué s'il possède une ou plusieurs des sept propriétés suivantes reconnues par les services officiels :

- amélioration de la rétention de la bouillie sur le feuillage ;

- amélioration de l'étalement de la gouttelette sur la cible (mouillabilité et adhésivité) ;

- maintien des propriétés de la bouillie (humectation et résistance aux UV) ;

- réduction du lessivage ;

- amélioration de la pénétration ;

- amélioration de la qualité de la bouillie (antimoussant) ;

- amélioration de la qualité de pulvérisation (limitation de la dérive).

L'homologation de ces produits s'opère également pour un ou plusieurs types de traitement (herbicide, fongicide, insecticide ou régulateur).

« Le choix d'un adjuvant s'effectue en fonction du type de traitement souhaité et des problèmes rencontrés lors de la pulvérisation », indique Hélène Fouilliard. « Pour l'application d'un produit de contact fongicide, il est préférable de choisir un adjuvant améliorant l'étalement et qui va avoir une action adhésive pour limiter le lessivage, comme Sticman, déclare Marc L'Hermitte. Si vous utilisez un systémique, orientez-vous vers un produit améliorant l'étalement (pour multiplier les points d'entrée sur la végétation) et la pénétration. Pour un herbicide, il faut privilégier un adjuvant favorisant la qualité de la pulvérisation et limitant la dérive pour cibler uniquement les adventices et préserver la vigne. » Pour accompagner un traitement insecticide, optez pour un produit rétenteur.

2. N'oubliez pas les bonnes pratiques

« Un adjuvant peut être intéressant dans le cadre d'une utilisation raisonnée avec certains types de produits, estime Sébastien Debuisson. Mais la première voie de progrès en matière de traitement phytosanitaire réside dans le bon réglage du pulvérisateur. »

Pour Marc L'Hermitte, un adjuvant bien choisi peut toutefois pallier une pulvérisation qui n'est pas totalement satisfaisante : « Si vous utilisez des buses inadaptées, occasionnant peu d'impacts de bouillie sur le feuillage, un adjuvant mouillant et rétenteur permet d'augmenter la quantité de produit appliquée avec un gain d'efficacité à la clé. »

Utiliser un adjuvant ne vous dispense pas de respecter les bonnes pratiques de traitement. « Il faut rechercher les conditions optimales de pulvérisation en terme d'hygrométrie, de température et de vent. Un adjuvant n'est pas un produit miracle », souligne le chef de marché d'Agridyne. Ainsi, même si vous employez ce type de produit, il faut éviter de traiter par temps trop chaud ou trop sec.

Néanmoins, ils peuvent être une aide dans certaines situations. « En cas d'hygrométrie basse, certains adjuvants contenant du sulfate d'ammonium permettent d'augmenter l'humectation », poursuit Marc L'Hermitte. « On obtient ainsi une limitation de l'évaporation du produit », ajoute Sébastien Debuisson.

3. N'en faites pas un alibi pour sous-doser les phytos

« Les adjuvants n'ont pas pour but de diminuer les doses de produit phytosanitaire, mais d'apporter un plus au traitement », note Hélène Fouilliard. « Ils sont conçus pour sécuriser l'application, pas pour compenser un sous-dosage. Nous ne vendons pas du rêve ! » renchérit Marc L'Hermitte. « Dans des essais, nous avons montré que des adjuvants associés à des antibotrytis et à des antimildious sous-dosés n'apportaient pas de gain significatif d'efficacité », relate Sébastien Debuisson.

Toutefois, ils peuvent présenter un intérêt avec certains produits à dose réduite. « Utilisés avec du cuivre ou du soufre en sous-dosage, ils permettent de limiter les dégâts, signale l'ingénieur technique du CIVC. Il est aussi possible d'employer un adjuvant avec du glyphosate sous-dosé et bas de gamme afin de conserver une bonne efficacité. » À ce sujet, Marc L'Hermitte précise : « Si vous pulvérisez avec un volume d'eau réduit, un adjuvant mouillant permet de diminuer la dose de glyphosate générique. Mais il s'agit d'un cas très particulier qui n'est pas à généraliser. »

Des produits de plus en plus utilisés

« Nous avons mené une étude en 2012 qui montre que l'utilisation des adjuvants est en progression en viticulture pour les traitements herbicides et fongicides, en particulier avec des molécules de contact », indique Marc L'Hermitte, d'Agridyne. « En Champagne, certains viticulteurs emploient ces produits avec des fongicides et des herbicides dans le but de réduire les doses », confirme Sébastien Debuisson, ingénieur au CIVC.

Concernant l'actualité du marché des adjuvants, Agridyne a obtenu en 2013 la certification en agriculture biologique pour son produit Sticman (latex synthétique). La firme travaille à la mise au point d'adjuvants spécifiques pour les produits à base d'IDM (ex-IBS). De son côté, Vivagro a décroché une autorisation d'usage pour les bouillies fongicides en 2012 pour ses adjuvants Fieldor et Cantor. Ces derniers sont à base de triglycérides éthoxylés et sont utilisables en viticulture biologique.

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